En cette première matinée de septembre, l'état émotionnel de Norah était des plus confus. Elle avait eut énormément de mal à trouver le sommeil et, quand elle se fut enfin endormie, elle avait fait des rêves très étranges. Bref, elle avait passé une très mauvaise nuit et l'épreuve qui l'attendait aujourd'hui l'angoissait au plus haut point. Pour la première fois, elle se retrouverait seule pour affronter le monde magique qu'elle ne considérait pas encore comme sien et cette idée l'effrayait terriblement.

Sur le quai de 9 3/4, elle avait tenté de dissimuler son trouble. Elle ne voulait pas que sa famille se fasse du souci, ses parents étaient déjà bien assez inquiets comme ça. Elle leur avait dit au revoir, le coeur lourd et un sourire crispé aux lèvres. Son oncle Matt, lui, n'était pas tombé dans le panneau et, lorsqu'il monta dans le train avec sa nièce pour l'aider à hisser sa grosse valise jusqu'à un compartiment encore vide, il avait tenté de la rassurer. Lui aussi était arrivé seul à Poudlard, lui aussi s'était demandé ce qui l'attendait et, finalement, il y avait passé les plus belles années de sa vie.

Norah se demandait si elle parviendrait enfin à se faire des amis. Lorsque son oncle lui avait révélé qu'elle était une sorcière, elle s'était dit que c'était probablement pour cette raison qu'elle n'était jamais parvenue à se lier à d'autres enfants de son âge mais, si elle se trompait ? Si le problème venait d'elle, de sa personnalité, de ce qu'elle était ? Si les choses n'étaient pas différentes à Poudlard ? Une bouffée d'angoisse l'étouffa soudain et la petite Sharpe ne put retenir une larme qu'elle essuya furtivement, tout en continuant d'adresser des signes à sa famille qui lui faisait des sourires encourageants derrière la vitre du train.

Lorsque la locomotive se mit en route, Norah se sentit plus légère. Il n'était plus temps de renoncer. Elle n'avait plus d'autre choix que de suivre son destin. Pour tenter de se changer les idées, elle farfouilla dans son sac et en sortit un exemplaire des Contes de Beedle le Barde dont son oncle lui avait vivement recommandé la lecture.