Penchée vers l'avant, les mains jointes posées sur la table, attachée par un quelconque sortilège, Catherine eut juste le temps de voir qui venait d'entrer. Quoi qu'elle n'en avait rien à faire à vrai dire. Peu importe l'individu, elle serait considérée comme une criminelle. Peu importe les torts qu'on lui accordait, elle savait qu'ils avaient un biais contre elle. Pas pour rien qu'ils l'avaient laissée là pendant des heures, toujours attaché. Soit ils avaient oublié de lui enlever ses liens, soit ils avaient peur et la Québécoise était d'avis que la deuxième option était la vraie.

La fureur grandissant en elle, la professeure était prête à s'emporter sur la pauvre personne qui allait passer la porte, sauf qu'elle se retint de tout geste, toute parole en voyant le visage de l'Auror qui allait s'occuper d'elle. Elle la reconnaissait. Jamais elle ne l'avait oublié. Certes, elles n'étaient pas proche, mais les événements qui les réunissaient étaient assez fort pour les lier à jamais. Orane. Orane Lueswinn. L'une des seules personnes ne faisant pas partie de l'Organisation ayant vu la brune emportée par la colère. Devenir incontrôlable, au point de commettre l'irréparrable. Chose qu'elle n'avait pas fait grace à la Lueswinn.

Leurs regards se croisant, la Spinnet baissa la tête en entendant l'Auror l'appeler par son prénom. Pas par honte, mais parce qu'à ce moment, Catherine devait remettre sa carapace. Ne rien laisser paraître, comme lui avait appris la Dubois. Personne au Ministère, ni même Orane, ne devait obtenir ce qu'ils voulaient d'elle. Elle était prête à se faire torturer s'il le fallait. Elle avait été entraînée dans ce sens.

Toujours la tête penchée, fixant le sol, respirant doucement, cachant les émotions qui avaient refait surface en voyant le doux visage de celle qui aurait pu être son amie, la Québécoise reprit une certaine constance. De tout son corps, la brune se redressa pour faire face à l'Auror, le visage fermé, laissant la question de la Lueswinn mourir avant même qu'elle soit posée. Pas un sourire, rien. Les iris verts de la Spinnet fixaient le dossier que tenait son interlocutrice, avant de se reporter sur le visage de celle qui avait pris place devant elle. Puis d'une voix froide, dure, Catherine brisa le silence qui s'était installé un court instant.

Pour répondre à ta question... Rien. Du moins, je ne sais pas ce que l'on me reproche, puisqu'on m'a assomé pour m'amener ici. Peut-être que le dossier que tu tiens à la main pourrait nous éclairer ? Non ?

Le visage fermé, regardant Orane se déplacer sans émettre aucun commentaire, Catherine sentait bien que tout comme elle, l'auror n'avait pas envie d'être là. Pas envie de participer à cette pièce de théâtre aussi mal ficellée. Le Ministère voulait des informations. Lesquels ? La Québécoise avait une idée de la nature de ces informations, mais elle n'allait pas les donner aussi facilement. Hors de question. Elle était beaucoup trop loyale puis elle avait un certain dégoût envers le Ministère. Cette manie de tout cacher et vivre dans la peur de l'autre.

Toutefois, là, devant elle, il y avait le Lueswinn. Une personne qu'elle appréciait beaucoup. Elle ne l'avait jamais vraiment montré, parce qu'elles avaient cessée de parler après leur escapade durant leur adolescence. Ce n'était pas pour autant qu'elle ne portait pas une certain affection pour la française. Elels avaient grandement changée, la brune en avait conscience. Sa camarade étant maintenant auror, tandis qu'elle, elle côtoyait le côté plus sombre de la magie.

En voyant l'ancienne Poufsouffle se diriger vers la porte, la Spinnet eut un petit regard triomphant. Puis, son sourire satisfait disparu en une fraction de seconde en voyant la résignation dans les mouvements de l'auror. Catherine avait espéré beaucoup trop fort. Elle vit Orane revenir sur ses pas et se réinstaller devant elle, un air beaucoup trop sérieux sur le visage. En revanche, le moment de lecture qui se prolongea pendant de longue minutes, tellement la Québécoise était curieuse de lire ces faussetés, rendit légèrement l'ancienne Serdaigle un poil plus sec.

