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Les spectres du passé | |||
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Titre : Les spectres du passé
Créé : 25/07/2024 à 11:13:51 - Modifié : 22/09/2024 à 15:24:48 ![]()
![]() Les spectres du passé - Natacha Tchaïviev
Je t'avais manqué ? - Deliah Thompson Magic comes with a price - Camille Dubois La lumière vacsille - Catherine Spinnet L'école de la vie en noire - Amaryllis Clyfford La caverne aux Mille Visages - Six/Hellia St.James Un bien étrange jardin - Otto Crowford Nos Ombres Dévoilées - Hellia St.James |
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Titre : Re : Les spectres du passé
Créé : 25/07/2024 à 18:17:42 Les fantômes ne faisaient qu'exister ; ne dormant pas, ne vieillissant pas, ils étaient simplement là, pour l'éternité. Une éternité durant laquelle des couples se formaient, des enfants naissaient, des hommes mourraient. Et, au milieu du sable de la vie qui s'écoulait incessamment depuis maintenant bien longtemps, Natacha Tchaïviev restait. Tandis que le temps passait, à la fois trop lentement, et trop rapidement, le monde des vivants continuait donc, lui, d'évoluer, et d'inlassablement se transformer en quelque chose de nouveau. Et, dans ce devenir constant, ceux qui étaient des adultes lors du vivant de Natacha laissaient parfois la flamme de leur vie se consumer jusqu'à n'en laisser qu'une sombre fumée. Ainsi, Dennis Allingham, médicomage à Sainte Mangouste, secrètement membre de l'Internationale Sorcière, reposait désormais dans un de ces nombreux cimetières anglais, sous une pierre sobre, selon ses dernières volontés. La fatigue provoquée par son travail, qu'il avait, malgré son vieil âge, refusé de quitter, l'avait finalement emporté dans un au-delà lointain, dont il n'était, lui, jamais retenu. La participation d'Allingham à l'Internationale n'avait jamais été exemplaire, bien au contraire. On aurait même pu qualifier de médiocre son engagement, qui, après l'échec cuisant d'une mission, il y a maintenant quatorze ans, était devenu anecdotique. Mais Natacha mettait un point d'honneur à honorer ceux qui l'avaient suivi dans son combat, en particulier ceux qui avaient été là dans les premières années, expérimentales, du mouvement. Alors, comme elle le faisait souvent, elle avait fait déposer un bouquet, enchanté de sorte à ce qu'il reste fleuri pendant plusieurs années, au nom des Tchaïviev. Allingham était un militant négligeable, mais un grand médecin, et ce nom, parmi ceux de tous les patients reconnaissants de tant d'années de service, ne seraient jamais suspects. Quelle ne fut pas la surprise du fantôme lorsque ce nom, ce squelette dans le placard dont elle se pensait enfin débarrassée, lui parvint dans une lettre, signée Noah Katteridge. La lettre était brève, et ne s'étalait pas sur les raisons du rendez-vous proposé ; mais Natacha ne connaissait que trop bien le lien que la famille de cet homme inconnu et le médicomage entretenait. Et l'apparition de ce prénommé Noah, dont Allingham n'avait jamais mentionné l'existence, n'était pas pour lui plaire. Mais Allingham était mort, et elle devait désormais porter la responsabilité du souvenir de ce dernier – après tout, n'était-ce pas le rôle d'un fantôme, être de souvenirs ? Rapidement, elle fit signe à son hibou de faire disparaître la lettre au feu, et ajouta le rendez-vous donné à son calendrier. Quelques jours plus tard, le fantôme passait donc devant la vitrine du pub auquel Noah Katteridge l'avait invité. Sa silhouette, déjà transparente, ne se reflétait qu'à peine dans la vitre, et elle regretta, le temps d'un instant, l'époque où elle aurait pu changer son apparence pour bénéficier de sa beauté, arme qui, de son vivant, l'avait toujours aidé à se sortir de ces situations délicates, en particulier face aux hommes. Au moins, elle n'était pas morte laide – mais malheureusement, son éternelle jeunesse ne suffisait plus