C'était une petite journée. Chose assez rare dans la vie de Catherine, si on la connaissait bien. Étrangement, les cours s'étaient bien passé. Erwan avait géré de main de maître, pendant que sa patronne plaidait auprès de la direction sur leur méthode pédagogique. Toutefois, comme elle connaissait tout ce petit monde, elle avait réussi à leur faire comprendre que la Défense contre les Forces du Mal ne s'apprenait pas en lisant un bouquin ou en faisant des petits travaux pratiques. Non. Il fallait tester et tester. Jusqu'à bien maîtriser.

Après, tout c'était déroulé comme sur des roulettes. La professeure avait déjeuné avec son amoureuse. Puis elle avait donné cours, pour laisser son adjoint respiré et montrer quelques petites choses à leur assistante. Maintenant, comme Eurydice était à la bibliothèque, la Spinnet se trouvait seule pour un moment. Pour la soirée en fait. Habituellement, la Québécoise serait allée à la bibliothèque, faire quelques recherches ou elle serait restée cloîtré dans son bureau, mais pas ce soir. Elle avait envie de relaxer. De juste profiter du calme. Surtout que la tempête ne saurait tarder.

Sourire aux lèvres, la brune entra finalement dans le pub des Trois Balais. Endroit où son amoureuse travaillait également, mais pas ce soir. Elle s'approcha du bar et vint s'y appuyer pour commander à boire. Elle ne prenait jamais rien de très extravagant. Elle se contentait de commander un whisky pur feu, d'une voix douce et joviale. Ce qui n'était toujours pas habituel. Elle réservait ce comportement pour la Spector et à la limite, au Fray, mais jamais en public. Cette soirée était une exception. Catherine discutait même avec le barman, jusqu'à ce que son regard se pose sur une silhouette qui lui disait quelque chose.

Cheveux roux, frêle, discrète. La professeure attendit son verre, son regard émeraude toujours posé sur cette personne qui lui rappelait son adolescence. Son coeur battait fort et rapidement. Était-ce elle ? Quand le barman déposa enfin le verre devant elle, l'ancienne aiglonne le prit et se déplaça doucement, incertaine. Le sourire qui avait élue domicile sur ses lèvres avait disparu. Puis, quand elle arriva à la hauteur de cette personne, la Spinnet osa une approche. Pas la meilleure, mais elle allait en avoir le coeur net.

CATHERINE : Shannon ? dit-elle avec une certaine appréhension.

Son passé, son adolescence semblait vouloir refaire surface. Pour le meilleur et pour le pire.

Les années étaient passées et pourtant, Catherine était capable de reconnaître Shannon parmi tous les gens présent au Trois Balais ce soir. Shannon avait été son premier amour. Celui d'une adolescente un peu mêlée, qui en savait pas exactement qui elle était, qui voulait expérimenter et qui avait quelques soucis familiaux. Les choses c'étaient un peu replacer avec la mort de ceux-ci et la Hartley avait été, si ses souvenirs étaient bon, l'une des seules à connaître les quelques détails qu'avait bien pu lui dire la Québécoise. Puis, tout c'était enchaînée à une vitesse folle pour une adolescente qui était sans histoire. La curiosité l'avait emporté. L'ancienne aiglonne c'était amourachée de sa patronne de la Gazette, dans le temps et voilà. Rien de très simple pour de jeunes filles qui ne faisaient que découvrir ce que la vie pouvait leur apporter.

Donc, de voir Shannon installée à ce bar après toutes ces années faisait un petit quelque chose à la Spinnet. Il y avait de la surprise, certes, mais aussi de la curiosité et une petite pointe d'amertume. Elles ne s'étaient pas séparées en très bons termes. Elles avaient poursuivies leurs études sans jamais s'adresser la parole, au point qu'elles c'étaient perdues de vue. Du côté de Catherine, après ses études, elle était partie en vadrouille, avant d'être rappelé auprès de Camille. La jeune femme avait fait ses armes, trouvé un boulot et aujourd'hui, elle était professeure à Poudlard. De quoi étonner en soi, lorsque l'on connaissait l'adolescente qu'elle avait été.

