* Il y avait peu de temps encore, Joplin ne se connaissait pas d'autre famille que ses parents, des moldus originaires du Kent, ainsi qu'une parente par alliance, Miss Maud Romney. C'était une dame déjà âgée qui habitait à Londres et que Joplin aimait beaucoup. Cette brillante sorcière avait pris la "petite" sous son aile et, tout au long de sa scolarité à Poudlard, elle lui avait prodigué de nombreux conseils.

Alors que la jeune femme avait passé ses ASPICs et s'était installée à Pré-au-Lard en tant qu'apothicaire, Maud lui avait annoncé qu'elle avait une lointaine cousine qui étudiait au collège. Son nom : Fiona Romney !

Elles firent progressivement connaissance et, un jour, Fiona proposa à Joplin de lui faire découvrir sa maison familiale non loin d'Inverness.

L'apothicaire ne s'attendait pas du tout à cette invitation de la part de Fiona. Cette maison familiale, c'était celle où le père de celle-ci, employé au Ministère de la magie, avait vécu durant toute son enfance et où sa cousine avait passé la plupart de ses vacances. C'était une marque de confiance exceptionnelle et Joplin était impatiente d'y aller.

Quand Maud les avait présentées l'une à l'autre, la jeune femme n'aurait jamais imaginé que leurs liens pouvaient devenir aussi forts. Bien sûr, elle stressait un peu de rencontrer une vraie famille de sorciers, mais sa cousine avait aussi mentionné que sa mère était née moldue, tout comme elle. *

RP entre Joplin Romney et Fiona Romney.

* Depuis que grand-tante Maud avait annoncé à Fiona qu'elle avait une lointaine cousine, la petite adolescente n'avait cessé de tanner son père pour inviter celle-ci à passer quelques jours dans la maison familiale située près d'Inverness.

Sa rencontre avec sa cousine avait été un moment fort dans la jeune existence de l'Écossaise. Joplin avait brillamment passé ses ASPICs et elle avait même ouvert une boutique d'apothicaire à Pré-au-Lard. Ce n'était pas rien aux yeux de Fiona !

Pressé d'échapper aux sollicitations de sa fille, Jack Romney avait finalement cédé. Il savait Fiona extrêmement têtue et il n'avait, dans ce cas-ci, aucune raison valable de refuser sa demande. Mais ni lui ni la mère de Fiona ne seraient présents, devant tous deux rester à Londres. Ce serait la voisine habituelle qui s'occuperait de l'intendance. Et il avait confiance en sa fille qui, bien que fort impétueuse, savait aussi se montrer raisonnable quand c'était nécessaire.

Très vite, l'adolescente avait annoncé la nouvelle à sa cousine. *

- Joplin, papa est d'accord. On peut passer quelques jours dans la maison à Inverness. On sera juste toutes les deux avec une voisine de confiance. Génial, non ? Tu ne dois plus te stresser pour papa !

* Lorsque Fiona annonça à Joplin que son père serait absent, la jeune femme poussa un soupir de soulagement. Mais, quand Fiona lui annonça que ce serait une voisine qui viendrait s'occuper d'elles, pour l'intendance et le quotidien, son esprit pragmatique reprit le dessus. En tant qu'adulte responsable, elle devait tout mettre en oeuvre pour que le séjour se passe bien, même si ce n'était pas chez elle.

Et elle commençait à se poser plein de questions dont elle fit part à sa jeune cousine. *

- Fiona, avant de partir, il faudrait mettre plusieurs choses au point. D'abord, comment allons-nous nous rendre sur place ? Je n'ai pas encore mon permis de Transplanage d'escorte et je ne peux donc pas transplaner avec toi. Les balais, je n'aime pas trop, ce n'est pas toujours très discret. Il reste la solution d'utiliser un portoloin. Si tu es d'accord, je demande la permission, au Ministère, d'en créer un ici. J'ai des vieilles bottes à Pré-au-Lard, dans ma boutique. Elles pourront servir. Il me semble que c'est le meilleur moyen. Qu'en penses tu ?

* L'apothicaire réfléchit à l'autre problème auquel elle avait pensé. *

- Tu m'as dit que ce serait une voisine de confiance qui viendrait nous aider. Mais ... Pardonne ma franchise ou ma curiosité, comme tu veux, qu'en est-il du secret ?

