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Mot de passe perdu?

Le Grand Escalier

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Les Mille Gueules de Ravana [Camille Dubois ; Darren Namadi]
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Serpentard
1re année
Titre : Les Mille Gueules de Ravana [Camille Dubois ; Darren Namadi]
Créé : 06/12/2023 à 15:00:52 - Modifié : 06/12/2023 à 22:37:48


Un richissime sorcier indien soumet un pacte à Camille Dubois
Leurs familles, leurs idéaux, la destinée de Poudlard et de l’Inde
Quel prix chacun d’eux sera-t-il prêt à payer pour parvenir à ses fins ?


*

Tandis qu’il se précipitait jusqu’à la Statue de l’Unité, le Ministre de la Magie indien semblait un nain insignifiant devant la démesure d’un dieu, le monument le plus imposant jamais édifié de la main des hommes. Vallabhbhai Patel projetait sa silhouette haute de plus de deux-cents mètres sur le sorcier des sorciers de ce pays-continent alors que le soleil s’évanouissait dans son dos. Près d’un siècle après que cet homme se soit battu aux côtés de Gandhi pour affirmer l’indépendance de leur pays, sa gigantesque effigie de pierre projetait des ambitions bien différentes : celle d’une classe politique qui régnait sur des centaines de millions de moldus et les enjoignaient à une guerre interne. Qu’en serait-il si les sorciers se dévoilaient aujourd’hui, songea Brahma Rohan ?

L’Inde grandit à tout rompre et chacun devra bientôt lutter pour trouver sa place dans ce pays surpeuplé. S’il y a bien un jour où l’unité est impossible, c’est celui-ci. Pour notre sécurité, nous devons rester cachés.

“Chandra sera bientôt haute dans le ciel, Rohan. Tu es enfin là.”

C’était la voix de Ravana. Elle avait à la fois la chaleur d’un feudeymon et la douceur d’un chant de sirène. Rohan se dirigea aussitôt vers un petit jardin ombragé, quelques mètres à sa droite, où ils avaient convenu de se retrouver. Le Ministre n’avait jamais déshonoré le moindre de leurs rendez-vous, il ne pouvait oublier tout ce qu’il lui devait. Tout, absolument tout. Aucun homme ne saurait présider aux millions de sorciers éparpillés du Cachemire au Kerala sans l’intervention souterraine d’individus comme Ravana.

“Pardon pour mon retard. Il devient de plus en plus difficile pour moi de te retrouver seul. Avec tout ce qui se passe, la sécurité veut me coller des aurors aux fesses vingt-quatre-heures sur vingt-quatre… Je ne pourrai bientôt plus battre une paupière sans que tout le Ministère ne le sache. Comment ferons-nous alors ?”

Quinze ans qu’il était à la tête du Ministère et jamais sa situation ne lui avait paru si désespéré, comme si sa propre administration et son propre pays conspiraient pour pousser les quatre murs de son bureau et l’y broyer. Lorsqu’il s’approcha du madhuca, un parfum lui prit aussitôt les narines et lui adoucit le coeur : c’était la senteur si caractéristique de Ravana, une fragrance rare et chère de jasmin de minuit et de lotus noir, des odeurs qu’il associait depuis tout ce temps à la gloire, aux rêves, à tout ce qui se trouvait loin au-dessus de sa tête, dans le domaine de l’inaccessible. Ravana avait toujours été le soleil qui l’invitait à virevolter près de lui sans qu’il puisse ne serait-ce que soutenir son regard. Il fit un pas de plus, et entendit un chuchotement derrière l’arbre.

“Pitradeva Sanrakshanam”

Il s’immobilisa. Une lueur grisâtre filtra des feuilles, comme un éclat d’argent sale qui gratta le bois pour se rapprocher de lui. Rohan tressaillit au moment où ses yeux croisèrent le regard d’un aigle étincelant, les pattes tendues comme le bois d’un arc bandé et les ailes figées dans le dos, le corps tout entier tendu dans sa direction. Un frisson ruissela jusqu’à ses jambes, et il recula nerveusement. Il tenta de s’enfuir, mais l’aigle lui agrippa fermement le visage. Il tenta de saisir sa baguette magique et sentit les serres du rapace lui déchiqueter le visage et plonger dans les muscles et les os de son crâne, avant de battre des ailes et de le soulever de plus en plus haut. Tout son poids lui pesa sur la nuque tel un pendu dans le vide. Il était incapable de fermer les paupières, le sang coulait dans ses yeux. Lorsque l’oiseau l’eut entraîné au sommet de la statue, il entrevit en bas la petite silhouette de Ravana. Un fou. Il avait été un fou de croire qu’un jour, il ne tomberait pas comme tous les autres dans l’une de ses mille gueules.

L’aigle relâcha son prisonnier d’une hauteur de presque trois cent mètres. Rohan se brisa comme du verre contre le crâne de pierre de Vallabhbhai Patel et glissa, inerte, dessinant une traînée rouge sur toute la hauteur de la Statue de l’Unité avant de tomber à ses pieds. Ravana s’éloigna et l’aigle s’évanouit.

*

Jahangir Mughal Namadi était un homme extrêmement riche. Et comme tous les milliardaires, c’était un homme qui ne pouvait se satisfaire ni du commun, ni du sobre : il lui avait fallu construire en périphérie de New Delhi une résidence (secondaire, il haïssait trop la capitale pour y vivre à temps plein) qui soit à la fois démesurée et d’un mauvais goût comme seuls les fortunés de ce monde savent en produire. Heureusement, pour les moldus, cette abominable demeure ne ressemblait qu’à un îlot broussailleux au milieu d’un lac. En revanche, pour les sorciers, l’enchantement se levait. Le lac ressemblait désormais à des douves protégeant une petite forteresse de marbre blanc et aux toits bombés couverts d’or qui luisaient d’un orange sable tandis que le soleil se couchait. La bâtisse avait été édifiée sur le modèle des gurdwaras, les lieux de culte de la religion sikh. Cependant, monsieur Namadi n’était pas un homme particulièrement croyant ; il était simplement féru d’histoire, notamment lorsque celle-ci lui permettait de se sentir l’égal des Empereurs Moghols de jadis.

Les murs de ce petit palais semblaient contenir davantage d’espace que l’extérieur ne pourrait le faire croire. L’entrée donnait sur une cour tapissée de palmiers, et au centre de laquelle des éléphants faits entièrement d’eau dansaient - ou se battaient - à la surface d’un grand bassin. Ce jardin était délicieusement rafraîchissant par rapport au climat de la région.

De l’autre côté de cette fontaine, un homme coiffé d’un turban pourpre et vêtu d’un costume couleur ivoire, des perles cousues sur son couvre-chef et sa veste. Il guettait Camille au pied d’un escalier, mais était étonnamment seul. Il n’était entouré ni de domestiques, ni de sa famille, comme s’il fallait que les mots qu’ils étaient sur le point de s’échanger demeurent enveloppés du mystère de ce jardin. Il s’exclama, sur le ton d’un vendeur à la sauvette :

“Madame Camille Dubois ! Comme votre présence illumine ma modeste maison ! Je suis si heureux que vous ayez accepté mon invitation.”

Tout autour d’eux se mirent à voler des feuilles de palmier, battant doucement pour souffler une brise de début de soirée sur leurs figures. Le maître des lieux se rapprocha de trois pas :

“S’agit-il de votre premier voyage en Inde ? Comment trouvez-vous le pays ?”

RPG entre Camille et Darren, intervention possible

Anciennement Adrian Mander
Directrice adjointe
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Poudlard
Adulte
Titre : Re : Les Mille Gueules de Ravana [Camille Dubois ; Darren Namadi]
Créé : 07/12/2023 à 21:12:43 - Modifié : 07/12/2023 à 21:13:11

Lorsque Stefan avait parlé d'ouvrir les frontières de l'Organisation hors d'Europe, Camille avait pensé aux Etats-Unis évidement, la Chine ou encore la Russie. Mais les trois puissances ne s'intéressaient que peu aux partis politiques magiques français et certains avaient bien trop affaire avec leurs propres mages avides de puissance.

