Mhulane prit la bourse des mains de Julien pour la regarder de plus près. Elle était tout à fait ordinaire sans aucun signe distinctif puis elle leva les yeux pour regarder autour d'elle, à cette heure-ci, ils étaient seuls dans le parc donc pas de trace d'un éventuel propriétaire.

On dirait des graines, non ? Tu crois que quelqu'un a perdu cette petite bourse ? Ou alors peut-être que la personne voulait que quelqu'un la trouve ? Oh pire ! Peut-être qu'elles sont pour nous. Non non, c'est ridicule.

Elle réfléchissait à voix haute pour comprendre comment cette bourse s'était retrouvée là et visiblement son imagination était, comme toujours, débordante.

Mhulane l'avait rejoint et lui avait pris la bourse de cuir des mains. Elle avait l'air aussi intriguée que Julien. Son introspection n'en était plus vraiment une, elle réfléchissait à voix haute et c'est ce qui permit au jeune sorcier de réaliser qu'ils se posaient tous les deux les mêmes questions.

- Oui tu as raison Mhulane ! On dirait des graines ! Mais ce genre de graines, je n'en ai jamais vu auparavant... et pourtant je suis toujours premier en botanique.

La capitaine de Quidditch avait émis l'hypothèse que ces graines étaient pour eux. De prime abord, cette réaction avait paru un peu surréalistes à Julien qui était fondamentalement cartésien. Pour lui rien ne valait plus que des preuves pour qu'une affirmation soit claire et irréfutable. Mais le doute commençait à s'insinuer dans son esprit. La phrase de son aînée raisonnait curieusement dans sa tête et il commençait à se poser des questions.

- Comment ces graines pourraient nous être adressées ? L'idée la plus logique serait quand même que quelqu'un l'aie perdue ! De toute façon qui savait qu'on se dirigerait ce matin vers le terrain de Quidditch ? Je n'en ai parlé à personne et la seule fois qu'on l'a évoqué c'était en salle commune.

Les yeux de Julien s'écarquillèrent soudain.

- La salle commune, mais c'est bien sûr ! Comment n'ai-je pas pu y penser plus tôt ! On avait parlé de cet entraînement il y a euh.. deux jours nan ? Et tu te souviens combien la salle commune était pleine ce jour là ? Tu ne crois pas que quelqu'un aurait déposé ces graines ici spécialement pour nous en sachant qu'on allait être les premiers à passer ce matin ?

L'hypothèse de la préfète paraissait de plus en plus crédible ! Julien ne pouvait le nier. Mais il tournait et retournait les questions dans sa tête : Qui pouvait bien avoir laissé ces graines ici ? Que devaient-ils en faire ?

Honte sur moi, je n'avais pas vu que tu avais répondu ! Je m'attèle de ce pas à la réponse.

Mhulane avait pris l'habitude de penser à voix haute. Ses réflexions devaient sans doute l'aider et Julien, encore bloqué sur la réflexion initiale de la jeune fille, sorti de son alanguissement assez brutalement quand cette dernière avait évoqué l'idée que les graines fussent comestibles. Etonné par la proposition, le jeune sorcier avait réagit assez vivement.

Mhulane ! Comment as-tu pu survivre jusque là avec de tel réflexes ?! On ne goute pas tout ce qui nous passe sous la main pour savoir si c'est comestible ou non ! Fais attention, un jour tu tomberas sur une chose qui n'est comestible qu'une fois.

Julien rigolait intérieurement de son petit trait d'humour. Son aînée chez les Gryffondor avait commencé à lui faire la liste de leurs camarades présents pendant leur discussion. Le cornouaillais était toujours aussi convaincu que les graines avaient été déposées là à leur intention et que cette énumération des principaux témoins de leur conversation allait sans doute être de la plus grande utilité.


Alors si je résume bien ce que tu m'as dit Mhulane, nous avions cinq témoins de notre conversation : Damian, Tanguy, Joplin, Mirabelle et Camden. Je pense qu'ils sont tous potentiellement à l'origine du dépôt de ces graines, si c'est bien eux.

Julien reprit soudainement la bourse de cuir des mains de la jeune Shafiq qui restait bouche bée, comme interloquée. Elle n'était pas mouillée et tellement pleine qu'elle avait du mal à se fermer.

Attends, il y a deux indices qui confirment que les graines ont été déposées intentionnellement ici ! Tu me dis si tu peux suivre mon raisonnement. Premièrement le sac n'était pas mouillé, or avec la rosée du matin, s'il avait été déposé ici la veille ou bien plus tôt, il aurait du être mouillé. C'est donc qu'il n'était présent sur le chemin que peu de temps avant notre passage. Deuxièmement, la bourse est pleine à craquer. Si jamais elle était tombée de haut, elle aurait dû s'ouvrir, or là elle était fermée et aucune graine ne manquait.

Le jeune rouge et or était persuadé d'avoir convaincu la jeune fille. Il restait maintenant à découvrir qui avait bien pu laisser ces graines ici et dans quel but.

On cherche toujours à savoir qui l'a déposé. Il faudrait peut-être attaquer les recherches par un autre bout ! Et si on allait à la bibliothèque pour découvrir ce que sont ces graines. Si on découvre la nature de ces graines, il y a de grandes chances pour qu'on finisse par découvrir l'intention de leur propriétaire. On se rapprochera alors de la vérité. Qu'en dis tu ?

La Capitaine de Quidditch avait éclaté de rire au moment où Julien avait évoqué ses maigres chances de survie si elle mettait tout ce qu'elle trouvait dans sa bouche. Elle avait expliqué au jeune sorcier qu'elle n'aurait fait que les identifier grâce à sa forme d'Animagus.

[ Qu'est-ce que j'aimerai devenir un animagus ... ]

La jeune sorcière avait rebondi sur toutes les propositions de Julien, propositions qui lui paraissaient logiques et claires, mais qui selon elle n'était pas valable si quelqu'un avait jeté certains sorts à la sacoche.

Je comprends ton raisonnement. Pour le sort d'étanchéité, Je le connais mais Mrs Flame ne nous l'enseignera qu'en troisième année et le second par contre je ne le connais pas. C'est quoi ?

La jeune sorcière avait apparemment une sainte horreur de la bibliothèque. C'est ce que laissait présumer ses réactions premières, à savoir : essayer du mieux qu'elle pouvait de trouver une solution autre que de chercher une correspondance dans les livres ou préférer prendre des risques plutôt que d'assurer le coup avec un manuel de botanique. Mais la rouge et or avait fini par rallier la cause de Julien. Un petit tour à la bibliothèque était donc en prévision. Bien que le choix de la préfète eut été dans son sens, Julien commençait à se poser des questions. Il n'était qu'en première année après tout. Qui était-il pour oser lui faire la morale ? Qui était-il pour l'empêcher de faire ce qui l'entendait ? Non sans une certaine gène dans la voix, Julien se tourna vers Mhulane pour lui parler.

Tu sais Mhulane, je n'ai pas tes compétences ni ton expériences. Je sais bien que je ne suis qu'en première année. Si jamais tu penses que c'est plus simple de suivre ton instinct, ça me va. Il est encore tôt et la bibliothèque est ouverte depuis peu. On a encore un peu de temps si tu veux suivre une de tes pistes.