* Même si les deux cousines commençaient à bien se connaître, il y avait parfois des questions bien délicates à soulever. Elles étaient cependant nécessaires. Et l'adulte espéra que l'adolescente ne les prendrait pas mal. *

* Tout excitée et enthousiasmée qu'elle avait été à la perspective de faire découvrir la maison familiale à sa cousine, Fiona ne s'était absolument pas inquiétée ni souciée des aspects pratiques de cette excursion. C'étaient les adultes qui organisaient tous les déplacements ainsi que les activités et elle n'avait jamais songé à tout ce que Joplin avait soulevé avec ses questions.

Un peu penaude, elle se dandina légèrement d'une jambe sur l'autre, puis, sa nature reprenant le dessus, elle éclata de rire avant de répondre. *

- Joplin, t'inquiète ! Je ne me moque pas ! C'est juste que je trouve la situation assez inhabituelle et j'aime ça.

* L'Écossaise pensait encore au problème du transport. D'habitude, c'était son père, parfois sa mère, qui venaient la chercher. D'une façon ou d'une autre. Elle reprit. *

- Je trouve que ton idée portoloin avec l'une de tes vieilles bottes, c'est super !! Yes !

* La question concernant la voisine la mettait plus mal à l'aise mais il était nécessaire que Joplin connaisse la situation exacte. Et l'adolescente avait confiance en sa cousine. C'était aussi une Romney après tout. Elle faisait partie de la famille, même éloignée. *

- Heu ... En deux mots ... Cette voisine a travaillé au Ministère avec mon père. Et, quand elle est devenue un peu trop âgée pour son travail, elle a préféré venir habiter près de chez nous. Tu vois, on peut lui faire confiance.

* Fiona estima qu'elle avait bien géré la situation et le sujet. Elle n'avait dit que le strict nécessaire. D'habitude fort bavarde, elle savait aussi mesurer ses paroles dans certaines circonstances. *

* En écoutant les réponses de sa cousine, Joplin se dit que celle-ci était loin d'être la tête l'air qu'elle semblait être au premier abord. A moins que c'était ce qu'elle voulait bien faire croire. En tout cas, les renseignements recueillis permettaient d'envisager vraiment de partir pour cette escapade.

Il fallait d'abord s'occuper du moyen de transport et l'apothicaire s'empressa de rédiger une demande au ministère de la Magie, à l'Office des Portoloins du Département des transports magiques. Dès que ce fut fait, elle attacha le parchemin à la patte de sa chouette lapone, Ivy Liberty, espérant que la réponse ne tarderait pas.

Ensuite, pragmatique comme d'habitude, elle songea à ce qu'elle devrait porter. Des vêtements moldus, sans nul doute.

Dès qu'elle revit sa cousine, elle lui en parla. *

- Fiona, je sais que tu as l'habitude de passer du temps dans la maison à Inverness mais, alors, tu es en compagnie de tes parents, non ? Je suppose que tu y portes une tenue moldue. Je suis désolée si je suis trop protectrice mais je me sens responsable de toi, en quelque sorte.

* L'adulte réfléchit un instant à ce qu'elle devait encore dire à l'adolescente. *

- J'ai envoyé la demande pour le portoloin. et, dès que je reçois l'autorisation, on s'en va !

* L'adolescente écouta sa cousine avec beaucoup de satisfaction et elle devint totalement enthousiaste en entendant les propos de celle-ci. L'aventure prenait forme ! *

- Pour les vêtements, ne t'en fais pas ! Comme tu l'as supposé, nous nous conduisons comme des moldus lorsque nous sommes à Inverness. Que ce soit pour les vêtements ou pour notre façon de vivre en général. D'ailleurs, maman veille à tous les détails.

* Comme Fiona l'avait déjà expliqué à sa cousine, Maisie, sa mère était une moldue. Et elle était bien placée pour tout vérifier. Dans la maison familiale, il y avait une penderie complète avec des tenues adaptées à bon nombre de situations. Depuis le classique jean et les baskets jusqu'à une tenue plus habillée en cas de soirée, en passant par le maillot, le short, et aussi des vêtements d'hiver bien chauds et même une tenue de ski.