Au final, la seule invitation que la sorcière avait reçu provenait d'Inde. D'un certain Jahangir Mughal Namadi dont le dossier avait été examiné sous toutes les coutures par les sorciers responsables de sa sécurité. Elle en avait même envoyés certains repérer la résidence du milliardaire. Rien de spécial n'était ressortit de l'enquête hormis les nombreux placements, normaux pour un richissime sorcier, et la présence d'un fils. Après de trop, nombreuses discussions avec son fiancé, le descendant de vélane n'était pas rassuré de la voir partir seule dans un pays étranger. Camille lui rappela alors qu'elle savait très bien se défendre avant de le rencontrer et qu'elle n'allait pas s'entourer de gardes pour lui faire plaisir. Un poignard sous la gorge ainsi qu'une menace de sortilège avait finit par le persuader. C'était en boudant qu'il avait obtempéré et lui demanda de passer dire au revoir à Margaret et Azar avant de fuir.

Elle ne le fit pas et la mage noire s'évapora alors qu'il dormait paisiblement dans leur lit, après leur réconciliation, évidement.

Camille avait toujours du mal à s'attacher aux enfants, encore des bambins, depuis la mort de Lyanna. La phrase de Cassiopée résonnait plus encore dans son esprit depuis, l'amour n'était qu'une faiblesse. Elle ne laisserait pas Margaret Spinnet et Azar Tal Moundine devenir sa faiblesse.

La mage noire détonnait franchement dans l'ambiance féérique du palais. Habillée de son éternelle cape noire, elle portait tout de même en dessous un chemisier fluide dont les manches évasées laissaient entrevoir les runes entrelacées autour de ses coudes. Son pantalon en soie noire cachait les armes disséminés sur son corps, mais également le peu de formes de la sorcière. Elle ne se nourrissait pas assez et s'entrainait bien trop pour avoir autre chose que des muscles. L'adolescente qu'elle avait été et qui s'était moqué de sa mentore Opale pour ces mêmes raisons, aurait été horrifié de voir qu'elle avait finie exactement pareil.

« Monsieur Namadi, susurra la Legilimens en estimant que si l'esprit du sorcier n'était pas suffisamment protégé, il serait charmé par l'aura mystérieuse de la mage noire. Votre demeure est splendide et j'ai peur que vous ne soyez bien trop généreux. Je n'y suis pour rien. »

Un sourire ponctua ses paroles, sourire qui n'éclaira pas son regard aussi pâle que la glace au soleil. D'un geste de baguette, elle fit apparaitre une bouteille poussiéreuse dont le bouchon de liège était scellé par de la cire écarlate.

« Ma première fois en Inde effectivement, mais je n'ai pu résister à l'envie de vous emmener un petit peu de mon pays. Voici un vin de Bordeaux Château Margaux qui, j'espère, vous donnera envie de nous rendre visite. Elle fit léviter la bouteille en direction de l'homme d'un geste alors qu'elle continuait, doucereuse. Mais je commence à comprendre à présent pourquoi vous êtes attaché à ce pays, il est sublime. Et surtout, emplie d'une magie étonnante. »

D'une magie différente. D'une magie qu'elle évidement voulait posséder.


C'est Camille Dubois, évidement.

« You break the rules and become a hero. I do it, I become the enemy. »








































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Serpentard
1re année
Titre : Re : Les Mille Gueules de Ravana [Camille Dubois ; Darren Namadi]
Créé : 08/12/2023 à 19:32:31

Jahangir poussa intérieurement un soupir de soulagement. Jusque là, il appréhendait le caractère de son hôte. Malgré les contacts indirects et les réputations de chacun, il n’avait pas autant d’yeux et d’oreilles en Angleterre que dans son pays natal. Le monde se composait ainsi de grands bassins où les conspirations, les alliances et les trahisons faisaient tourbillonner les destinées dans tout un espace géographique ; cependant, ces différents bassins ne communiquaient pas réellement. L’Inde, plus particulièrement, était quasiment un continent à elle seule, elle était incomprise de l’extérieur et obéissait à ses propres règles. Il était bon de constater que Camille Dubois se montrait réceptive au jeu des amabilités. Avec de la courtoisie de façade, il serait plus simple pour lui de parvenir à ses fins.

Il saisit lui-même la bouteille et la déboucha, versant avec minutie son contenu dans des verres disposés non loin de là. D’ordinaire, il laisserait à un elfe de telles domesticités, mais il préférait cette fois-ci limiter le plus possible les auditeurs trop curieux.

“Le vin. Qu’il est appréciable de faire danser entre ses doigts la surface d’un liquide si pur, et de savoir tout le bien qu’il nous procurera dès lors qu’on y trempera les lèvres.”

L’homme d’affaires leva cérémonieusement son verre. Il s’abandonna l’instant d’une gorgée à imaginer les cépages français, à en apprécier le calme et le climat tempéré. Puis il reprit ses esprits.

“Je ne crois pas être si attaché à ce pays, madame Dubois. Enfin si… Je suis attaché à ce qu’il était jadis, et à ce qu’il pourrait être. Tenez, puisque nous en sommes aux breuvages, m’imagineriez-vous un seul instant vous servir de l’eau du Gange ? C’est pourtant l’âme de notre peuple, le plus sacré de tous les fleuves… Mais aujourd’hui, c’est un bourbier. Un long marécage qui s’étire sur la figure de l’Inde comme une cicatrice purulente. Il ne faut plus craindre de dire les vérités, et je sais que vous partagerez mon point de vue : tout ceci est la faute des moldus. Cette vermine ne respecte rien de ce que le pays a d’ancien ou de divin. Les villes ressemblent à des conserves remplies de cafards, incapables de bouger tant ils pullulent et se serrent les uns aux autres. Ils pullulent, partout, et de plus en plus vite.”

Ce n’est pas seulement parce qu’il connaissait la philosophie de l’Organisation qu’il parlait si librement. C’était dans son caractère de s’épandre sans crainte que ses opinions ne soient contestées. De manière plus générale, c’était le luxe des grandes fortunes de ne plus se soucier de ce que le quidam pourrait penser.

“Comme vous pouvez le constater, j’ai largement les moyens de pouvoir échapper à cette prolifération. Sauf qu’en réalité, ces conserves de cafards hantent mes cauchemars, parce que je sais qu’au milieu de chaque millier d’insectes, un sorcier se trouve piégé. Je peux le sauver ; je le dois. C’est la mission qui m’incombe.”

Il prit une nouvelle gorgée de vin rouge, et ajouta.

“Vous, que feriez-vous pour venir en aide à tous ces sorciers perdus ?”

Anciennement Adrian Mander
Directrice adjointe
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Poudlard
Adulte
Titre : Re : Les Mille Gueules de Ravana [Camille Dubois ; Darren Namadi]
Créé : 08/12/2023 à 23:09:39

La sorcière prit à peine une gorgée du vin, laissant une trace écarlate sur ses lèvres. Elle écouta avec un silence attentif les paroles de l'homme, acquiesçant lorsqu'il le fallait et montrant son accord. Sur tous les sorciers rencontrés au fils des années, nombreux étaient ceux qui en avaient assez des moldus. Ces parasites inférieurs qui, en plus de se détruire les uns et les autres, étaient un dangers pour eux, les sorciers. Malgré le fait qu'ils ne possédaient pas de magie, ils développaient des armes bien dangereuses. Et surtout, ceux qui étaient au courant pour le monde magique étaient les pires. Tels des cafards ils pouvaient se faire passer pour faibles et ronger les fondations, les attaquer.

Jahangir partageait cet état d'esprit et ses paroles firent échos aux paroles qu'elle partageait lors des réunions de l'Organisation. Leurs actions se limitaient à l'Europe pour le moment, il y avait tant à faire. Mais ce que révélait l'Indien montrait la nécessité de grandir et de partager leur But à l'international.

« Je ferais ce que je fais déjà, monsieur Namadi, puis-je vous appeler Jahangir ? Appelez moi Camille, en échange. Je ferais donc ce que je fais au sein de mon propre pays, aidé par des sorciers qui comme nous en ont assez de se cacher, qui en ont assez d'être le peuple persécuté. Le cafard est un insecte très intelligent, Jahangir, vous le saviez ? Il peut se faire passer pour mort afin qu'on détourne le regard et alors il en profite pour s'échapper. Il rassemble ses forces et appelle d'autres cafards pour nous affaiblir lentement, tel une maladie lente qui nous gangrène jusqu'à qu'il ne reste que des os brillants et lisses. »

La sorcière eut un demi-sourire, fit tourner le liquide écarlate dans son verre avant de reprendre.