CATHERINE : Très longtemps... Ça fait longtemps que tu es revenue dans la région ? À moins que tu es seulement de passage ? dit-elle avec un petit éclat dans les yeux.

Autant cette rencontre fortuite la mettait un peu mal à l'aise, autant Catherine ne voulait pas le montrer. Elle cachait bien son jeu, même si elle savait que la personne devant elle pourrait ressentir le sentiment qui l'habitait. C'était un risque qu'elle prenait, mais quel impact pouvait bien avoir un moment aussi court dans toute une vie ?

Surprise. C'était la réaction de Catherine face à la présence de Shannon au Trois-Balais. Les deux femmes qui se faisaient face ne s'était pas revu depuis leur dernière année à Poudlard. La professeure s'en rappelait comme si c'était hier. Pendant deux ans, elles s'étaient ignorées, évitées. Pourtant, auparavant, elles avaient vécu quelque chose de fort, ensemble. Malheureusement, c'était également des années compliquées pour l'une et l'autre, personnellement. La Spinnet venait d'être prise sous l'aile de Camille. Elle découvrait ses capacités, mais tentait aussi de les contrôler. Puis, la Hartley avait aussi eut des soucis. Souvent plongée dans une sorte de mélancolie, Catherine s'était éloignée. Cette dernière ne savait plus, à l'époque, ce qu'elle voulait et ce qu'elle était. Elle avait eu un crush sur une adulte, qui l'avait repoussé et à partir de cet instant, l'adolescente de l'époque c'était plongée dans les études et ses exercices parascolaire. Elle avait, en quelque sorte, abandonnée Shannon.

Elle l'avait réellement aimé. Lorsqu'elle avait eu sa dernière épreuve des ASPIC, la brune avait tenté de rejoindre l'Écossaise, mais en vain. Une sorte de mur s'était dressée entre elles. Catherine s'était envolée pour le Québec et ensuite, elle avait voyagé avant d'être rappelé par Camille, en France. Tout c'était mis en place par la suite. Elle était revenue à Pré-au-Lard, avait obtenu un poste d'adjointe en Défense contre les Forces du Mal, avant de devenir la professeure principale. Cela faisait trois ans qu'elle était revenue à Poudlard. Elle avait fait sa petite vie. Eu des amours, des peines, des aventures rocambolesques ou non. Et... un enfant.

CATHERINE : Formatrice en premiers soins ? Félicitations ! dit-elle en posant une main sur le bras de la rousse, avant de la retirer rapidement. Moi, ça fait 3 ans que je suis de retour à Poudlard. Je suis professeure de Défense contre les Forces du Mal. Donc, comme tu peux le voir, la fameuse malédiction n'existe plus !

La jeune femme éclata de rire, avant de se taire et fixer Shannon pendant un instant. Puis, elle détourna le regard, gênée.

CATHERINE : Si tu veux... tu peux prendre mon appartement le temps de trouver quelque chose à toi ?dit-elle, avant de se raviser. En fait, non, oublie. Tu n'as certainement pas envie de vivre chez... moi.

Shannon était au courant pour l'Organisation. C'était un peu une des raisons qui avait poussée les jeunes filles à s'éloigner. Donc, l'Écossaise avait peut-être pas envie de s'approcher, de près ou de loin, du groupe. Et encore moins, vivre chez son amour de jeunesse.

CATHERINE : Je suis contente de te revoir, Shannon. J'espère que... Poudlard ne te rappelle pas que de mauvais souvenirs.

Un léger sourire sur les lèvres, la professeure attrapa le verre posé par le barman sur le bar et alla s'installer un peu plus loin, sortant un bouquin. Le coeur de Catherine battait tellement rapidement, qu'elle devait se calmer et c'est pourquoi, elle s'était installée à une table où elle pouvait faire dos à la Hartley. Sinon, elle allait être comme un livre ouvert pour la rousse.