Et oui, on skiait dans les Highlands ! Il y avait même des stations spécialisées dans les sports d'hiver. Il fallait dire qu'avec le climat écossais, surtout en hiver, c'était assez logique bien que trop méconnu. *

- Tu sais, quand nous sommes là-bas, nous avons une voiture, comme tout le monde, en somme. Maman conduit très bien ! Et toi, tu sais aussi conduire un véhicule ? * Demanda-t-elle, intriguée, avant de poursuivre. *

- Quant au fait que tu sois un peu protectrice, ça ne me dérange pas ! Mais ... pas trop, hein ? * Ajouta-t-elle avec une lueur malicieuse dans le regard. *

- J'ai hâte de te voir lancer un Portus sur cette vieille botte ! * Poursuivit-elle en riant aux éclats cette fois. *

* Les réponses apportées par sa cousine rassurèrent Joplin au plus haut point, en tout cas pour l'aspect pratique de l'excursion ainsi que pour les déplacements sur place éventuels. Et quand Fiona demanda si elle savait conduire une voiture, elle sourit en pensant à son père qui, alors qu'elle était âgée de neuf ou dix ans, avait commencé à l'initier à la conduite automobile. Ce qui l'avait passionnée ! Peu à peu, elle s'était perfectionnée et, alors même qu'elle étudiait à Poudlard, pendant les vacances, elle avait poursuivi son apprentissage, et elle avait finalement passé son permis. La jeune femme trouvait cela génial et bien pratique ! Elle répondit donc à sa cousine par l'affirmative. *

- Oui, Fiona, je sais conduire et j'ai mon permis moldu. J'ai appris avec mon père dans notre village du Kent.

* Elle devait aussi annoncer une bonne nouvelle à l'adolescente. *

- Il y a une excellente nouvelle. Le ministère a répondu très vite à ma demande de créer un portoloin. Je vais lancer le sort sur cette vieille botte et on partira, enfin ! Je te préviens, c'est loin d'être agréable comme sensation. Mais il faut bien passer par cet inconvénient. Tu es prête ?

* Suivie par sa cousine qui ne la lâchait pas d'une semelle, l'adulte se dirigea rapidement vers le jardinet attenant à sa boutique d'apothicaire, c'était un lieu discret. Et elle lança "Portus !" sur la vieille botte. Puis, elle enjoignit à Fiona. *

- Donne-moi la main, on y va !

* Ensuite, elle sentit comme un crochet l'agripper et l'emporter. *

* Même si elle s'en doutait, Fiona avait été assez impressionnée en entendant sa cousine lui expliquer qu'elle savait conduire une voiture. Plus tard, elle demanderait probablement à celle-ci de lui donner quelques cours ainsi que des conseils dans ce domaine. C'était l'un des projets de la jeune fille.

À la suite de Joplin, l'Écossaise s'était rendue dans le petit jardin contigu à la boutique d'apothicaire et elle avait vu l'adulte lancer le sortilège de Portoloin sur la vieille botte. Et, au moment où sa cousine lui prit la main en la prévenant que ce ne serait pas très agréable, elle sentit une intense traction au niveau du ventre. Wouah ! Pas agréable, c'était peu de le dire !

Mais ! Oh bonheur ! Voilà qu'elle se retrouvait dans le jardin de sa maison près d' Inverness ! Sa première réaction fut de vérifier la présence de Joplin. Oui ! *

- Oh, Jop' , c'est super ! On est arrivées !

* Ensuite, elle exprima ses émotions. *

- Tu avais raison ! Vraiment pas gai, comme moyen de transport, même si c'est rapide ! J'ai l'estomac un peu barbouillé, mais ça va passer, d'après ce que j'ai déjà entendu à ce sujet.

* Rapidement, l'adolescente scruta les environs, l'oeil aux aguets. *

- Normalement, la voisine dont je t'ai parlé va bientôt s'apercevoir que nous sommes arrivées. Mon père l'a prévenue il y a peu. Ah, j'ai oublié de te dire, elle s'appelle Miss Burton.

* Et, toute guillerette, elle s'empara de la main de sa cousine et elle l'entraîna vers la maison. *

- Viens ! Je te fais visiter !