« Parfois, la maladie est trop installée, il ne nous reste qu'à trancher soigneusement le membre, afin qu'elle ne continue pas son infestation, vous voyez Jahangir ? Mais, si nous arrivons assez tôt, alors nous pouvons prendre un cafard isolé et peu importe ses simulations, lui rendre sa véritable place. C'est à dire...»

Au même instant un moustique passa près de la tête de la sorcière et d'un coup de baguette, l'insecte tomba mort à ses pieds. Un sourire figé sur ses lèvres, la mage noire l'écrasa sous le talon de sa chaussure. L'image ne pouvait être plus explicite.

« Vous êtes un homme bon, Jahangir, je ne vous connais pas et pourtant je le sens. Vous vous préoccupez de ces sorciers, et sur ce point nous nous ressemblons. Depuis que je suis jeune, ma mère m'a élevée dans l'optique de rendre le monde meilleur pour nous, les sorciers. C'est ce que je tente de faire à chaque instant de ma vie avec l'Organisation. Afin de rendre hommage aux sorciers qui ont été trop faibles pour se défendre et d'éviter que cela se reproduise. »

C'était une bien belle façon d'édulcorer l'éducation donnée par Cassiopée ainsi que la mort de son petit frère Alexandre. Mais si elle n'avait jamais pardonné à sa génitrice ses actes, la mage noire était suffisamment intelligente pour utiliser le martyre qu'elle avait crée. Tout en reprenant une petite gorgée de vin, elle se rapprocha du sorcier, ses iris pâles se fixant dans ceux de l'Indien.

« Et vous, Jahangir, jusqu'où seriez-vous prêt à aller pour venir en aide à tous ces sorciers ?»


C'est Camille Dubois, évidement.

« You break the rules and become a hero. I do it, I become the enemy. »








































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Serpentard
1re année
Titre : Re : Les Mille Gueules de Ravana [Camille Dubois ; Darren Namadi]
Créé : 09/12/2023 à 22:12:32

A l’évocation de la mère de Camille Dubois, Jahangir afficha un large sourire. C’était encore Cassiopée Dubois qui dirigeait l’Organisation lorsqu’il avait tenté pour la première fois d’élargir son réseau en Angleterre. Cependant, l’arbre n’avait jamais réussi à fleurir suffisamment loin pour que ses branches effleurent Londres. Il avait fallu bien des années pour que celui qui se comparait aux Moghols de jadis entre finalement en contact avec un influent sorcier britannique. Nulle feuille n’avait jailli de cette rencontre, uniquement de gracieux lits de ronces.

“Je suis heureux que vous me parliez de votre éducation, Camille. De çà, du fait d’agir le plus tôt possible. C’est exactement là où je veux en venir. Suivez-moi, je vous prie.”

Derrière lui se trouvait un bélvédère recouvert de plantes grimpantes. Au centre, on avait disposé une table hexagonale recouverte d’un drap de soie, dont les formes laissaient entrevoir un objet massif et aux formes droites, pointues. Jahangir le tira pour découvrir une maquette finement ouvragé : on y voyait sur le flanc d’une montagne un édifice somptueux rappelant le célèbre Fort Rouge de Delhi. Un lieu de pouvoir depuis des siècles. En fait, il était même ici reproduit à l’identique, sa forme simplement adaptée aux reliefs escarpés. Ses murs et son décor dissuaderaient quiconque d’entrer. L’idée même qu’il soit possible d’y pénétrer semblait absurde.

“Chaque année, en Angleterre, vous soustrayez à leurs familles des centaines de jeunes sorciers pour les rendre plus forts. C’est également mon projet : édifier dans le massif himalayen une école qui pourrait accueillir les jeunes sorciers d’Inde. Les soustraire de la misère et de la perdition pour qu’ils puissent enfin se réaliser, devenir les seuls puissants de ce pays. La tâche serait titanesque : il faudrait prendre en charge des centaines de milliers - des millions même ! - d’élèves. J’ai les moyens financiers et logistiques de faire bâtir une forteresse en capacité de les instruire tous et de les loger, sans interruption, du premier jour de leur première année jusqu’au dernier jour de leur dernière année. Avec l’appui du Ministère de la magie indien, je suis même en mesure de retracer l’emplacement de chacun de mes futurs élèves et d’assurer leur transport. Ne vous inquiétez pas sur ce point : la question du Ministère est déjà amplement résolue…”

Le meurtre de Brahma Rohan était-il déjà parvenu à ses oreilles ? Il n’avait pas su définir l’allusion de Camille à des “formes de magie étonnantes”. Peu importe : cette question viendrait à son tour.

“Ce qu’il me manque, ce sont des individus de talent qui sauront à la fois transmettre les savoirs les plus efficaces aux sorciers de demain, et qui leur apprendront l’importance de leur héritage, la nécessité de nous unir tous pour défendre nos droits, notre culture, et notre pouvoir en ce monde. Je sais que l’Organisation a développé depuis un certain temps déjà son champ de recherches et qu’elle cherche à intégrer les écoles de magie du monde. Vous-même avez une place de choix dans ce grand jeu, Camille. Et aujourd’hui, je vous propose que nous bâtissions ensemble la plus grande de toutes ces écoles, capable de concentrer entre ses murs des millions d’élèves indiens. L’Organisation les rendra plus forts, et lorsqu’ils seront adultes, ce sera à leur tour de rendre l’Organisation plus forte, en même temps que ce pays. Qu’en dites-vous ?”

Anciennement Adrian Mander
Directrice adjointe
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Poudlard
Adulte
Titre : Re : Les Mille Gueules de Ravana [Camille Dubois ; Darren Namadi]
Créé : 15/12/2023 à 23:17:11

Le regard pâle de la sorcière s'attardait sur la maquette sans qu’aucune émotion ne se trahisse sur son visage. Legilimens et Occlumens confirmée, la sorcière choisissait soigneusement ce qu'elle laissait paraitre, et ne laissait jamais rien au hasard. Certaines émotions, la majorité, étaient exprimées alors que la mage noire ne les avait que peu ressenti. Mais Camille avait appris comme cela rassurait un pair de lire, ou de penser lire, des émotions familières sur un visage. Ils pensaient qu'ils avaient le pouvoir, le contrôle. Ils ne pouvaient avoir plus faux.

Ses doigts frôlèrent les toits de l'édifice miniature, finalement, la sorcière releva la tête. Un sourire s'afficha sur son visage, un sourire qui paraissait sincère, franc. Il ne s'afficha pourtant jamais dans le regard gelé de la sorcière.

« Une bien bonne idée, Jahangir. Je suis la première à dire que la jeune génération est la clef de notre futur. Ils sont notre futur. Je pourrais effectivement participer à votre projet, vous conseiller des potentiels professeurs, des membres de l'Organisation que je recommanderai personnellement. »

Camille s'éloigna de quelques pas de la maquette pour se retrouver face à l'Indien, un sourire à présent doux sur le visage, son regard pâle semblant soutenir le sorcier.

« Malheureusement, je ne pourrais pas me tenir à vos côtés pour ce conséquent projet en personne, Jahangir. Elle soupira bruyamment. Diriger l'Organisation, prendre part à la direction de Poudlard, l'école de magie de Grande Bretagne, malgré la magie, je ne peux me multiplier. Je dors déjà très peu et profite encore moins de mon époux ou de mes enfants. Mais je soutiendrai de toute mon âme votre projet, mon cher, de toute mon âme. »

La mage noire laissa la ferveur prendre place sur son visage, une flamme dansant dans ses iris que l'Indien serait libre d'interpréter. Sans qu'il ne puisse se douter que l'âme de la sorcière n'était pas vraiment une bonne contre-partie vu l'état de celle-ci.

Sans se démonter toutefois, Camille prit une mine faussement soucieuse, plus vraie que nature évidement.

« Toutefois, il me faudra des assurances, vous vous en doutez. Des assurances plus fortes que des promesses proférées sur des ébauches de rêves. J'ai entendu dire que vous aviez un fils ? Un jeune sorcier prometteur...»

Le sourire de la sorcière se fit soudain carnassier.


C'est Camille Dubois, évidement.