Tu as besoin ? Pourquoi ? On me reproche quoi ? D'être allée dans un manoir en plein milieu de la nuit ? Ce n'est pas la première fois, je tiens à te le rappeler. Ces endroits sont idéal pour faire... tu sais, ces exercices moldus... ils appellent ça... voyons... AH OUI ! Du Yoga. Tu devrais peut-être en faire, ça te détendrait.

S'adossant à sa chaise, un sourire de nouveau sur les lèvres, Catherine regardait sa camarade d'autrefois avec un regard malicieux. Elle n'allait pas se laisser faire et elle était prête à aller jusqu'au bout. Jusqu'à tellement exaspérer la Lueswinn qu'elle ne verrait que deux options : laisser l'interrogatoir à un.e collègue ou tenter n'importe lequel des sortilèges de torture. Ainsi, l'ancienne bleu et bronze pourrait accuser le Ministère à son tour.

Pourquoi quoi ? D'où sors-tu ce nom ? L'Organisation ? Je ne vois pas du tout de quoi tu parles. Et il n'y avait personne avec moi. Je ne sais pas ce qu'ils ont inventé dans ce dossier, mais ce n'est pas du propre, mais pas du tout. On me fait passer pour une criminelle, moi, une professeure de Défense contre les Forces du Mal respectée. Le Ministère a vraiment des techniques douteuses.

Alors, si je ne suis pas une criminelle, pourquoi on me garde menotté ainsi ?

Levant ses mains encore jointe, par un quelconque sortilège, elle jeta un coup d’œil à Orane les sourcils relevés. Catherine ne savait pas parfaitement pourquoi elle était là. En fait, si, mais elle ne savait pas ce que le Ministère savait de ses activités. Puis, est-ce que la Lueswinn avait une quelconque opinion sur cette rencontre fortuite et forcée ? Pourtant, l'auror semblait très à l'aise et elle jouait très bien son rôle. La Québécoise y croyait presque. Ce qui avait trahie l'attitude de son interlocutrice, c'était le petit regard amusé à la blague que la brune avait lancé. Il fallait bien détendre l'atmosphère quand c'était possible.

Tout de même, se retrouver attacher était le summum. Même la Dubois ne lui avait jamais fait ça. Bon, la Spinnet avait vécu certaines expériences quelque peu traumatisante au cours de ses apprentissages, mais pas au point de se retrouver dans une pièce froide et sans air, attaché et à répondre à des questions qui n'était pas tellement claires. Du moins, elles n'étaient pas posée comme des questions à proprement parlé. Puis la raison de sa présence dans cet endroit n'était pas tellement certain non plus.

Tout de même, la professeure restait nonchalante, bien installée dans la chaise et laissant la Française l'observer. Que puisse penser l'ancienne Poufsouffle, Catherine connaissait ces petites techniques. C'était arrivé en Italie plus d'une fois malheureusement. En revanche, quand Orane mentionna qu'il y avait eu des morts, elle attira l'attention de la Québécoise. Cette dernière se redressa, appuyant ses coudes sur la table, les sourcils froncés.

Des morts ? De quoi tu parles ? Je suis arrivée dans ce manoir, il n'y avait personne. Pas même un botruc, puis tes petits amis me sont tombés dessus. Et je tiens à dire qu'ils devront payer les séances chez le chiro, j'en ai mal au dos...

Restant appuyée sur la table, regardant celle qu'elle aurait pu considérée comme une amie à une certaine époque, la Spinnet attendait la suite du dossier. À savoir ce qui c'était réellement passé. L'incompréhension était le sentiment qui l'occupait en majorité. Car les informations venaient au compte goutte. Lentement, la frustration qui s'était levé en elle refit surface, mais elle resta calme. Elle voulait qu'on lui retire ses liens. Puis elle avait un talent... celui de tromper les gens.

Vraiment Orane, je ne comprends pas. Je ne comprends rien. On m'a rien dit en venant ici. Faut dire qu'ils ont frappé tellement fort que je me suis évanouie. Je dois avoir une bosse sur la tête. Mais tu peux m'enlever ces liens, s'il-te-plaît ? Ou m'amener de l'eau ? Je répondrai à tes questions après...