* En entendant le ton enthousiaste sur lequel Fiona avait enjoint à Joplin de la suivre dans la maison, l'apothicaire ne put faire qu'obtempérer. Et, alors qu'elle s'attendait à trouver une demeure de sorcier telle qu'elle l'avait toujours imaginée, elle découvrit une habitation totalement moderne, à la manière moldue. En fait, elle ressemblait assez à la maison de ses parents, même si celle-ci était plus luxueuse.

Ce fut surtout la cuisine qui impressionna la jeune femme. Ici, aucun chaudron à touillage automatique, mais bien tout un équipement résolument moldu. Et cela s'expliquait bien sûr, puisque la maman de sa cousine ne possédait aucun pouvoir magique.

La visite se poursuivit à une vitesse grand V, ne laissant à l'adulte aucun moment pour tout observer à son aise. *

- Fiona, c'est vraiment très beau chez toi. J'espère avoir, plus tard, l'occasion de visiter plus à mon aise. * Dit Joplin en souriant, pour que la jeune fille ne croie pas à une critique. * Heu ... Est-ce que tu prévois une collation ? * Poursuivit-elle car elle commençait à avoir faim et soif. *

* L'enthousiasme de Fiona pour faire visiter sa maison à sa cousine était sans borne et elle avait mené cette visite au pas de charge. C'était le moins qu'on puisse dire ! La jeune fille s'en rendit compte en entendant l'adulte demander, un peu gênée, si elle pourrait parcourir et examiner la demeure un rythme plus modéré ultérieurement. La jeune fille rougit puis, son naturel reprit le dessus, et elle s'exclama. *

- Bien sûr ! Tu auras bien le temps plus tard ... Enfin j'espère. * Poursuivit- elle malicieusement, avant de se rendre compte qu'elle aussi, elle avait faim et soif. *

- Bonne question, la collation ! Ne te fais pas de souci et considère que tu es chez toi, ici ! Je vais voir si Miss Burton a préparé quelque chose. Viens !

* L'Écossaise se dirigea rapidement vers une partie de la cuisine légèrement en retrait, près d'une baie vitrée qui donnait sur le jardin. Là étaient disposées quelques chaises autour d'une jolie table ronde sur laquelle se trouvait un plateau recouvert par une grande serviette de cuisine à carreaux. *

- Voilà notre collation ! Qu'y a-t-il au menu ? * Dit Fiona en soulevant le linge. *

- Super ! Du poulet froid, une salade de légumes et de pommes-de-terre, des sandwichs beurrés, et du jus fruits ! Un régal ! Les assiettes, les verres et les couverts sont là, dans l'armoire. On n'a plus qu'à se servir. Bon appétit, Joplin !

* Tout comme Joplin, Fiona avait également faim et soif et elle avait emmené sa cousine dans un coin reculé de la cuisine, enfin, c'était plutôt un encoignure, près d'une large baie vitrée. Là se trouvaient des chaises et une table prête pour la collation. *

- Fantastique, Fiona ! Je vais me régaler !

* Sur l'invitation de la jeune fille, l'adulte se dirigea vers le placard et elle y prit une assiette, des couverts et un verre. Puis, elle s'installa à table et elle se servit d'un peu de tout. C'était très bon ! *

- C'est excellent ! Miss Burton est un vrai cordon bleu !

* L'apothicaire était rassasiée et elle se leva, attirée par la vue qu'elle apercevait par la large fenêtre. Attirée au plus haut point, d'ailleurs ! Depuis toujours, s'occuper de son jardin avait été l'une des activités favorites du père de Joplin et il avait transmis cette passion à sa fille. Ce qui expliquait certainement le choix de son métier où la botanique avait une large place. Et le jardin qu'elle voyait là était de toute beauté. *

- Quel magnifique jardin, Fiona ! Il me fait penser au jardin de ma maison, dans le Kent.

* Fiona n'était pas étonnée par la réaction de sa cousine à propos de ce que Miss Burton leur avait préparé pour se sustenter. *

- Effectivement, notre voisine cuisine extrêmement bien. C'est une véritable chance de l'avoir près de nous.