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Serpentard
1re année
Titre : Re : Les Mille Gueules de Ravana [Camille Dubois ; Darren Namadi]
Créé : 16/12/2023 à 15:08:44

Une impression positive gagna l’esprit de Jahangir tandis que son invitée mentionna brièvement sa propre famille. Il était facile au premier abord de le considérer comme un simple entrepreneur raciste et qui courait simplement vers plus de pouvoir. En un sens, c’était bien ce qu’il était. Cependant, il y avait au plus profond de lui un attachement sincère à la notion de famille, et de manière plus générale à tout ce que l’on peut laisser en ce monde, et pour qui le rendre meilleur. Il était rassurant de constater que, malgré ses nombreuses responsabilités et son inquiétante renommée, Camille Dubois était elle-aussi capable de faire la démonstration sincère d’un amour familial. En cela, ils étaient liés et se comprendraient plus facilement. C’est pourquoi des sentiments plus confus submergèrent soudain l’homme d’affaires lorsque la maîtresse de l’Organisation évoqua son fils de façon plus intéressée. Comme d’une marchandise au centre de leur pacte.

“Mon… fils ? Darren ?”

Les doigts de Jahangir serrèrent un peu plus fort la table sur laquelle se trouvait la maquette, comme s’il se trouvait soudain pris d’un malaise. Il se passa rapidement une main sur le front, donnant l’impression d’avoir simplement eu un coup de chaud, avant de se reprendre, la voix légèrement claire et vacillante.

“Je crois que Darren aurait beaucoup à apprendre à demeurer auprès de vous. Si c’est bien ce que vous aviez en tête. C’est peut-être une assurance pour vous, mais j’y vois avant tout un gage de notre amitié en devenir. L’emmèneriez-vous à Poudl… Poudlard ?”

Il s’éclaircit la gorge et prit une gorgée de vin pour retrouver ses esprits.

“Darren Namadi est mon plus grand trésor en ce monde. Vous comprendrez aisément qu’il me faut une assurance à la hauteur de celle que vous me demandez. Serais-je sincère à me soucier de l’héritage que nous laisserions aux millions de sorciers de ce monde si je n’étais pas soucieux du devenir de celui qui est né de ma propre chair ?”

Anciennement Adrian Mander
Directrice adjointe
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Poudlard
Adulte
Titre : Re : Les Mille Gueules de Ravana [Camille Dubois ; Darren Namadi]
Créé : 22/12/2023 à 22:50:00 - Modifié : 22/12/2023 à 22:51:57

Le sourire confiant de la mage noire ne céda pas face à la confusion visible du sorcier. Elle hocha doucement la tête. Elle savait que la jeune génération, les enfants étaient plus qu'un gage de sureté, plus qu'une assurance, s'ils étaient baignés dans l'Organisation dès leur plus jeune âge. Matka en était la preuve vivante, maintenant travaillant pour un des laboratoire de recherche sur la magie. Hope ou Catherine évidement, et puis... Lyanna. Lyanna avait été parfaite.

« Je pourrais effectivement le faire inscrire à Poudlard. Si la séparation est trop dur pour vous, je pensais seulement à quelques semaines en France avec moi et ma famille, mes enfants. Je pourrais ainsi le familiariser avec la culture européenne et l'Organisation. C'est quelque chose que je propose souvent aux familles étrangères qui collaborent avec l'Organisation. Ainsi, leurs héritiers prennent également conscience des liens qui nous unissent, malgré la distance physique. C'est une assurance pour moi car j'aurai l'occasion de lui présenter nos buts, nos envies et sans passer par des intermédiaires, mais c'est également une chance, un honneur. »

La voix de la Légilimens était caressante, doucereuse, ce n'était pas la première fois qu'elle présentait ce deal. Rares étaient ceux qui refusaient. Sa réputation dans le monde magique, ses relations, de nombreuses familles considéraient l'insertion de leur héritier comme des pupilles.

« Si mes enfants se lient avec Darren, nous pourrions envisager de vous les envoyer également quelques semaines pour qu'ils découvrent votre pays. Mais je dois vous prévenir, ce sont des monstres. Mon époux les gâte trop, surtout notre fille Margaret qui ne rate pas une occasion de faire une bêtise lorsqu'elle se présente. Azar tente de calmer sa sœur, mais il se laisse très facilement influencer. »

Un sourire affectueux se peignit sur son visage pour accompagner ses paroles. D'un point de vue extérieur, Camille semblait réellement une mère exemplaire. Rien à voir avec les difficultés qu'elle avait de lier un lien avec Azar qui lui rappelait sa mère biologique, Opale Tal Moundine, plus il grandissait, ou avec Margaret dont le comportement lui rappelait constamment Lyanna. Elle n'avait même pas parlé de la possibilité de les envoyer ici avec Stefan, mais le descendant de vélane devrait bien s'habituer à couper le cordon. Lui au contraire, n'avait pas à faire semblant pour passer pour un papa poule.

« Vous seriez donc intéressé pour qu'il fasse une partie de ses études à Poudlard ? Au moins le temps que votre projet soit aboutit. Je ne sais pas si je pourrais envoyer mes enfants aussi loin, aussi longtemps. »




C'est Camille Dubois, évidement.

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Serpentard
1re année
Titre : Re : Les Mille Gueules de Ravana [Camille Dubois ; Darren Namadi]
Créé : 30/12/2023 à 18:20:38

Le jasmin de minuit et le lotus noir embaumaient le jardin d’hiver, qui se trouvait à l’opposé de la demeure. Dans un fauteuil moelleux bordé d’accoudoirs en ivoire, le jeune Darren lisait une version romancée du Râmâyana, un récit épique sur un héros parti retrouver sa bien-aimée sur l’île du roi des démons, Ravana. C’était l’un des romans préférés de sa mère. A l’autre bout du salon, Shurpanakha Rakshasi Namadi agitait sa baguette magique avec une grande concentration. Son oeil gauche était clos, et un bouchon de cire se trouvait dans son oreille droite. Elle était comme divisée entre la discrétion de ce petit salon et l’ombre de son mari, dans laquelle elle se cachait : elle voyait et entendait tout de cette rencontre avec la dirigeante de l’Organisation, tandis que Jahangir parlait pour elle sous le contrôle de l’Imperium.

La plupart du temps, elle se contenterait de lui donner des instructions sur ce qu’il devait dire ou non, ce qu’il devait faire ou pas, les conditions d’un marché éventuel qui étaient acceptables et celles qu’il devait à tout prix refuser. Ce n’était pas un imbécile, il avait bien su s’enrichir de lui-même et disposait de solides compétences en matière de négoce ou même de théâtre. Mais cette fois-ci, les enjeux étaient trop importants. L’Organisation se montrerait l’alliée la plus solide pour donner naissance à la plus grande école du monde asiatique et gagner les générations futures à leur cause. Cependant, dans le cas le plus extrême, c’était un partenariat dont elle aurait pu se passer. Avec difficulté, certes, mais cela restait possible. Le véritable enjeu de cette rencontre se situait ailleurs.

[ Darren… ]

Que Camille Dubois ait connaissance de l’existence de leur fils l’avait surprise, et le sort impardonnable avait alors vacillé. Il s’était alors passé quelques instants lors desquels sa présence dans les jardins s’était évanouie et où seul son mari avait le contrôle, mais l’empreinte de l’Imperium était restée suffisamment vivace pour qu’elle puisse reprendre la main sans se rendre sur place. Il était hors de question qu’elle mette en péril sa couverture : c’est ce qui lui avait permis jusque-là de contrôler des individus parmi les plus puissants du pays sans qu’on ne puisse jamais remonter jusqu’à elle. Officiellement, elle n’était que l’épouse sans histoire et sans ambition d’un homme fortuné. Ce jeu de dupes lui avait ainsi permis de tromper la vigilance de l’autre britannique qui avait jadis franchi le seuil de cette maison.

Shurpanakha ne pouvait se résoudre à abandonner Darren aux griffes de cette sorcière. Certes, Camille Dubois n’avait pas mauvaise réputation sur ce point, mais le jeune garçon représentait l’une des rares choses en ce monde qu’elle refuserait de risquer dans un marchandage. Elle était alors prête à décliner poliment et faire une contre-proposition lorsqu’elle entendit un nom, Azar.