Toujours le smains jointes, Catherine regardait Orane pendant une longue minute. Cet endroit était désagréable et elle détestait être à la merci du Ministère. Bien qu'elle occupait un poste à Poudlard en tant que professeure, elle était bien heureuse d'être sous la gouverne de la Direction et non pas de ces grattes papiers. Puis, de toute façon, elle ne suivait aucunement leur programme qui tentait d'abrutir les adolescents.

Si avec la Lueswinn elles avaient partagé un moment assez particulier, en cet instant, il n'en était pas question. Même loin d'en être question. Rien ne semblait exister entre elles, sauf le fait qu'elles se connaissaient. L'Auror savait ce qu'était capable la Spinnet et les autres également, puisqu'à chaque fois qu'elle demandait à être libéré de ces liens, Orane évitait le sujet. Ils avaient peur, voilà tout. Ce qui aurait fait sourire la Québécoise, mais plus les minutes passaient, plus elle s'impatientait. Puis surtout, elle en avait déjà marre de ces questions.

CATHERINE : Ça tombe bien, parce que je n'ai pas pris de vacances dernièrement. Et si je ne suis pas bête, tu crois vraiment que je me serais fait cueillir aussi facilement par vous ? Voyons.

Passant ses mains liées, marquées par la poussière et l'échange de sortilège sur son visage, la professeure était vraiment en train de perdre patience. Le pire, c'était qu'elle savait que la Lueswinn répétait et répétait ses questions pour tenter de la faire craquer. Car Catherine avait tendance, parfois, à être un livre ouvert. En revanche, comble de malchance, là ça ne serait pas le cas. Loin de là.

CATHERINE : Je ne dirai rien Orane. Car je n'ai rien à dire. Tu pourrais me torturer, je ne dirais absolument rien.

La Spinnet venait de dire cela sèchement, n'affichant aucune expression. Elle n'allait pas collaborer, parce qu'elle ne savait rien de tout ça. On lui avait écrit pour lui dire de ce rendre à cet endroit. Elle s'y était rendue et la voilà maintenant prise dans cet endroit lugubre. Puis, on l'accuse de meurtre. Chose assez étonnante, car c'est sa seule présence dans el manoir qui la relie à ces meurtres.

CATHERINE : Vraiment, si j'avais commis ces meurtres, vous pourriez le voir avec ma baguette, non ? Ou la legilimancie ou je ne sais quoi. Le Ministère n'est pas à ça près d'outrepasser ses propres règles.

Cette fois, la sorcière commençait à parler avec frustration. Sa voix montait légèrement dans les octaves et elle péta un plomb, perdant son calme. Comme lorsqu'elles étaient adolescente. Dans un bond, Catherine se leva de sa chaise, toujours les mains liées et elle se pencha par-dessus la table, s'aggripant au col de la robe de la Lueswinn.

CATHERINE : Laisse-moi sortir Orane. Je n'ai rien fait. On m'a piégé, dit-elle entre ses dents, ses yeux plongés dans ceux de l'Auror.

Accrochée à Orane, Catherine espérait que cela fasse son effet. Elle avait vraiment rien à faire ici, dans cette pièce. Elle avait été piégée. Le seul hic, c'était que bien que la Lueswinn et elle se connaissaient, cela allait sûrement jouer contre la Québécoise. Le Ministère avait bien joué ses cartes sur ce coup. Comptant sur les soucis de contrôle de la Spinnet, qui avait laissé ses barrières tomber pendant une fraction de seconde.

Maintenant, elle se retrouvait avec deux hommes qui tentaient de séparer la brune de l'ancienne Poufsouffle. Ce ne fut pas très long avant de voir Catherine être réinstallée de force sur sa chaise, pendant qu'Orane se levait, en furie. Tout se passait rapidement. La Spinnet voyait bien que celle qui avait été témoin de son problème, il y avait dix ans, ne plaisantait pas. Mais elle non plus. Toujours aussi déterminée, elle retenta de se lever, freinée par la main d'un des hommes.

CATHERINE : On m'a piégé Orane ! dit-elle en criant, pendant que la Lueswinn sortait de la pièce totalement éclairée.