Catherine n'était pas du genre à montrer ses vraies émotions. Encore moins devant des gens qu'elle n'avait pas croisé depuis des lustres, mais avec Shannon, c'était autre chose. C'était son premier véritable amour d'adolescente. Elles étaient passé au travers de tellement de chose, ensemble. De petites pacotilles d'adolescentes à des sujets très sérieux. Entre autres, leur place au sein de ce monde magique toujours aussi changeant. À l'époque, la Spinnet se posait beaucoup de question. Entre autres sur sa magie. Elle faisait même des crises qui faisait d'elle une personne hors de contrôle. La Hartley avait vécu cela, à ses côtés. Tout comme la professeure avait essayée d'épauler sa petite amie de l'époque dans l'acceptation de son don. La brune croyait toujours que c'était un don, mais elle savait aussi que du point de vue de Shannon, ça n'a pas toujours été le cas.

La Québécoise allait justement laisser la rousse à ses occupations, quand cette dernière lui annonça qu'elle était en discussion pour occuper le poste d'adjointe en Sortilèges et Enchantements. Un large sourire apparu sur les lèvres de l'ancienne Directrice adjointe. Les choses évoluaient. Elle en était encore la témoin.

CATHERINE : C'est une très bonne nouvelle. J'espère sincèrement qu'Izora te prendra. Tu as ta place au sein du professorat de Poudlard.

Prête à quitter sa future collègue, Catherine osa un petit commentaire, bienveillant, envers Shannon.

CATHERINE : Nous pourrons travailler ensemble, un de ces quatre... Il faudrait que j'en parle à mon adjoint, mais je crois que ça lui ferait plaisir.

Un dernier sourire et la brune se tourna pour retourner à sa table, le nez plongé dans un bouquin. Quelque chose sur les sortilèges peu recommandable, mais comme elle était professeure de Défense contre les Forces du Mal, jamais son choix de lecture n'était remis en question. C'était justement en lisant un passage sur la création d'Inferius qu'elle fut interrompue. Une main sur son épaule, un geste presque tendre. Un petit frisson parcouru la nuque de la Spinnet, qui leva son regard émeraude vers Shannon. À cet instant, c'était comme si Catherine revenait des années en arrière. La Hartley à ses côtés. La Québécoise la regardant avec douceur. Puis les mots de l'Écossaise lui fit monter le rouge aux joues. La maman de Shannon. Cette femme si pleine de douceur. Qui avait accepté les deux jeunes filles comme elles étaient. Leurs petites vacances à la maison familiale des Hartley. La professeure s'en rappelait comme si c'était hier. C'était la première fois qu'elles avaient dormi ensemble et qu'elles s'étaient... découvertes. La gêne gagna à nouveau les joues de la jeune femme. Dans l'ensemble, cette escapade avait été merveilleuse. Elles avaient vécu de bons moments, avant le retour à la réalité.

CATHERINE : Je garde aussi de bons sentiments pour ta mère... et toi.

Cette aveu était sortit tout seul. Bien que Catherine était rendu à mille lieux de ce qu'elle avait été adolescente, Shannon allait rester et ce à jamais, son premier véritable amour. Dans les bons et moins bons moments. Jusqu'à ce que la Spinnet tombe dans un tout autre monde. Un monde que Shannon était loin d'approuver.

Catherine ne savait pas comment agir ni réagir aux propos de Shannon. Quelque chose en elle lui disait de rester sobre. Certes, évoquer leur passé commun la touchait plus qu'elle ne l'avait cru, mais elle ne devait pas laisser ses émotions la gagner. Car elle avait toujours cette fâcheuse manie de les laisser parler et prendre le pas sur ses gestes et interactions. Ses émotions l'amenaient également vers l'abus d'alcool ou l'autosabotage. Chose qu'elle tentait de proscrire de sa vie. Pour Eurydice, pour elle, mais aussi, secrètement, pour Margaret.