[ S’agirait-il de… ? ]

Ouroboros paierait cher pour cette information. Peut-être même davantage si elle parvenait à mettre la main sur lui. Cela impliquait de confier Darren à cette femme et qu’il ne devienne son otage si ses plans étaient découverts. Le risque était énorme, mais les récompenses qui s’offraient à elle méritaient qu’elle considère au moins cette option.

“Darren, mon grand. Va chercher ta cape et ta baguette. Nous n’allons pas tarder à sortir.”

Le garçon releva les yeux du livre, surpris. Ce genre d’annonces de dernière minute n’était pas dans les habitudes de sa mère. D’ordinaire, leurs journées étaient minutieusement écrites, elle s’en assurait toujours.

“Est-ce que le travail de père est plus long que prévu ?”

“En quelque sorte. Il ne viendra pas avec nous en tout cas.”

Darren se releva aussitôt. Il n’était jamais question de remettre en question les ordres de sa mère. Il posa l’épopée sur la table d’appoint et s’éloigna en direction de sa chambre. Avant de sortir du jardin d’hiver, il se risqua toutefois à un élan de curiosité.

“Et où allons-nous ?”

Shurpanakha se retourna vers lui sans mot dire. Son unique œil ouvert croisa le regard incertain du garçon, qui sut qu’il n’avait rien de plus à attendre de sa part et partit. Seule, la sorcière se concentra pleinement sur l’entretien avec Camille Dubois. Les lèvres de son mari s’ouvrirent de nouveau :

“Ce n’est pas que la séparation me soit trop difficile… Enfin, peut-être un peu. Je ne suis qu’un père, et Darren est mon unique enfant. Il est toujours nécessaire de faire confiance à ses enfants pour qu’ils apprennent à voler de leurs propres ailes, n’est-ce pas ? Darren aurait grand intérêt à apprendre auprès d’une sorcière d’exception telle que vous ; ce n’est qu’ainsi qu’il se montrera capable de guider ses compatriotes vers un avenir plus juste et plus sûr. Je serais ravi qu’il vive sous votre toit et de moi-même accueillir vos enfants. L’Inde est un pays ancien, riche d’enseignements que les Européens ne soupçonnent pas. La magie, en ces terres, prend parfois des formes surprenantes…”

Jahangir en vint alors au point qui intéressait le plus son épouse.

“Le Ministre de la Magie indien a été assassiné il y a quelques jours, le saviez-vous ? Un égalitariste pro-révélation, un infâme bonhomme plein de bonne morale qui rêvait de voir le Secret Magique levé sous son mandat. Il est mort, de façon assez symbolique je dois dire. Et c’est moi qui l’ai tué. Voudriez-vous savoir comment ?”

Anciennement Adrian Mander
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Titre : Re : Les Mille Gueules de Ravana [Camille Dubois ; Darren Namadi]
Créé : 01/02/2024 à 21:54:57

La légilimens ne se doutait pas de la manipulation de l'homme, les émotions de celui-ci se lisait clairement sur son visage et elle n'avait pas tenté de s'introduire dans son esprit. Pour l'instant. Elle avait bien remarqué le changement de ton, d'attitude, de l'homme en face d'elle à la mention de son fils. Mais par arrogance, habitude, la mage noire prenait seulement cela pour de la surprise. C'était un peu l'ironie de son existence, à force d'être en contact avec des sorciers qu'elle considérait comme moins intelligents, elle en devenait négligente.

Un sourire satisfait naquit même sur ses lèvres, c'était trop facile. L'homme lui confierait son enfant. Elle agrandirait l'Organisation. Simple. Plus de pouvoir. Plus de contrôle.

Sourire qui s'éteignit assez rapidement lorsqu'elle entendit la suite. Un sourcil solitaire s'éleva sur son visage, sur son regard qui devint méfiant. Qui était assez stupide pour avouer un meurtre à une inconnue ? Car même s'ils avaient parlé d'avenir, de projets, d'enfants, il n'était encore un étranger. Ils n'avaient pas établit de pacte garantissant une certaine discrétion. Surtout un meurtre aussi important que le ministre Indien.

La main de la mage noire agrippa sa baguette. Il n'y avait qu'une seule raison pour laquelle Jahangir Namadi lui dirait ainsi la vérité : c'est qu'il ne pensait pas qu'elle aurait les moyens de la diffuser. Car c'est bien ainsi que marchait le monde d'après elle.

Le changement fut subtile, son regard se glaça, son sourire ne fut plus chaleureux, ni confiant. Il n'était que déterminé. Une expression de pitié passa dans ses pupilles, ou bien était-ce seulement un reflet ? Quoiqu'il en soit, sa baguette se tendit et un éclair en sortit presque immédiatement. Des cordes épaisses s'enroulèrent autour de l'homme alors que la mage noire s'avançait de son pas presque félin. D'un autre coup de baguette une chaise apparut derrière lui, le forçant à y prendre place.

« Oh Jahangir, notre collaboration avait pourtant si bien commencé, sussura-t-elle en remettant d'un doigt une mèche de cheveux qui avait glissé sur le visage de l'homme. A vrai dire, je me fiche complétement du meurtre de ce ministre, il n'était qu'un idiot parmi tant d'autre. Surtout pour croire que la révélation pourrait se passer "dans la paix" avec les moldus. Si vous m'aviez révélé ce fait plus tard, peut-être vous aurais-je même servit moi même un verre de vin, pour le fêter. Mais, là, maintenant ? J'ai deux hypothèses, ou bien vous êtes un idiot vous aussi, ce que cette conversation contredit, ou bien vous mentez et ceci n'est qu'un piège. Dans les deux cas, vous découvrirez que je déteste être manipulée. »

Elle soupira, sa baguette descendit jusqu'aux tempes de l'homme.

« Je ne rendrais pas cela douloureux, mais cela ne dépend que de vous, mon petit, roucoula la mage noire avec un sourire presque affamé. Oui elle avait hâte. Hâte de ressentir. Donnez-moi la vérité, Jahangir. Legilimens. »





C'est Camille Dubois, évidement.

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Serpentard
1re année
Titre : Re : Les Mille Gueules de Ravana [Camille Dubois ; Darren Namadi]
Créé : 10/02/2024 à 18:58:05

Dès les premiers mots que prononça Camille, Shurpanakha sentit un courant glacé couler dans son dos, ses vertèbres et ses membres se raidir, et ses tempes battre frénétiquement. Elle comprit vite son erreur : avoir présumé que la dirigeante de l’Organisation était ambitieuse en tous points, qu’il s’agisse d’étendre ses connaissances en matière de magie offensive ou bien d’éliminer ses adversaires sans s’embarrasser de questions morales. En bref, que les deux femmes se ressemblaient l’une et l’autre. Durant la moitié de sa vie, la pendjabie pouvait à peine prétendre avoir du pouvoir sur sa seule existence, alors pourquoi reculer dès lors qu’elle pouvait s’élever au sommet d’une nation profondément injuste ?

Mais Camille Dubois ne s’offusquait finalement pas du manque de vertu de son interlocuteur. Elle était simplement paranoïaque. Shurpanakha songea un instant que c’était un mal fort répandu dans les milieux les plus occultes du monde magique, avant de pester à sa propre encontre : ne se cachait-elle pas dans l’ombre des hommes pour se prémunir du danger ? Après tout, cette méthode avait toujours fonctionné jusqu’alors, et même l’autre britannique s’était laissé prendre au piège quelques années plus tôt. Ainsi, cette sorcière pensait avoir affaire à un traître ou un idiot ? Shurpanakha n’avait que quelques secondes pour décider de l’hypothèse que son époux devrait ensuite confirmer. Voudrait-on conclure un pacte aussi important avec un imbécile ? Si Jahangir voulait piéger Camille Dubois, comment s’y serait-il pris et pour quel motif ? Quel rôle jouerait dans pareil complot la révélation d’un meurtre ?

Prise dans ces quelques instants de réflexion affolée, Shurpanakha baissa sa garde au pire moment. Donnez-moi la vérité, entendit-il soudain. La légilimancie traversa son mari comme un torrent ensorcelé, courant le long de l’Imperium pour abattre les défenses de son propre esprit.

*

La première chose que ressentit Camille Dubois, c’était la panique d’une femme courant sur le flanc d’une montagne. Elle tirait le bras d’un jeune garçon - visiblement en âge d’entrer à Poudlard - et se précipitait vers un empilement de ruines rectangulaires se chevauchant les unes les autres. Quelques ornements et la présence de cloches rituelles permettaient de présumer que cette structure était un monastère abandonné, quelque part dans les montagnes au nord du pays. La neige et les reliefs escarpés rappelaient la maquette que Jahangir avait montrée quelques minutes plus tôt.

