Depuis quelques mois maintenant, les cachots c’était son quotidien. Certes, au début, elle avait été surprise de voir qu’on autorisait à des élèves à passer par ici. Son château dans le Derbyshire possédait aussi des cachots mais ses parents avaient bouché l’entrée dès leur installation. Probablement pour l’empêcher d’y aller, curieuse qu’elle était quand elle était enfant. Ici, par contre, on y laissait vagabonder les élèves. Même, on y faisait dormir des élèves. La salle commune de sa maison se trouvait près d’ici. Pour sortir et entrer, le passage dans les cachots était obligé. Deborah pouvait passer dans ces couloirs sombres sans ressentir de peur ou de surprise, l’habitude. D’ailleurs, elle aimait cette obscurité, elle pouvait s’y fondre facilement.

Rentrant dans sa salle commune comme chaque soir, Deborah marchait, l’esprit un peu ailleurs. Les cachots étaient souvent vides d’autres élèves que Serpentard et la jeune fille se souciait donc pas de son attitude détachée, moins aristocrate que d’habitude. Sa nourrice n’aurait pas apprécié, c’était certain mais cette vieille bique n’était pas là pour lui dire quoi faire. Aussitôt cette pensée l’effleura qu’elle se sentit coupable de la penser.

Dans ses pensées, son regard passa d’une toile d’araignée à l’autre, ses pas la dirigeant automatiquement. Elles étaient jolies ces toiles d’araignée d’ailleurs… Deborah avait l’habitude d’en voir dans son manoir et elle adorait observer les petites araignées se tortillaient dessus. Ce qui terrifiait sa mère qui avait la phobie des bestioles à trop de pattes et qui les tuait à chaque fois.

BAM !

Merde ! La douleur paralysa pendant quelques secondes la petite première année quand son fessier fit violemment la rencontre du sol. Elle venait de se prendre magiquement le mur, le nez en l’air comme une idiote.

Mais quelle idiote !

Elle s'exclama soudainement dans sa colère, sa douleur et sa surprise.

Aussitôt qu’elle entendit des pas, Deborah se força à remettre son masque d’aristocrate sur son visage. Ne pas montrer ses émotions, c’était une règle d’or. Malgré ça, la douleur sur son postérieur subsistait. La panique de voir qu’une personne avait pu voir sa chute et que cette même personne se dirigeait vers elle commençait à pondre en elle. Cette personne venait-elle pour se moquer ?

Soudain, une main apparut devant elle, la faisant sursauter.

Tu t'es fait mal ? Je peux t'aider ?

Deborah se pinça les lèvres. Malgré la proposition, elle restait méfiante envers les intentions de la personne. Retournant doucement sa tête, elle croisa le regard d’une élève de Poufsouffle qu’elle avait déjà croisé dans la bibliothèque.

Prendre sa main et donc établir un contact physique avec la personne ? Cette pensée donna des frissons à la jeune fille qui secoua doucement la tête et se releva elle-même. Mais Deborah sut que son refus était un certain manque de respect et elle ne voulait aucun problème dans ce château, aussi elle inclina un peu la tête en avant.

Je te remercie.

Elle fit avec une faible voix, le ton très bas pour éviter que la Poufsouffle se vexe.

Quelque mois qu’elle était dans ce château et elle avait toujours du mal à agir normalement avec des personnes qu’elle ne connaissait pas. Comme quoi, les habitudes se perdaient difficilement.

Un frisson traversa la colonne vertébrale de la Cavendish quand sa directrice de maison posa son regard sur elle. Elle ne l’avait jamais vu d’aussi près, probablement parce qu’elle restait rarement dans la salle commune. Mais l’aura de Camille Dubois, sa présence, son regard, ne pouvait être clairement pas être ignorer.

Deborah avait vaguement entendu parler de la réputation de la directrice de Serpentard, de ses antécédents, elle ne savait plus trop mais à vrai dire, elle n’avait pratiquement rien compris. Quelque chose à propos de la magie noire, mais tout ce qui rapportait à la magie était encore trop vague pour elle qui avait grandi dans le monde qu'elle considérait "normal". Mais même sans ces connaissances, elle pouvait deviner que Camille Dubois était puissante et assez dangereuse.

L’attitude, la posture, de sa directrice lui rappelaient beaucoup les femmes qui venaient prendre le thé avec sa mère de temps en temps. Des femmes de haute famille, le regard froid, une langue de vipère. Des femmes qui inspiraient le respect de Deborah. Et la fascination. Elle voulait ce masque, cette attitude de bonne famille. Cette puissance qui se dégageait de sa directrice, elle la voulait.

Tentant de revenir dans le moment présent, Deborah put entendre le grand discours de la Poufsouffle. Une vraie langue de vipère mais totalement exclue de Serpentard, un Serpentard est rusé et sait que répondre de cette façon à la directrice de cette maison est bien peu intelligent. La Cavendish renifla du manque de respect de la jaune mais cette dernière partit soudainement, avec une insolence qui l’horripila. Cette fille était à présent dans sa liste noire, pour son irrespect envers des personnes de bonne famille.

La première année se rendit alors compte qu’elle se retrouvait seule dans le couloir avec sa directrice de maison et un autre frisson lui descendit dans la colonne. Dû à la panique d’être seule avec une personne, qui plus est sa directrice de maison. Mais la supposition que sa supérieure était de haute famille, et donc comme elle, tranquillisa très légèrement le cœur de la petite.

Elle releva un peu son regard, tentant de prendre la posture de bonne famille qu’on lui avait enseigné depuis sa naissance, le menton un peu plus levé. Néanmoins, Deborah ne croisa pas le regard de sa directrice, elle regardait un peu plus bas dans un signe de respect. Du moins, elle espérait que sa directrice le pense comme ça.

La Cavendish toussa légèrement, annonçant qu’elle allait parler. Une habitude qu’elle n’arrivait pas à perdre malgré l'incompréhension de ses interlocuteurs.

Je vous remercie de votre intervention, Madame. Vous vous dirigez vers la salle commune ?

Elle supposait en tous cas. Deborah espéra qu’elle ne faisait pas d’erreur sinon elle allait réellement passer pour une idiote, elle abhorrait passer pour une idiote. Mais d’après son plan mental, la salle commune était la seule pièce vivable dans cette direction. Et la verte passait beaucoup de temps dans les couloirs, elle était sûre de ce point.