Regardant la porte qui était maintenant fermée, l'ancienne aiglonne reporta son attention sur l'homme devant elle. Ça se voyait sur le visage de ce dernier qu'il était nouveau. Tout comme son collègue positionné derrière la jeune femme. La Spinnet n'allait pas leur rendre la tâche facile.

CATHERINE : Posément? On dirait que vous venez tout juste de terminer la première année... Vous en voyez beaucoup des personnes clamant leur innocence se laisser accuser à tort ? Et je n'ai toujours pas eu mon verre d'eau. Le boloss derrière moi pourrait peut-être aller m'en chercher un ?

Se murant dans un silence assourdissant, Catherine laissa ses mains bien en évidence sur la table, fixant de ses iris verts l'homme devant elle. Les minutes s'écoulaient doucement et l'impatience de la Québécoise diminuait toujours autant. Elle avait qu'une envie : entrer dans la tête de cet homme et s'immiscer dans ses souvenirs. Malheureusement, ou heureusement, c'était pile à ce moment que la porte se réouvrit, laissant apparaître une Orane plus calme et surtout, déterminée. Elle donna ses instructions et à ce moment, un sourire apparu sur le visage crasseux de la professeure.

CATHERINE : Faites ce qu'elle a dit. Relâchez-moi !

En deux temps, trois mouvements, l'ancienne aiglonne fut libre de ses mains. Le duo se dirigea dans un espace prévu pour les transplanages. La Spinnet n'eut pas le temps, ni l'envie de dire un mot tant qu'elles seraient dans cet endroit. Agripant le bras de la Lueswinn, elles quittèrent vers le manoir qui était toujours aussi sinistre. C'est à ce moment que Catherine relâcha la pression, se détachant de son ancienne camarade et s'éloignant un tout petit peu. Sachant pertinemment qu'Orane n'allait pas hésiterà utiliser la magie sur elle si jamais elle tentait de fuir.

CATHERINE : Vraiment, Orane, ou Miss Lueswinn. Ça m'étonne que tu aies décidée de devenir Auror. C'est toi qui a ordonné tout ce petit manège pour me piéger ? Ah et ce serait possible de me rendre un minimum présentable ? Comme le Ministère semble fasciné par ma baguette...

Elles se retrouvaient maintenant devant le fameux manoir. Là où tout avait commencé. Là où on l'avait piégé. C'est ainsi que Catherine voyait les choses et elle allait bien réussir à faire entendre raison à la Lueswinn. Il le fallait. Car seule elle ouvait aider la Québécoise. Pourtant, la Spinnet semblait être le cadet des soucis de l'Auror. Quelque chose ne semblait pas faire le bonheur de cette dernière et la professeure comprit assez rapidement pourquoi. L'endroit était désert.

L'ancienne Serdaigle avait déjà vu les Aurors et la police magique ainsi que toute cette bande joyeuse à pied d'oeuvre. Il leur fallait bien plus que deux petites heures pour quitter une scène de crime. Surtout lorsqu'il était question de meurtre, comme cela était supposément le cas dans cette histoire. Pourtant, il n'y avait personne. Même pas un bruit.

Catherine arrêta de parler, regardant la Française qui se posait bien des questions sur le moment. Questions qui n'était pas destiné à la Québécoise. Sans même réfléchir au fait qu'elle n'avait pas sa baguette, la Spinnet entra dans le manoir, se dirigeant dans la grande pièce qui avait été le théâtre de son arrestation.

CATHERINE : Je n'étais jamais venue jusqu'à ce que je reçoive cette invitation bizarre... Comme je... tu n'as pas besoin de le savoir, dit-elle hésitante, se rappelant momentanément qu'Orane était Auror.

Se promenant lentement dans la grande pièce, l'ancienne aiglonne passa une main sur l'étagère d'une des bibliothèques, dont les livres avaient vécu un mauvais quart d'heure. La professeure revoyait la scène. Son arrivée dans la pièce. Sa méfiance et son réflexe. Réflexe qui l'avait amené à se réfugier derrière le meuble imposant pour se protéger des sortilèges qui fusaient de partout. Jusqu'à ce qu'elle se fasse frappée et tombe dans les pommes.

CATHERINE : Je peux déjà te dire que c'est ici que tout s'est passé, me concernant. Pour le reste, je ne sais même pas où était les victimes. Mais si ça ne te dérange pas, je vais te suivre...