La peur était omniprésente, elle habitait entièrement cette courte vision. Comme s’il s’agissait de quelque chose de plus vivace qu’un simple souvenir. Plutôt comme une échappatoire. Camille ne put en voir davantage, car elle se sentit brusquement tirée en arrière, ramenée à une vision différente où la même femme se trouvait dans ce salon, face à Jahangir qui détournait le regard.

“Jahangir ? Je voudrais être certaine d’avoir toute ton attention.”


Les mots de la sorcière quinquagénaire étaient cordiaux, mais le ton sévère. Jahangir n’osa pas lever la tête et se contenta de bredouiller timidement un oui. L’inconnue poursuivit :

“Rappelle-moi donc : si je devais par inadvertance perdre la main sur cette entrevue, que dois-tu révéler au sujet du Pitradeva ?”

“Rien... Je dois seulement parler du meurtre. Je dois seulement la faire mordre à l’hameçon. Je ne dois communiquer aucune information inutile avant d’avoir obtenu ce que je… ce que tu veux.”

“Et qu’est-ce que nous voulons, Jahangir ? Quel est le prix fort modeste que tu lui demanderas en échange ?”

“Je dois... Je dois lui demander de se souvenir. De se souvenir du jardin des roses.”

Ce souvenir est lui-même hanté par la peur, mais ce n’est pas celle de Shurpanakha. Jahangir semble terrifié par son épouse. Camille Dubois ne s’en est peut-être pas rendue compte, mais Shurpanakha, elle-même fine manipulatrice, est parvenue à se libérer à temps de la legilimancie pour prendre la fuite. L’esprit de Jahangir est quant à lui à la merci de la curiosité de Camille, qui pourrait aisément poursuivre son voyage mental si elle le souhaitait.

Anciennement Adrian Mander
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Poudlard
Adulte
Titre : Re : Les Mille Gueules de Ravana [Camille Dubois ; Darren Namadi]
Créé : 11/02/2024 à 02:22:02

Malgré ses menaces, l'intrusion de Camille dans l'esprit de Jahangir n'est pas douloureuse, dérangeante oui, mais pas douloureuse. Elle tente de revoir le premier souvenir auquel elle avait eu accès, cette fuite, de la femme de Jahangir. Mais devant cette impossibilité, Camille comprends ce qu'il s'est passé. Quelques souvenirs décortiques en plus et tout devient clair.

La mage noire sort de l'esprit du sorcier, la colère brille dans ses iris, ainsi qu'une pointe de curiosité. Si elle jugeait Jahangir comme un idiot finit, ce n'était pas le cas de sa femme, ou de ce qu'elle avait entrevue dans l'esprit de celui-ci. Un silence s'installa dans la pièce, un silence seulement brisé par le tapotement rythmique des ongles de la sorcière sur sa baguette. La tension fut brisée par comme un souffle qu'on expire, une décision prise.

« Je ne vous tuerai pas Jahangir, fit la mage noire d'une voix doucereuse. Messager vous étiez, messager vous serez. Vous attendrez le retour de votre femme pour le lui transmettre. Lorsqu'elle aura finit de se cacher avec son petit garçon. Elle s'approcha, l'ordre fut murmuré autant à son esprit qu'à voix haute. Il n'aurait pas le choix. Dites lui que je l'attends, chez moi, en France. Et pas un de ses pantin, c'est à elle que je veux parler, que j'accepterai de parler. Si vous tenez à votre projet d'école, il ne tiendra qu'à elle de m'en persuader. La mage noire se pencha vers le sorcier, son souffle caressant l'oreille de l'homme. Assurez-lui que je me souviens très bien du Jardin des Roses et de la personne qui m'y avait conduite.»

Sans prévenir, la sorcière se redressa et après un dernier sourire qui promettait milles tortures, elle disparut dans un craquement.

* * *

Il lui fallut évidement plusieurs portoloins, heures, pour rejoindre sa demeure en France. Stefan et les enfants dormaient profondément et la sorcière ne les réveilla pas. Elle se dirigea plutôt dans son bureau, se débarrassa de sa cape de voyage et attira à elle plusieurs lourds dossiers. Seule, elle s'autorisa à soupirer, sachant la tache qui l'attendait. Elle n'avait pas seulement découvert l'habile manipulation de Shurpanakha dans l'esprit de son conjoint, mais cette discussion troublante, pour lui rappeler un souvenir de son adolescence.

Une pensine flotta à ses côtés, et durant plusieurs heures la mage noire revivait des souvenirs bien particulier. Ensuite, alors que l'aube éclairait le bureau de bois sombre de ses premiers rayons de soleil, elle se mit à lire attentivement des notes glissées dans un dossier. Après la mort d'Opale, elle avait eu accès à des informations gardées par celle-ci, et pour cette figure de leur passé, ce n'était pas négligeable.

Camille n'était plus l'adolescente encore naïve qu'elle avait été dans le Jardin des Roses. Elle ne cherchait plus désespérément un soutiens car sa propre puissance était reconnue et crainte. Peut-être fut-elle la plus surprise de sentir tout de même une pointe d'appréhension au fond de son esprit, bien vite contrôlé évidement. La peur n'était pas au programme pour la cheffe de l'Organisation.

D'un geste de baguette, elle referma le dossier et le remis à sa place, protégé par plusieurs sortilèges impénétrables. Toutefois, le titre, les lettres, dansaient encore dans son regard. Le prénom et le nom d'un sorcier qu'elle pensait disparu, et dans le meilleur des cas mort. Un sorcier intimement lié au Jardin, mais dont elle ne voyait pas le lien avec le couple indien. Un sorcier dont le nom attisait presque autant sa curiosité que sa crainte.

Adrian Mander.


C'est Camille Dubois, évidement.

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Serpentard
1re année
Titre : Re : Les Mille Gueules de Ravana [Camille Dubois ; Darren Namadi]
Créé : 12/02/2024 à 16:43:22 - Modifié : 12/02/2024 à 16:44:06

“Ici, le Maître des Runes, c’est moi.”

Ces mots furent parmi les derniers que le sorcier nommé Adrian Mander avait adressés à Camille Dubois. La jeune sorcière n’était encore qu’à l’aube de son parcours, tandis que celui de “l’Auror aux yeux vairons” plongeait dans son crépuscule. Ce jour-là, il avait emmené l’héritière de l’Organisation sur une île reculée où différentes races de détraqueurs protégeaient un artéfact lié à leurs origines : une baguette recouverte d’épines, cachée au milieu d’une vaste étendue de roses. Longtemps, son idéal de justice consistait premièrement à se venger de Jesse Riders, le mage noir qui avait d’abord brisé sa famille, puis sa carrière parmi les aurors en le piégeant dans une foule en colère au village de Crookwall. Mais lorsqu’il avait appris la disparition de sa Némésis, il lui avait fallu se trouver un nouvel adversaire. C’est au monde entier qu’il avait choisi de s’opposer pour tenter de le réformer et de créer un bien parfait où des groupes comme l’Ordre de Baleful ou l’Organisation n’auraient plus leur place.

Il s’était alors mis en quête d’un pouvoir suffisamment grand pour donner vie à ses plus grandes ambitions. Il avait d’abord rusé pour graver à son insu une rune dans l’esprit de James Edward Bates, directeur de Poudlard, afin de se faire une place au château. Puis il s’était emparé de la baguette des ronces et asservi les détraqueurs pour ses projets à venir. Enfin, il avait fait d’une pierre deux coups en écartant l’un de ses adversaires, Archie Oberlin, en l’accusant du meurtre du Ministre de la Magie. Son influence et sa stature d’homme fort et radical lui avait valu le soutien des autorités pour prendre temporairement le gouvernail de l’état.