à la sauver. Traversant la porte, elle ignora les quelques regards se tournant vers elle, intrigués de voir sa silhouette fantômatique dans un tel lieu. Elle avait l'habitude – cela l'amusait. Elle se dirigea vers un homme, seul et isolé du reste de la bruyante activité du pub, et dont le profil semblait correspondre aux quelques informations qu'elle avait pu, en quelques jours, ressortir des archives de l'Internationale sur la famille Katteridge. Se donnant l'air avenant, décorant son visage d'un sourire léger, elle se plaça devant lui. NATACHA · Monsieur Katteridge ? Natacha Tchaïviev, enchantée. |
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Titre : Re : Les spectres du passé
Créé : 26/07/2024 à 11:56:05 - Modifié : 26/07/2024 à 11:57:13
![]() Les spectres du passé - Natacha Tchaïviev
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Titre : Re : Les spectres du passé
Créé : 26/07/2024 à 23:45:17 Natacha salua le Katteridge d'un signe de tête, ignorant la main qu'il tendait. L'homme était manifestement mal à l'aise face au fantôme, comme beaucoup d'autres – mais la russe refusait catégoriquement de changer, son comportement, comme beaucoup le faisaient, pour accommoder les vivants. Dans l'idéal, la rencontre serait suffisamment brève pour qu'il puisse l'oublier. Sinon, il s’adapterait. Elle laissa cependant sa silhouette disparaître dans le sol du pub lorsque Noah s’installa sur sa chaise, afin de se maintenir leurs deux regards à la même hauteur. NOAH · Mon hibou vous a probablement paru un peu étrange. Parler d’un défunt n’est peut être pas la chose la plus commode. Un léger rire s'échappa de la silhouette transparente de Natacha. Elle balaya le propos d'un signe de main. NATACHA · Oh vous savez, moi et les vivants… Elle souriait, adoptait un regard encourageant. Il lui fallait savoir tout ce que Noah Katteridge savait, pour mieux préparer ce qu'elle allait révéler. Ajuster les mensonges, recréer des vérités. Qui était cet homme, et surtout, quel lien entretenait-il avec Marc et Emilie Katteridge ? NOAH · Excusez moi, je voulais vous parler de Dennis Allingham. L’autre jour, aussi étrange que cela puisse vous paraître, j’étais sur sa tombe quand j’ai vu un bouquet de fleur à votre nom posé sur cette dernière, le nom d’un membre de votre famille en tout cas. Vous le connaissiez ? Médicomage à St. Mangouste c’est cela ? Le nom était tombé ; c'était le bouquet qui avait parlé. Pour l'instant, il n'y avait rien de tout à fait suspect, rien qu'un petit mensonge ne saurait couvrir. Le fait que l’homme soit allé sur la tombe d’Allingham n'était pas rassurant – mais, après tout, que pouvait-il savoir ? Rien, probablement. Le Katteridge n'était pas très vieux, il devait avoir la vingtaine – ce qui était passé il y a quatorze ans, dans une part probablement éloignée de sa famille, ne devait pas être si clair dans son esprit. Le fantôme serait capable de tout balayer d'un souffle, n'est ce pas ? NATACHA · Oh, oui, le docteur Allingham. Oui, c'est ça, c'était un médicomage. Très impliqué dans son métier, il agissait toujours comme si la douleur de ses patients était la sienne, et faisait toujours tout pour les guérir. Il ne supportait pas de voir les gens souffrir… Ou mourir. Malgré le détachement certain que Natacha avait avec la mort, sa condition oblige, elle essayait de demeurer subtile dans ses mots. L'éloge funèbre de Dennis Allingham pourrait sembler déplacé ; et en même temps, que pouvait-elle dire d'autre ? Cette vérité-là était bien suffisante pour cet inconnu, au nom un peu trop reconnu. NATACHA · De mon vivant, j'ai eu quelques… problèmes de santé. Allingham avait été mon médecin pendant un temps, et il avait toujours été très attentionné, très à l'écoute, sans jamais me juger. Alors, j'ai tenu à déposer un bouquet sur sa tombe. Un homme qui suit ses valeurs toute sa vie comme il l'a fait mérite d'être honoré, je crois. Natacha semblait rêver, perdue