* La jeune fille ne s'attendait pas à ce que Joplin s'extasie sur le jardin. C'était vrai qu'il était beau, mais l'Écossaise l'avait toujours vu ainsi depuis qu'elle était petite ... ou peu s'en fallait. Elle n'y avait jamais prêté beaucoup d'attention.

C'était toujours sa mère qui s'en occupait quand elle venait. Elle aimait le jardin au plus haut point. C'était ce qu'elle appelait "son havre de paix". Elle savait y passer des heures, quel que soit le temps, qu'il pleuve ou qu'il vente, selon l'expression consacrée, par grand soleil aussi. Et elle avait toujours une tenue adaptée à chaque saison.

Maintenant que sa cousine en avait fait la réflexion, l'adolescente se rendit compte du travail mais aussi de l'attention que demandait l'entretien de cet espace de verdure. Pensive, elle répondit à Joplin. *

- C'est vrai qu'il est splendide, ce jardin. C'est ma mère qui s'en occupe quand nous sommes ici. Sinon c'est notre voisine qui vient l'entretenir. Elle s'y connait presque autant que maman. Si tu veux, on peut y faire un tour ?

* Guidée par sa cousine, Joplin parcourut un assez long couloir avant d'arriver à une porte vitrée qui donnait sur le jardin. Elle descendit quelques marches puis, accompagnée de Fiona, elle déambula dans l'allée qui serpentait entre des massifs de fleurs qui, à partir du printemps et jusqu'en automne, devaient égayer les regards de teintes éclatantes. Mais là, c'était l'hiver. Des cyclamens de diverses couleurs apportaient cependant des touches de gaieté à ce bel espace.

Quelques bancs incitaient à se poser un moment et, pourquoi pas, à méditer, mais il faisait vraiment très froid et la jeune femme resserra son manteau sur elle. *

- Fiona, ce jardin est superbe ! Et, à la belle saison, avec les fleurs, ce doit être une merveille !

* L'adulte s'approcha d'un petit belvédère érigé près d'une haie. Elle y monta et elle découvrit un lac de très vaste dimension. Ou plutôt un loch, selon l'appellation locale. Se tournant vers sa cousine elle demanda, tout excitée. *

- Dis-moi ! Est-ce que ce ne serait pas le loch Ness ?

* Fiona prenait beaucoup de plaisir à faire découvrir sa maison à sa cousine. Elle commençait d'ailleurs à voir la demeure ancestrale avec d'autres yeux. Elle était tellement habituée à cet environnement qu'elle n'en percevait plus toute sa beauté. Et c'était bien dommage, songea-t-elle, pensive.

L'Écossaise avait amené Joplin dans le jardin dont sa mère s'occupait à merveille quand elle était présente. Et elle se promena deci-delà avec sa cousine, parcourant les allées qui serpentaient entre les différentes plantes, buissons et arbres aux nombreuses variétés. L'adulte avait admiré les parterres et, à juste titre, elle avait souligné que les fleurs devaient être splendides à voir ... une fois l'hiver passé, bien sûr ! Ce qu'elle confirma. *

- Tu as raison pour les fleurs, c'est un régal pour les yeux quand c'est la saison.

* Alors que Joplin se dirigeait vers le belvédère et qu'elle y montait, Fiona se dit qu'il y avait longtemps qu'elle n'y était plus allée, elle non plus. Dès lors, elle rejoignit son aînée et elle regarda la vaste étendue d'eau que l'adulte indiquait de la main, avec beaucoup d'excitation dans la voix. *

- Oui ! C'est bien le loch Ness, là-bas ! Tu sais, j'y suis tellement habituée, à cette vue et à ce lieu, que je n'y fais même plus attention. Si tu veux, demain, on pourra aller y faire un tour. Aujourd'hui, il est trop tard.

* Joplin ignorait pourquoi elle avait posé cette question à sa cousine car elle savait pertinemment bien qu'il s'agissait du célèbre loch. Peut-être juste pour dire quelque chose ? Ou, plus probablement, pour inciter Fiona à proposer d'y aller !

Précédemment, la jeune femme était déjà venue dans les environs. Lors d'excursions avec ses parents quand elle était toute jeune et qu'elle n'avait pas encore reçu sa lettre d'admission. Et aussi, l'été passé, lorsque, déjà apithicaire, elle était venue à plusieurs reprises, en randonnée, mais également pour trouver certaines plantes pour son officine, dans les forêts qui bordaient le loch.