Parmi les informations confidentielles que la mort d’Opale avait rendues disponibles à Camille Dubois, il y avait quelques échanges écrits entre le nouveau Ministre et sa protégée qui concernaient la cheffe de l’Organisation. Adrian la craignait de plus en plus, pour les mêmes raisons qu’il avait autrefois tenté d’éliminer Archie Oberlin : les trois sorciers avaient en commun d’être les rares personnes du monde magique à combiner une excellente maîtrise des runes avec un exercice tout aussi expert de la legilimancie. Si Archie ou Camille voulaient lui nuire, ils seraient en mesure de tirer le fil des nombreuses Runes d’obéissance dont le directeur Bates avait été le premier cobaye et qu’Adrian avait ensuite semées dans le monde pour s’assurer un solide réseau pour fonder sa société rêvée. Des membres parmi les plus éminents des grandes communautés sorcières de la planète auxquels il avait soustrait toute possibilité de tenter quoi que ce soit qui soit contre ses intérêts. La Rune d’obéissance ne les avait pas entièrement privés de leur libre-arbitre, simplement de toute possibilité de le combattre ou le trahir.

Ces runes étaient-elles toujours actives ? Cela faisait plusieurs années que le sorcier aux yeux vairons avait disparu. Brûlé tel Icare se rapprochant du soleil, il avait progressivement succombé à la corruption de la baguette de ronces. Sa chair et son esprit se délitaient petit à petit, et les ennemis qu’il avait semés sur sa route avaient fini par le rattraper. Officiellement, l’ancien Ministre était porté disparu, mais les dossiers d’Opale à son sujet confirmaient qu’Adrian Mander avait été tué dans la baie de Venise par une créature à laquelle il avait lui-même donné naissance. Le pouvoir était revenu entre les mains de la sorcière en qui il avait accordé la plus grande confiance, et son nom était progressivement tombé dans l’oubli. Désormais, cela faisait bien des années qu’il n’était plus “le Maître des Runes”.

On informa soudain Camille Dubois qu’une femme vêtue d’un sari noir s’était présentée à l’entrée de la résidence comme son “invitée”. Shurpanakha, étonnamment, n’avait attendu que quelques jours - moins d’une semaine - pour accepter les conditions de son hôte pour une nouvelle rencontre. Elle était venue seule, sans mari ni enfant. Contrairement à l’Auror aux yeux vairons, au physique élancé, aux yeux perçants, enroulé dans une large cape émeraude couverte de runes, Shurpanakha avait une allure bien plus discrète, et peu de gens auraient détourné le regard à son passage le long du Chemin de Traverse. Peut-être même ne l’avait-on pas tout de suite cru lorsqu’elle s’était présentée, tant elle semblait une alliée bien peu charismatique pour la maîtresse de l’Organisation.

Anciennement Adrian Mander
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Poudlard
Adulte
Titre : Re : Les Mille Gueules de Ravana [Camille Dubois ; Darren Namadi]
Créé : 12/02/2024 à 22:51:03

Un des vieil elfe de maison de la famille Dubois avait accueillit la jeune femme, l'accompagnant dans un petit salon destiné aux invités. Contrairement à d'autres qui attendaient Camille de longues minutes, durant lesquelles parfois, des portraits curieux venaient discuter, Shurpanakha n'eut pas à attendre une minute. Avant même qu'elle n'eut le temps de prendre place dans un des canapés de la pièce, la mage noire passa la porte. Elle était également habillée en noir, mais d'un pantalon à la matière souple comme du cuir, de bottes hautes jusqu'aux genoux et d'une tuniques dont les manches évasées laissaient apparaitre des entrelacs sombres ainsi qu'une rune gravée dans sa peau. Elle ressemblait à la rune Pertrho, mais était modifiée. La Rune de l'Organisation.

La sorcière dévisagea l'autre femme pendant deux longues secondes, son regard pâle semblant pouvoir traverser les épaisseurs de tissus du sari. A peine s'avançait-elle pour inviter Shurpanakha à prendre place qu'une théière fumante apparut ainsi que des petits pots contenant probablement sucres et crème. Un thé noir préparé à l'anglaise donc.

« Je suis heureuse de faire enfin votre connaissance, susurra la mage noire alors qu'elle versait un thé noir parfumé aux fleurs dans deux tasses de porcelaine, d'un geste de baguette. Quoique, pouvons-nous dire que nous nous sommes déjà rencontré par un intermédiaire ? Très malin d'ailleurs, je n'aurai probablement rien remarqué si je n'étais pas entré dans son esprit. »

Un sourire trainait sur son visage sans l'égailler, admettre la force de la sorcière était tout autant un compliment qu'une façon de faire comprendre à celle-ci qu'elle ne la prenait pas du tout à la légère. Camille releva le regard du thé, en plantant ses iris aussi pâle que la glace dans ceux de l'indienne. Elle lui tendit pourtant simplement la tasse tout en prenant la sienne pour s'installer dans un des fauteuils de velours.

« Parler du meurtre était un peu prématuré, même si votre mari est un idiot, continua-t elle avec un sourire qui cette fois montrait que son opinion de la gente masculine n'était pas bien haute. Peut-être un point commun avec cette discrète sorcière. Vous êtes une femme intelligente Shurpanakha, et je suis sûre que dans vos enquêtes dans ma personne, vous avez remarqué que je suis entourée majoritairement de femmes. Des sorcières que j'ai élevés comme mes filles pour certaines. Vous auriez probablement eu plus de confiance de ma part si c'était vous qui vous vous étiez présenté. Mais passons, maintenant vous êtes là, et nous allons enfin pouvoir parler entre femmes dotées de raison et d'esprit. Nous allons pouvoir être honnêtes et probablement vous allez commencer par me dire ce que vous savez du Jardin des Roses et pourquoi celui-ci vous intéresse-t il ?

Un sourire entendu ainsi qu'une gorgée de son thé brulant termina la tirade de la mage noire. Sa baguette était soigneusement rangée dans sa manche mais un seul geste était nécessaire pour l'avoir à nouveau en main. Et même si Camille était, comme elle se l'avouait, plutôt tendre avec la gente féminine, elle se méfiait grandement de la sorcière qui avait voulu par une fois déjà, la manipuler.



C'est Camille Dubois, évidement.

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Serpentard
1re année
Titre : Re : Les Mille Gueules de Ravana [Camille Dubois ; Darren Namadi]
Créé : 18/02/2024 à 14:50:52

Il n’était pas facile de se lier d’amitié avec une personne aussi peu avenante que Shurpanakha. La remarquer parmi la foule n’était pas simple, mais tenter de percevoir une quelconque émotion sur son visage se révélait tout aussi ardu. La sorcière pendjabie n’était toutefois pas apathique, elle restait prudente en toutes circonstances, ne laissant deviner les reliefs de sa personnalité qu’en cas de nécessité et conservant ses faiblesses ensevelies au plus profond d’elle-même. Toute manifestation de bienveillance ou d’amusement de sa part relevait toujours d’une agréable surprise, tandis que le mépris ou les reproches qu’elles pouvaient démontrer se faisaient aussi glaçants que possible.

“C’est une erreur de croire que le simple fait d’être des femmes devrait être un gage de confiance aveugle entre nous, Miss Dubois. Bien d’autres choses nous séparent pour le moment. Tenez, ce petit goûter que vos domestiques se sont donné la peine de servir. Vous autres, européens, avez été jusqu’à répandre la guerre et l’opium en Chine pour vous assurer que vos tasses soient toujours remplies. Opium que vous faisiez d’ailleurs pousser dans mon pays… Et je crois qu’il ne sera pas nécessaire d’évoquer l’histoire sordide du sucre.”

Le ton de Shurpanakha n’était pas agressif, toutefois il se dégageait de chaque mot une assurance à toute épreuve. Aucune pause entre chaque mot, des syllabes correctement articulées, une respiration maîtrisée… Avait-elle imposé une pareille discipline dans l’éducation de son fils unique ?

“Pour parvenir à un accord durable, nous devons être à la fois conscientes de ce qui nous rassemble et ce qui nous sépare. Il n’existe nulle part en ce monde où, en tant que femmes, nous ne devions pas nous battre nous conquérir nos droits et notre estime ou pour les conserver. Sur ce point, je vous rejoins. En revanche, je tiens à m’assurer que votre vision d’un monde plus juste et la mienne se rejoignent. J’ai beau être l’épouse d’un homme fortuné, je reste profondément attachée à mes origines. Le Pendjab est une terre que les britanniques ont brisée, et mes ancêtres autrefois prospères ont tout perdu le jour où ils ont refusé la colonisation et se sont réfugiés dans les montagnes. Pendant ce temps, les Sangs-Purs du vieux continent ont orchestré deux guerres dans un entre-soi bourgeois, complotant à l’abri des manoirs et des couloirs dorés des Ministères. Évidemment qu’ils ne pouvaient qu’échouer, et le Survivant n’y est pour rien là-dedans. Nous devons trouver les sorciers abandonnés dans la pénombre, chérir chacun d’entre eux, l’armer comme nous armerions nos propres enfants. Alors seulement pourrons-nous briser tous ensembles les chaînes qui entravent le Monde Magique. Ces sorciers des ombres, l’Inde en compte des milliers - des millions, même !”