Observant l'endroit qui était loin d'être amical, Catherine suivait l'Auror, regardant autour d'elle cet endroit qui avait été le témoin du piège qui lui avait été posé. Maintenant, la brune pouvait voir ce qui l'avait entouré durant tout ce temps. Elle ne savait pas qui vivait dans cet endroit, mais il était loin d'avoir du goût. Justement, cette réflexion surprit la jeune femme. Elle connaissait pas la personne ou la famille qui vivait ici. Si quelqu'un vivait dans cet endroit.

CATHERINE : Comment je peux être certaine que tu ne vas pas tourner ça contre moi ?commença-t-elle, se tournant vers la Lueswinn. Car on sait toutes les deux que le Ministère aimerait beaucoup que je parle...

Attrapant un cadre, vide, sur le bureau qui était à proximité d'elle, l'ancienne Serdaigle ne comprenait rien de rien. Finalement, personne ne vivait là. La décoration était beaucoup trop impersonnelle. La Québécoise commençait à s'éloigner, quand Orane fit une remarque qui ne fit même pas apparaître un sourire sur les lèvres de la professeure.

Sans même attendre que la Française change de pièce, Catherine passa dans une pièce qui semblait être la cuisine. À part les instruments de base, il n'y avait aucune trace de nourriture ou de magie. Puis, la jeune femme passa dans une autre pièce, mettant de la distance entre elle et l'Auror. Un genre de labyrinthe se dessinait entre elles, quand enfin, l'ancienne bleu et bronze pris l'escalier menant à l'étage, sans faire un bruit.

Le couloir menant à plusieurs pièces était plongé dans le noir. Avançant à tâtons, la Spinnet posa la main sur la poignée avant de pousser la porte qui grinça bruyamment. Une chambre. Il y avait un lit, défait. Un livre. Une chaise où reposait une robe foncée. Quelques produits de toilette... puis un sac, qui rappela quelque chose à la brune. Catherine entra dans la pièce, attrapant le sac pour regarder son contenu et c'est là qu'elle y retrouva des parchemins noirci par l'écriture qu'elle reconnaissait parfaitement. C'était la sienne. C'était ses notes de cours en Défense contre les Forces du Mal.

Fouillant encore, la professeure trouva un tissu ensanglanté dans une des poches. En regardant de plus près, cette dernière reconnu le tissu. C'était un bout d'une de ses robes... Se retournant violemment pour regarder toute la pièce, la Québécoise comprit rapidement à qui appartenait tous ces objets.

C'était ses objets. C'était sa robe, son livre de cours, son sac. Comment Orane allait maintenant la croire ?

C'est en entendant le souffle d'Orane, pour montrer son impatience ou son découragement face aux remarques de Catherine, que cette dernière décida de prendre la poudre d'escampette. Elle n'alla pas très loin. Juste dans une autre pièce. Puis ensuite à l'étage. Jusqu'à découvrir une petite chambre sobre. Décorée de quelques babioles ici et là. Bien meublée et surtout, qui semblait avoir été habitée.

Le sac entre les mains, l'ancienne aiglonne essayait de comprendre ce qui arrivait et à qui appartenait tout ça. Il ne lui fallut pas plus que quelques secondes pour comprendre que la robe qui était posée sur la chaise était la sienne. Une de ses robes qui pas plus tard que la veille, se trouvait dans sa penderie. Du moins, elle le croyait.

Puis, le livre de Défense, qu'elle utilisait pour donner ses cours. Même si bien souvent, elle ne le suivait pas à la lettre. Enfin, ce bout de tissu ensanglanté. Elle ne comprenait pas ce qui arrivait. Si c'était son sang ou pas. Le tissu dans la main, elle le l'approcha de la fenêtre qui éclairait la pièce. Posant enfin les yeux pour en faire un examen minutieux, elle fut interrompue par la voix de la Lueswinn. Elle montait l'escalier et était tout près, quand la Spinnet cacha le tissu ensanglanté derrière son dos.

La professeure ne savait pas quoi dire. Comment réagir. Elle aurait beau dire que ce n'était pas à elle, tous les objets disaient le contraire. Elle pourrait dire encore et encore qu'elle n'était jamais venue, mais qui pourrait la croire maintenant ? Puis, l'Auror était loin d'être imbécile. Elle allait bien comprendre que tout ça, c'était à la Québécoise.