C'était à cette occasion qu'elle s'était rendu compte de la majesté de cette vaste étendue aquatique mais également de l'atmosphère très particulière qui s'en dégageait. Une impression à la fois bizarre et attirante qu'elle avait difficile à expliquer, qu'elle peinait à analyser. Et qui l'attirait incontestablement.

En entendant la réponse de Fiona, Joplin lui répondit en souriant largement. *

- C'est génial !! Il me fascine, le loch. J'ignore exactement pourquoi... On y va comment ? À pied ? Et pour demain, c'est parfait ! Qu'est-ce que tu proposes pour la soirée ?

* La jeune femme connaissait maintenant suffisamment bien sa cousine pour pouvoir lui poser ce genre de question sans qu'elle s'en offusque, estima-t-elle. *

* À l'évocation du loch Ness, Fiona avait vu sa cousine plonger dans ses pensées. Souvenirs ? Regrets ? C'était délicat et la jeune fille n'osait pas - pas encore ! - lui poser des questions trop personnelles qui pouvaient se révéler embarrassantes. Elle n'avait jamais entendu dire que Joplin avait eu un amoureux mais ça, cela ne la regardait pas. À part pour évoquer sa famille, dans le Kent, ou bien tante Maud, à Londres, sa cousine était très secrète.

Par contre, l'Écossaise ne s'attendait pas aux questions d'ordre pratique soulevées par cette dernière. Comment se rendre au loch ? Que faire en soirée ? À croire que son aînée n'arrêtait jamais ... Ce qui était peut-être bien le cas !

Elle lui répondit avec un sourire aussi large que le sien. *

- Pour nous rendre au loch et aussi pour nous déplacer dans les environs, nous avons des vélos. C'est très pratique ! Quant à ce que nous pouvons faire en soirée, je te propose une partie d'échecs sorciers. Et, si tu as envie de sensations fortes, un petit tour à la cave ou au grenier, ça te tente ? * Dit-elle d'un ton assez moqueur. *

[ Fiona est pleine de ressources. ] * Pensa Joplin en entendant les réponses et les diverses propositions énoncées par sa cousine. C'était super si elles pouvaient se déplacer à vélo. Tout comme les Moldus. Dans les environs, les touristes étaient nombreux et passer inaperçu restait une nécessité incontournable. *

- Génial, c'est un excellent moyen de locomotion, surtout par ici. Je circule très souvent à bicyclette dans mon village du Kent. C'est très pratique, je trouve.

* Elle se remémora alors aux nombreuses excursions qu'elle avait faites à vélo sur les petites routes de campagne autour de la maison de ses parents. C'étaient des moments merveilleux qu'elle avait passés là. Quant à sa mère et à son père, et il lui tardait de les revoir. Bientôt ... Si tout se passait bien ...

La brune revint au moment présent. Une partie d'échecs sorciers ? Pourquoi pas ? Elle n'excellait pas, à ce jeu, enfin pas encore ... mais elle avait fait des progrès. *

- Oui, je veux bien faire une partie d'échecs sorciers. Je connais bien les échecs façon moldue mais, pour sa version sorcière, je ne suis pas assez rapide. J'ai besoin d'entraînement, c'est certain. Et pour la cave ou le grenier, je préfère qu'on avise selon le temps qui nous reste. Mais je n'ai pas peur ! Enfin, oui, un petit peu. * Lâcha-t-elle dans un petit rire gêné. Ce n'était un secret pour personne, enfin, c'était ce qu'elle croyait, que son épouvantard, c'étaient les araignées, les grandes araignées, les grosses araignées quoi ! Et, à cette pensée, elle commença à avoir des sueurs froides. *

* Après avoir écouté sa cousine à propos leurs activités futures, Fiona alla rapidement dans la grande pièce qui abritait l'imposante collection de livres de son père, la bibliothèque de la grande maison. Là elle se dirigea vers un petit meuble bas qui semblait ancien. Il était en bois ouvragé, décoré de marquetteries. La jeune fille ouvrit l'un des tiroirs et elle en sortit un jeu d'échecs.