Donc, de voir la Hartley à Pré-au-Lard n'aidait en rien la Québécoise. Pourtant, lorsque sa collègue lui annonça qu'elle aimerait bien travailler avec elle, la Spinnet lui fit un sourire franc, un peu de rouge apparaissant à ses joues. Shannon avait été son premier véritable amour. Bien sûr, c'était un amour d'adolescente, mais la professeure n'aimait pas hiérarchiser tout cela. Elle avait véritablement aimé la rousse, point. C'était avec elle qu'elle avait eu sa première fois. Puis, malgré tout ce qu'elles avaient traversés, elles étaient là. Elles se parlaient certes trop poliment, comme si elles ne se connaissaient pas du tout. Pourtant, Catherine était toujours la même.

Oui, la brune avait évolué, changé, mais au fond, elle restait la même personne qu'elle avait été à quinze ans. Celle avec mille et un questionnements. Elle avait grandit, pris en maturité, il n'y avait pas à dire, mais elle se laissait toujours malheureusement, ou heureusement, guidé par ses émotions. Ce qui lui avait valu quelques péripéties qu'elle se serait bien passée. Quelques remontrances également. Donc, de voir Shannon lui faisait quelque chose. Et de savoir que sa mère se rappelait toujours d'elle lui tordit l'estomac.

Catherine n'avait pas été très tendre avec Shannon. Toutes les deux, elles se cherchaient en quelque sorte et lorsque la situation était devenue trop lourde pour la Québécoise, cette dernière avait abandonnée celle qu'elle était supposée aimer. Abandonné pour quoi ? Pour qui ? Pour une femme. Plus âgée. Qui n'avait même pas voulu d'elle. Pourtant, en regardant Shannon, la brune ne sentit aucune animosité. Aucune rancoeur. Juste de la sincérité. La Spinnet ne savait pas comment agir. Comment réagir aux paroles de sa collègue. Lorsque l'adjointe en Sortilèges et Enchantements retira sa main de son épaule, le froid pris place, donnant un frisson à la Spinnet.

Finissant son verre, la professeure fit signe au barman pour une eau pétillante. Elle apprenait, comme elle pouvait, la modération. Ce qui laissa un moment aux deux femmes pour digérer leur rencontre et leur conversation. Puis, prenant son courage à deux mains, Catherine se leva, verre à la main. Elle se dirigea vers la table qu'occupait Shannon et d'une voix doucereuse, elle s'exprima.

CATHERINE : Est-ce que je peux me joindre à toi ?

Quelque chose dans cette rencontre fortuite allait peut-être permettre à Catherine de se faire pardonner auprès de la Hartley. Enfin, la Québécoise l'espérait.

Après avoir pris son courage à deux mains, voilà que Catherine se retrouvait installée devant Shannon. Elle n'avait jamais cru vivre cette scène. Croyant, visiblement à tort, que la rousse avait fait une croix sur Poudlard et sur... elle. C'était assez bizarre de penser cela, quand la professeure avait elle-même mis fin à leur relation. Qu'elle avait abandonnée la Hartley à son propre sort, alors qu'elle aurait pu la soutenir dans les épreuves qui ne cessaient de s'abattre sur elle. Non. Catherine avait décidé de suivre ses émotions, mettant de côté la logique et la bienséance. Elle avait laissé tombé son premier amour pour une histoire qui finalement, n'avait jamais eu lieu lors de sa scolarité.

Malgré le négatif et les blessures, qu'elle s'était elle-même infligée, la Spinnet avait terminée sa scolarité dans les meilleures conditions, avec des notes presque parfaites. Elle s'était concentrée sur les leçons que lui donnait Camille à l'époque. Ce n'était toujours pas parfait, mais la jeune femme croyait que sans toutes ces occupations, elle ne serait pas là où elle était aujourd'hui. Bien loin, même. Se contentant du minimum. Au lieu de cela, elle avait travaillée si fort, ne se donnant presque aucun moment de liberté, se concentrant sur la magie et sa puissance. Même si à cela, c'était ajouté quelques travers, dont l'alcool, comme en faisait référence la rousse. À la réflexion de Shannon, la Québécoise se mis à rougir légèrement.

CATHERINE : J'ai... trop souvent dépassé les bornes et j'ai fait des promesses.