Ce que Catherine redoutait, arrivait. L'ancienne Poufsouffle avait à peine mis les pieds dans la pièce que les questions fusaient dans son regard. Son visage s'empourprait. Orane comprenait que la propriétaire de ces objets se tenait devant elle. Que celle qui clamait son innocence depuis le matin avait probablement menti. Même si cela était totalement faux. Puis le couperet tomba.

Pour une rare fois, la Spinnet était démontée. Elle ne savait pas quoi dire, quoi faire, comment réagir. Son visage se décomposa d'un trait. Elle savait mentir, ça, il n'y avait pas de doute. Mais cette fois, ce n'était pas le cas. Du tout. Sauf qu'on la croyait pas et tout se retournait contre elle.

CATHERINE : Orane, non. Je ne t'ai pas mentie. Je... Je ne suis jamais venue ici. Cette robe était chez moi hier soir, avant que j'aille...

La professeure cessa de parler. Il n'y avait pas de déclic, comme souvent dans ces situations, mais elle ne comprenait plus rien. Elle ne se rappelait plus de ce qui s'était passé la veille. Elle ne se souvenait de rien.

CATHERINE : Je ne me souviens de rien à propos d'hier soir. Je n'ai absolument rien fait ! Je connais pas cette maison et encore moins cette ville. Je ne sais pas qui m'a invité et comment mes affaires ce sont retrouvées là... dit-elle rapidement, légèrement en panique. Si tu ne me crois pas, ce que je peux comprendre, ramène-moi au Ministère ou fait ce que tu veux, mais je te dis la vérité Orane. Je ne t'ai jamais menti. Jamais. Et ce n'est pas aujourd'hui que je vais commencer.

La confiance. Catherine avait bien du mal avec ce mot. Pourtant, elle faisait confiance à la Lueswinn. Peut-être pas à 100%, mais jusqu'à présent, l'Auror avait gardé le secret de l'ancienne aiglonne. Personne n'avait su pour la nuit qu'elles avaient passée ensemble, lors de leur cinquième année. Cette fois où la Québécoise avait bien failli commettre l'irréparable et devenir une pensionnaire d'Azkaban à cause de son manque de contrôle.

Donc, lorsque Orane mentionna qu'elle ne pouvait pas, elle-même, faire confiance à la professeure, cette dernière reste dubitative. Elles avaient une drôle de relation. Si ni lu'une ni l'autre se faisait confiance, à quoi bon ? Toutefois, même si tout était contre la Spinnet, l'ancienne Poufsouffle était encore là. Elle laissait une chance à Catherine de s'expliquer ou du moins, une chance à cette dernière de montrer qu'elle n'avait rien à voir là-dedans. Car la Spinnet ne savait pas comment expliquer la présence de ses effets personnel dans ce manoir. Que la chambre dans laquelle elles se trouvaient à ce moment soit la seule pièce impeccable. Puis que malgré tout, la Québécoise continue de plaider son innocence.

CATHERINE : Si je te fais confiance ? Comme toi, je ne suis pas certaine, mais ai-je le choix ? Non.

Avant même d'amener la Lueswinn au point de départ de tout ce carnage, Catherine plongea sa main dans l'une de ses poches, touchant le bout de tissu ensanglanté. Allait-elle le montrer tout de suite à l'auror ou devait-elle attendre ? C'était la question qui occupait l'esprit de la Québécoise et quand elle allait le sortir et le tendre à Orane, cette dernière reprit la parole, freinant la Spinnet dans son élan de vérité.

CATHERINE : Tout recommencer depuis hier matin ? Tu es certaine que tu veux voir et t'explique tout ce qui s'est passé dans les derniers 48h de ma vie ?

Étonnament, le sens de l'humour de la professeure était revenu. Car, quelques surprises allaient surprendre la Française, mais autant laisser le plaisir à cette dernière de le découvrir.

CATHERINE : Alors, vous avez assez de budget au Ministère pour faire usage d'un Retourneur de temps pour revivre les dernières 48h ou il faudra utiliser le transplanage pour que je te montre les différents endroits que j'ai fréquenté avec ma seule personne comme narratrice ?