dans ses souvenirs, comme si les quelques souvenirs qu'elle avait de cet homme se ravivaient dans son être de mémoire. Et pourtant, elle était là, bien là, et elle mesurait le poids de chacun de ses mots. Même si Noah le voyait pas, le pub était un théâtre et tout, absolument tout ce que Natacha révélait était parfaitement maîtrisé. NATACHA · Mais, à part cela, je ne le connaissais pas tant. Nous n'étions pas proches. Tout cela n'était que la vérité, rien que la vérité. Et maintenant que la toile de cette histoire était tissée, il était temps d'enquêter. Et pour cela, la défunte n'avait plus qu'à remplacer chaque once de suspicion dans sa voix par un sourire charmant, et une question, posée comme par simple curiosité : NATACHA · Et vous, vous le connaissiez ? |
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Titre : Re : Les spectres du passé
Créé : 28/07/2024 à 14:32:46
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Titre : Re : Les spectres du passé
Créé : 30/07/2024 à 08:25:38 - Modifié : 30/07/2024 à 16:13:19 NOAH · Mmh merci pour vos réponses. J’espérais je pense entendre quelque chose de différent, voyez vous il a également été le médecin de mes parents avant leur mort et il m’a envoyé une lettre suite à leur décès - comme vous dites quelqu’un de très soucieux. C’est juste que le verdict sur la raison de leur mort n’a aucun sens. Manifestement, la fausse histoire de Natacha fonctionnait. Sans surprise : après tout, de ses dizaines d'années d’existence, elle avait probablement passé plus de temps à manier l'art du mensonge que celui de la vérité. Et pourtant, elle n'était pas satisfaite ; un détail, un mot la dérangeait : parents. Masquant son trouble, sa mémoire s'activait – non, c'était impossible. Cela devait être d'autres Katteridge. Mais Allingham aurait-il été allié à d'autres membres de cette famille ? Après… 25 DÉCEMBRE 2010
10, RUE DU MOKE Les fêtes de fin d'années étaient peu joyeuses pour un fantôme – le fait que Natacha Tchaïviev les passait seule, dans son appartement vide du 10, rue du Moke. Où pouvait-elle se rendre ? Certainement pas en Russie, avec sa soeur, qui trompait leurs ennemis en paradant au milieu de l'aristocratie. Ses parents adoptifs, eux, ne fêtaient qu’à peine ces célébrations, et elle préférait les laisser en tête à tête dans leur grande forêt. Peut-être qu’au-delà de ces excuses, c'était elle qui cherchait à ignorer les fêtes – elles lui rappelaient trop la seule danse qu'elle avait jamais appréciée. Alors, elle restait dans son appartement, celui que les voisins appelaient hanté, et dont il ne comprenaient pas tant l'utilité. Avec le prix de l'immobilier, pourquoi une morte irait payer un loyer ? La scène, déjà pathétique, empira lorsqu'une silhouette tremblante, se noyant dans les larmes, vint toquer à la porte. Des spasmes la faisaient tressauter, et le visage de cet homme, qui devait avoir la soixantaine, était défigurée par une expression horrifiée. NATACHA · Entrez, c'est ouvert. Le fantôme, légèrement agacé par cette irruption – bien que ses souvenirs d'un amour passé l’attristaient, elle détestait être interrompue dans ses rêveries – se retourna. Surprise, elle découvrit Dennis Allingham, dont les yeux et les lèvres étaient rougis et bouffis, et dont le corps semblait prêt à se briser. Cela faisait des mois, peut-être des années (qui sait ? le passage du temps est, lorsque l'on ne vieillit pas, bien mystérieux) qu'elle ne l'avait pas vu. Que faisait-il là ? NATACHA · Dennis ? Que faites-vous là ? DENNIS · J’ai– j'ai– j'ai tué… Le fantôme fronça les sourcils. Tué ? Allingham avait toujours détesté, répugné la mort. C'est ce qu'elle avait aimé chez lui ; elle voulait des militants fiables, des gens qui n'iraient pas tuer impulsivement tous ceux qui venaient sur leur chemin. Elle voulait lutter pour la justice, pour le Bien – Dennis lui avait semblé avoir le bon profil pour cela. Et puis, cela faisait longtemps