Ces promesses, elle les avait faite à Camille et à Eurydice. Même si elle avait mentionné vouloir tout arrêté, il y avait de ces moments où elle ne pouvait résister à prendre un verre. Basculer vers un breuvage plus « soft » était plus difficile, mais pas ce soir. Comme si la présence de l'Écossaise avait quelque chose à voir avec cela. Peut-être qu’inconsciemment, elle voulait montrer qui elle était maintenant. Avec ses faiblesses. Puis la Spinnet avait bien compris que si elle dérapait, certaines conséquences pouvaient survenir. Autant au niveau de son couple, car allez savoir comment Eurydice arrivait à tout savoir de la consommation de la brune, mais des conséquences aussi au niveau « familial ». Catherine n'allait pas mettre en jeux ce qui lui était le plus cher. Même si avec ou sans alcool, elle était capable des pires conneries.

Sortie de ses pensées par la voix de Shannon, Catherine esquissa un petit sourire malicieux. Son regard émeraude s'illumina.

CATHERINE : Pourquoi ? Parce que je dois me faire pardonner pour ce que je t'ai fait. Il est certainement trop tard pour cela, mais je l'ai aussi compris trop tard. On s'aimait. Peut-être mal, mais nous étions deux adolescentes pleines de questions et en quête de quelque chose qui nous était propre. Je n'ai pas agit correctement avec toi. Je t'ai laissé tombé dès que l'occasion s'était présentée. Par contre, ce qui me console un tout petit peu, c'est de savoir que tu... vas bien. dit-elle, hésitante, attrapant la main de la Hartley, sans même réfléchir. Je n'ai pas cessé de penser à toi, tu sais. Malgré les mots que nous avons eu l'une pour l'autre, notre séparation et nos préoccupations respectives. Tu m'as manqué.

Après ce discours, c'était comme si un choc électrique avait parcouru tout le bras de la Spinnet. Elle retira sa main rapidement, prétextant vouloir attraper son verre d'eau pétillante. Un autre de ses travers faisait surface à cet instant. Celui de vouloir plaire. Peu importe comment et à quel niveau.

CATHERINE : Je m'en souviens très bien, dit-elle un peu gênée.

Car oui, Catherine se souvenait très bien de leur début de relation. Le début, le milieu et la fin. S'il y avait eu des moments très heureux et un peu innocents, il y avait eu des moments plus délicats et déroutant. Entre autres comment leur relation avait débuté et comment elle s'était terminé. Si Shannon aimait à croire que c'était le karma qui s'était occupée d'elle, la professeure n'était pas de cet avis. Elle se sentait responsable de beaucoup de choses qui ne s'étaient pas bien déroulé dans leur relation. Elle n'avait jamais pris le temps de réellement comprendre le combat que la Hartley menait contre son Troisième œil, le voyant comme un don et non pas une mauvaise situation. Mais qui avait-elle été pour annuler le ressentie de la personne qui à ce moment, comptait le plus dans sa vie.

La rousse avait été là pour elle, dans les moments difficiles, avant et après la mort de ses parents. Elle avait même accepté, difficilement, les aveux de l'aiglonne à cet époque. Alors que la Québécoise avait cherché qu'à désavouer ce que disait sa petite amie et surtout, à lui imposer sa façon de voir les choses. Était-ce vraiment la chose à faire ? Non. La Spinnet le savait aujourd'hui, avec sa maturité d'adulte.

Sans relever la réaction de sa collègue, la brune essayait de rester éloigner de ses sentiments, quelque peu mitigés sur le coup. Elle avait envie de sentir la peau de Shannon et elle avait pris les devants en prenant sa main, mais elle se sentait mal d'agir ainsi. Surtout envers Eurydice. Car aujourd'hui, c'était elle la femme de sa vie. Elle en était plus que convaincue. Toutefois, même avec un seul verre d'alcool, elle se sentait un peu trop attaché à la Hartley. Son envie de plaire, de lui plaire, était en train de gagner. Et les réaction de la rousse ne faisaient que l'encourager dans cette avenue. Était une façon de ses détourner de ses promesses ? Personne ne pouvait savoir. Catherine pouvait parfois être d'une faiblesse. Surtout quand il était question des autres.