Puis, elle déplia un abattant qui se trouvait sur le côté du meuble, formant ainsi une petite table à jouer. Ensuite, elle y déposa le coffret qui contenait les pièces et elle l'ouvrit, découvrant un jeu fort ancien. Les pièces avaient été sculptées dans du bois brun foncé et dans du bois de couleur ivoire. On voyait clairement apparaître la patine due à l'ancienneté.

Fiona passa un doigt sur le jeu, caressant doucement les figurines, puis elle dit à son aînée. *

- Voici notre jeu de famille. J'y joue avec mon père depuis pas mal de temps et les pièces me connaissent bien. Donc, tu sais qu'elles risquent de ne pas t'obéir. Mais ce n'est pas grave, c'est juste entre nous, pour passer un bon moment.

* L'Écossaise songea, avec émotion, aux moments durant lesquels, alors qu'elle était encore fort petite, son père la prenait sur ses genoux pour lui apprendre les mouvements et les déplacements des pièces sur un échiquier. *

* Lorsque Fiona était partie à toute allure pour préparer le jeu d'échecs, Joplin l'avait suivie bien sûr. Pas question d'attendre ! C'était l'occasion de découvrir, plus en détail, au moins quelques pièces de la demeure des Romney.

La jeune fille avait pénétré dans une vaste pièce et, Joplin, même avant d'y entrer, avait su qu'il s'agissait de la bibliothèque, rien qu'à l'odeur. L'odeur du cuir et du papier, l'odeur des livres anciens et du temps qui passe ... Cette odeur, la brune la connaissait bien. Lectrice invétérée, amoureuse des livres, elle en avait fréquenté des bibliothèques, visité aussi de prestigieuses bibliothèques, un peu partout en Grande-Bretagne.

La jeune femme s'arrêta sur le pas de la porte, puis elle ferma les yeux, et elle respira bien fort, humant le parfum de cette odeur à nulle autre pareille. Avec un sourire d'excuses à l'égard de Fiona, elle pénétra dans la pièce, et, comme attirée par un aimant, elle s'avança vers les rayonnages. C'était impressionnant ! Des livres, en très grand nombre, étaient rangés dans un ordre impeccable dans de hautes vitrines, qui occupaient deux pans de mur entiers de la pièce.

Elle aurait bien aimé passer du temps à découvrir les ouvrages qui étaient ainsi rassemblés puis elle se souvint qu'elle se trouvait dans la demeure ancestrale d'une famille de sorciers et que ce serait peut-être fort indiscret. Joplin détacha alors péniblement les yeux des volumes et elle se tourna vers Fiona. *

- Merci de m'excuser mais j'adore les livres et cette pièce m'a fascinée.

* Puis, elle regarda le jeu et elle répondit à sa cousine. *

- Oui, je sais que les pièces d'un jeu d'échecs sorciers n'en font parfois qu'à leur tête et qu'elles peuvent contester les décisions du joueur. Comme tu l'as dit, ce n'est pas grave. C'est juste pour le plaisir de jouer ensemble.

* Jop ... Ce que Fiona voulait dire à Joplin s'éteignit dans sa gorge lorqu'elle vit l'expression de sa cousine à l'entrée de la bibliothèque. Un mélange de pure extase, d'émerveillement, de surprise aussi. Encore une fois, devant la réaction de son aînée, l'Écossaise regarda le lieu d'un autre oeil. Pour elle, cet endroit était une bibliothèque avec des livres. Point barre.

Elle y était venue tant de fois que, cet endroit dédié à la culture et au savoir, avait perdu tout son attrait, tout son charme, en quelque sorte. Contrairement à son père qui ne s'en lassait pas et qui venait y passer de longs moments. Et ce, depuis que Fiona était petite.

Mais c'était vrai que ce lieu était particulier. Par les livres et l'atmosphère qui s'en dégageait. Bon, c'était bien, tout ça, mais la jeune fille avait surtout envie de jouer ! Elle disposa alors les pièces du jeu sur l'échiquier et elle invita sa cousine à s'installer en face d'elle. *

- Viens, Joplin ! Pour les livres, je demanderai à mon père si tu peux les consulter. Et on joue maintenant ! * Dit encore la jeune fille en souriant pour atténuer ses propos, des ordres, en quelque sorte ! *