Fondamentalement, ses paroles étaient les mêmes que celles que son époux avait prononcées plus tôt. Malgré la manipulation d’alors, les désirs révolutionnaires de Shurpanakha étaient sincères. Elle était sincèrement persuadée d’œuvrer pour le plus grand bien, ce qui la rendait d’autant plus dangereuse.

“Ne faites pas la même erreur que votre compatriote en sous-estimant l’Inde, Miss Dubois. Contrairement à vous, le Sorcier aux Yeux Vairons s’est laissé berner par ma ruse. Il a voulu s’assurer du soutien de mon époux en gravant une rune par la légilimancie. Il était tellement convaincu que sa vision du monde et des gens qui l’habitent était juste qu’il n’a même pas compris que mon mari, malgré son immense fortune, n’est rien d’autre qu’un Cracmol. C’est moi, la source de toute magie dans notre foyer. Mais je ne lui en veux pas : un sorcier, malgré son incompétence, reste un sorcier auquel nous devons donner sa chance. Les Moldus sont déjà trop nombreux pour que nous leur abandonnions davantage des nôtres avec ce genre de considérations. Chacun d’entre nous est digne d’intérêt. Vous, tout particulièrement...”

Elle tapota la baguette sur la théière, qui lévita doucement de quelques centimètres et se pencha. Le thé s’écoula le long d’une gouttière invisible, traçant dans les airs une forme circulaire dont les gouttes de boisson esquissèrent les détails. Un serpent de darjeeling semblait se mordre la queue.

“Lorsque vous étiez adolescente, Adrian Mander a tenté de faire pression sur vous, votre famille et votre Organisation en vous emmenant dans le Jardin des Roses. Une belle démonstration viriliste de sa part, je dois dire, afin de rappeler à tous qu’il partageait peut-être vos ambitions, mais devait rester seul à tenir le gouvernail du plus grand bien. Mais aujourd’hui, l’Augurey s’est éteint et a laissé tous ses soutiens - ou ses sujets - orphelins de leur héros sacré. Mon mari fait officiellement partie de ce réseau qu’Adrian Mander s’était autrefois constitué, sous le pseudonyme de Ravana.”

Le serpent de thé cessa soudain de se mordre la queue. Il tourna légèrement la tête et siffla vers Camille, avant de retomber aussitôt dans sa tasse en éclaboussant la table.

“La tête de l’hydre a été coupée, mais une autre repoussera toujours. Un sorcier qui se fait appeler l’Ouroboros semble œuvrer pour redonner vie à ce réseau que l’Augurey a tissé de par le monde. J’ignore qui il est, et quelles sont ses motivations exactes. Ce que je sais, en revanche, c’est qu’il est prêt à payer très cher pour collecter tous les souvenirs liés à Adrian Mander. Y compris les vôtres.”

Anciennement Adrian Mander
Directrice adjointe
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Poudlard
Adulte
Titre : Re : Les Mille Gueules de Ravana [Camille Dubois ; Darren Namadi]
Créé : 17/03/2024 à 14:37:18

Désolé pour mon retard impardonnable.


Même si Camille sentit un léger mécontentement au sein de son cœur gelé à la réponse de son interlocutrice, cela ne se vit pas sur son visage pâle. Comme toutes les sorcières privilégiées, Camille traitait les horreurs dont parlait Shurpanakha avec détachement. Cela ne l'avait jamais touché directement, elle ne se posait que bien peu la question d'où venait le sucre qui couvrait ses gâteaux, ou bien la vanille qui composait son arôme. Tant qu'elle en avait en profusion pour son propre plaisir, si du moins elle en ressentait, la mage noire ne se posait pas beaucoup plus de question sur l'éthique. Mais Camille, si elle n'avait pas une grande morale, était fine manipulatrice. Elle nota donc le point dans son esprit, ne craignant pas du tout de mentir pour s'attirer une potentielle sympathie.

Malgré cette différence notable entre les deux jeunes femmes, une les rassemblait pourtant. Ce désir puissant de rassembler, de former, tous les sorciers. Peu importe leur origine, il était Magie. Il faisait partie d'un même tout qu'il convenait de chérir, de protéger.

« Je pense que malgré les erreurs de mes ancêtres, nous parviendrons à nous entendre, Shurpanakha. » Fit simplement la sorcière d'une voix trainante, attendant un peu plus que des paroles pour se prononcer. Des révolutionnaires, il y en avait beaucoup, et celle-ci démontrait qu'elle avait au moins, plus d'intelligence que la plupart de ses confrères.

Toutefois son intérêt monta en flèche lorsque la sorcière se mit à parler d'Adrian Mander. Son regard se durcit à la mention de la rune, une pratique ignoble qui réussissait à sa mention à fissurer le masque glacial de la mage noire. Cassiopée avait été de ces sorciers pensant esclavager ses soeurs et ses frères, sa fille, grâce à la magie runique. Camille l'avait haït pour ce geste. Elle l'avait tué pour ce geste. Avait brisé son âme à jamais pour cela. Sa rune sombre, agrémentée d'autres à présent, sembla bruler à ce souvenir, dans le creux de son coude.

Un sourcil solitaire se leva sur son visage lorsqu'elle vit l'Ouroboros, puis la mention d'un sorcier la recherchant. Pour ses souvenirs. Cette fois-ci on ne put rater le mécontentement sur son visage, même si elle était à présent une des meilleures Legilimens de France, et peut-être d'Europe, Camille détenait toujours une relation conflictuelle avec cette magie de l'esprit. Elle ne livrerait pas ses souvenirs gratuitement, et encore moins sans en comprendre tout à fait les tenants et aboutissants.

« Enlevons nos masques quelques minutes, ma chère, soyons claires et nous pourrons peut être aboutir à quelque chose. Vous ne me parlez pas de ce réseau, ce Ravana, sans arrières pensées. Vous êtes ambitieuse et intelligente, ne vous méprenez pas je ne vous flatte pas gratuitement, c'est un fait. Je sais reconnaitre une femme de cette trempe-là. Un sourire fleurit sur son visage, comme pour appuyer ses propos grâce à sa propre personne. Si nous avons un morceau de fer en commun dans notre alliage, je peux affirmer que vous êtes intéressé par ce Ravana car vous voulez en prendre le contrôle. »

Le pouvoir, à la fin, il n'était question que de pouvoir finalement.

« Et je dois dire, qu'avoir une alliée présentant un réseau dans l'Inde et les pays environnant, prônant le même but, se battant pour la magie, est plus intéressant que juste un énième riche sorcier. »

Des sorciers riches, des donateurs, des sangs-purs, Camille en avait déjà. A profusion ou du moins assez pour financer ses petites recherches. De plus, à présent que l'Organisation avait ses propres bénéfices, elle avait bien plus besoin de véritables alliés. Des alliés qui agissaient. Shurpanakha pouvait être ce type d'allié.

« Toutefois, vous me parlez de ce sorcier, l'Ouroboros. Je m'interroge. Serait-ce pour que je vous en débarrasse ? Ainsi vous pourriez reprendre ce réseau, dans l'ombre, comme vous le préférez ? Ou bien, avez-vous déjà pris contact avec ce sorcier, décidant qu'il méritait bien plus votre attention et vous me livreriez sans aucun remord pour supprimer la menace que pose l'Organisation sur l'Europe ? Un sourire félin apparut sur son visage, elle examina son thé aussi noir que son âme avant de reprendre, ronronnant, susurrante. Oh ma chère Shurpanakha, si vous voulez que je m'implique, il me faudra plus que des mots. Je ne vous laisserai pas retourner dans l'ombre. Vous vous tiendrez à mes côtés si vous voulez que je vous offre Ravana. »


C'est Camille Dubois, évidement.

« You break the rules and become a hero. I do it, I become the enemy. »








































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