Puis, elle n'avait jamais vraiment appris à voir ses relations autrement que comme des flirt ou de l'amour. Des ami.e.s, elle en avait que très peu et c'était certainement liée à cette façon qu'elle avait de voir les relations avec les autres. Soit elle était froide comme la glace, soit elle flirtait sans subtilité, pour plaire le plus possible à son interlocutrice ou son interlocuteur.

Buvant son eau pétillante, comme elle aurait bu un merveilleux whisky pur-feu, la Spinnet se mit tout bonnement à rougir aux paroles de Shannon. Elle ne pouvait se l'empêcher. Elle était une des premières à mentionner ce changement chez elle. Avait-elle vraiment changer ? Peut-être. Mais il était clair qu'elle était loin de l'adolescente qu'elle avait été. Donc, lorsqu'elle leva son verre pour trinquer, la Directrice de Serdaigle se mordit la lèvre, pour ne pas dire de bêtises.

CATHERINE : Et à plusieurs autres, j'espère... dit-elle, ses yeux émeraudes pétillants. Tu veux... venir à mon bureau ? Je voudrais te montrer quelque chose ? Maintenant ?

Quelle mauvaise idée...

Ses yeux brillaient et pouratnt, elle savait que ce qu'elle pensait était mal. Toujours cette envie de plaire ou de voir jusqu'où les autres pouvaient aller face à elle. Voir si elle attirait toujours autant les autres. Si le désir physique était toujours présent. Même sans alcool, cette pathologie restait d'actualité.

Catherine avait invité, comme si c'était normal, la Hartley à la suivre à son bureau. Un endroit beaucoup plus intime. Pourtant, elle avait vraiment quelque chose à montrer à Shannon. Un livre qu'elle avait trouvé sur le Troisième oeil. Un livre ancien, shapardé à une famille italienne qui ne voulait plus la voir. Même en peinture. Un livre ancien, écrit à la Renaissance italienne. De quoi rendre jaloux le personnel de la bibliothèque de Poudlard.

La rousse prit tout de même le temps de présenter ses excuses sur son comportement passé et d'un revers de la main, la Québécoise balaya le tout. Toutes les deux, elles avaient vécues de grandes choses. Bonnes comme mauvaises et cette rencontre inattendue avait fait remonter le tout à la surface. Même si la Spinnet se sentait particulièrement coupable, elle trouvait qu'elles avaient fait le tour de la question en cette soirée. Elle avait entendu les excuses de l'Écossaise et cette dernière avait entendu les siennes. Il était maintenant temps de passer à autre chose.

CATHERINE : C'est bon... Je crois que nous pouvons passer à autre chose. À quelque chose de plus... amical, agréable.

Ses yeux d'un vert profond s'étaient posé sur Shannon. Sans même s'en rendre compte, Catherine se mordit la lèvre et se leva sans cérémonie. Elle tourna les talons, rejoignit le banc qu'elle avait un peu plus tôt occupé, pour attraper sa cape qu'elle mit sur ses épaules d'un geste élégant. Puis, elle sortie du pub, les joues rougis par les émotions. Elle ne savait pas si sa collègue la suivait réellement, malgré la réponse positive qu'elle lui avait donné.

En quelques instants, le duo avait traversé les couloirs du château, croisé quelques groupes d'élèves encore debout, occupés à débattre ou préparer leurs cours pour le lendemain. Quand Catherine ouvrit la porte de la salle de classe de Défense contre les Forces du Mal, elle était déserte. Les volets étaient complètement fermé. Les bureaux placés parfaitement, dans une linéarité parfaite. Les talons de la professeure claquaient sur le parquet de bois encore brillant après cette nouvelle rentrée scolaire.

La Spinnet se dirigea vers le fond de la classe et commença a grimper l'escaliers de pierre, posant sa main délicate sur la rembarde fraîche. Elle posa son regard satisfait sur le visage plein de taches de rousseur. Elle avait hâte de se retrouver dans la pièce, seule, un peu plus exiguë que les Trois Balais. Elles allaient pouvoir discuter sans se faire interrompre. La journée de cours était terminée, Erwan était parti s'occuper de sa morveuse et Eurydice... Oui, Eurydice. Catherine se disait qu'elle ne faisait rien de mal. Elle jouait avec la limite, certes, mais elle voulait, surtout, montrer ce livre. Pour vrai. C'était son unique but. Si on pouvait réellement croire la jeune femme.

CATHERINE : Mets-toi à l'aise Shannon. Je sors ce que je veux te montrer.

La pièce était plongé dans une relative pénombre. Seule une chandelle posée sur le bureau de la professeure principale illuminait toute la pièce. Catherine avait le nez dans sa bibliothèque, en train de regarder ses bouquins, lorsqu'elle trouva ce qu'elle voulait montrer à sa consoeur. En le posant sur le bureau, elle l'ouvrit d'un coup sec. Pile sur une illustration enluminé, montrant ce que l'auteur avait voulu montrer.

CATHERINE : J'ai trouvé cela dans un de mes voyages en Italie. Un ouvrage de la Renaissance italienne sur les arts divinatoires. Ils avaient déjà compris, ou presque, ce qu'était le troisième oeil.dit-elle en pointant du doigt l'image qui montrait une tête humaine. Je n'ai jamais été très intéressée par la divination, mais quand je l'ai vu, j'avi pensé à toi...

Ce n'était habituellement pas son genre, mais elle devait avouer que lorsqu'elle avait dérobé cet ouvrage en Italie, elle l'avait fait en pensant à Shannon. C'était il y a quelques années, quand la professeure n'était pas recherchée par certains groupes ou quand elle n'avait pas encore pris quelques galons dans l'Organisation. Donc, son histoire avec la Hartley était encore passablement récente. Quelques années tout au plus après leur séparation. Elle avait lu ce livre, avec attention. Elle l'avait chéri avec délicatesse. Elle n'allait jamais le dire à la rousse, car c'était assez étrange comme révélation, mais mue par une curiosité sans bornes, elle avait voulu essayer de comprendre ce que vivait son amour d'adolescence. Comprenait-elle tout ? Non. La divination ou toute forme d'art divinatoire ne l'intéressait guère.

Toutefois, elle le vit à l'expression de sa collègue que cette attention la touchait. La surprenait surtout. Ce qui fit naître un sourire sur le visage habituellement froid de la Spinnet. La Québécoise prit le temps de réfléchir aux réponses qu'elle allait servir aux nombreuses interrogations de l'ancienne Poufsouffle. Il ne fallait pas qu'elle se mette les pieds dans les plats. Surtout pas.

CATHERINE : Non, je n'ai pas révélé la présence de ce livre au professeur Moskovski. Je ne voudrais pas que mon bureau et ma collection personnelle devienne un sujet de conversation dans la salle des profs.

L'ombre de la flamme de l'unique chandelle de la pièce dansait sur le visage pâle de Catherine, faisant briller son regard émeraude. Sans vraiment réfléchir, la professeure attrapa la main de Shannon, avec douceur, et la posa sur le livre. La rousse semblait hésitante à toucher ce livre qui en soi, lui était beaucoup plus utile à elle.

CATHERINE : Je te l'offre, si tu le souhaites... Il ne m'est pas tellement utile.

Ce contact physique, pas si anodin, n'eut pas l'effet que pensait la Spinnet. Ce frisson qu'elle avait habituellement, quand quelqu'un l'attirait, n'était pas au rendez-vous. Pourtant, elle voulait ce contact. Elle l'avait souhaité. Sa main froide, toujours posée sur celle de la Hartley, Catherine regarda sa collègue du coin de l'oeil, incertaine de tout. Elle cherchait sur le visage de la rousse une quelconque réaction. Un petit geste. Un simple froncement de sourcil. Juste pour la rassurer. Savoir si pour la Hartley, elles n'étaient que de simples amies.