qu'il faisait partie de l’Internationale. Non, il n'aurait certainement pas tué – pas sans raisons. NATACHA · Qui ? Elle parlait doucement, mais restait factuelle. Elle avait appris à ne jamais se prononcer tant qu'elle n'avait pas tous les faits. DENNIS · Les– Les… NATACHA · Les ? Ce pluriel la surprit. Tuer une personne, cela aurait pu arriver, être un accident. Un patient mal soigné – oui, ça, ça aurait été le genre du médicomage. Mais deux ? DENNIS · Les Katteridge… Natacha lança un regard interloqué à Allingham. Elle n'avait jamais entendu ce nom-là, pas une seule fois. Visiblement, cela suffit pour obtenir plus d'informations. DENNIS · C'est… c'était… des membres de… de… de l’Organisation… NATACHA · DE QUOI ? Le regard que Natacha envoya au médecin était celui d'une mère, comme déçue par son enfant. Tuer des membres de l’Organisation – était-il fou ? Voulait-il mourir, lui aussi ? Pourquoi n’avait elle pas entendu parler de ce projet auparavant ? Les Britanniques de l'Internationale avaient tous été clairs : ils n'étaient pas encore assez puissants pour s'attaquer directement à ces gens-là, il fallait encore attendre quelques années. Qu'est ce qui avait pris à Allingham, pacifiste de la première heure, détestant la mort comme la peste, de tuer ces deux inconnus ? Étaient-ce eux qui avaient tenté de le tuer ? Avait-il accidentellement révélé, bien trop tôt, l'existence de leur mouvement ? DENNIS · Je pensais que… NATACHA · Peu importe ce que tu pensais. Où sont leurs corps ? DENNIS · Leurs corps… Oh ! Mademoiselle Natacha ! Je les ai tués, je-je… Le médicomage était manifestement bouleversé, il lançait des regards nerveux de part et d'autre et continuait de trembler, bien qu'il se soit assis sur un fauteuil en cuir, un peu usé, qui traînait au milieu de l'appartement hanté. NATACHA · Où sont-ils ? DENNIS · Dans-dans… dans leur bureau… Je… Je n'ai touché à rien. Je suis venu ici immédiatement et… NATACHA · Immédiatement ? À défaut de faire les cent pas, la silhouette fantomatique de la défunte faisait des aller-retours nerveux dans la pièce, tandis qu'elle grommelait en russe, probablement des jurons – Allingham ne parlait pas russe, et était, de toute façon, trop occupé à pleurer pour savoir ce que cette femme racontait. Son appartement attirait déjà l'attention – que faire si un voisin, un peu curieux, avait vu cet homme, cet inconnu plein de bave et de larmes, frapper désespérément à sa porte ? On finirait par l'accuser, l’Internationale serait découverte… Oh ! Quel idiot ! Quel idiot ! Comment avait-elle pu penser qu'il pourrait agir indépendamment de toute autorité ? NATACHA · Bon, on va résoudre ça. Ne t'inquiètes pas. Mais à partir de maintenant, tu vas faire tout ce que je te dis – rien d'autre. Et pour commencer, dis-moi tout ce que tu sais sur ces… Catterbridge, c'est cela ? Ils s'appelaient Marc et Émilie ; ils travaillaient pour Cassiopée Dubois ; ils avaient des créatures magiques, mais pas d'enfants. Les informations fusaient, permettant à la russe de reconstituer le puzzle ; de tout mettre à la bonne place, de trouver des solutions. Elle et Dennis Allingham s'affairaient, agissaient, et la journée du 25 décembre fut, cette année, bien éloignée de toutes célébrations. Mais ça, ami lecteur, c'est une autre histoire, qui nous intéressera plus tard. PRÉSENT
Natacha regardait le visage de Noah, le temps d'une seconde. Avait-il les traits de ces lointains défunts ? Cela faisait si longtemps. Les photos, l'image des cadavres, les souvenirs mettaient du temps à remonter. Allingham lui aurait-elle menti ? Non, elle avait vérifié… Avait-elle vérifié ? Aujourd'hui, elle se serait personnellement assuré de l'absence d'héritiers dans la famille tuée – mais il y a quatorze ans, qu’aurait-elle fait ? De tous temps, un membre de l’Internationale tuant des parents sans raison aurait été immédiatement châtié, évincé du mouvement. Les enfants auraient été pris en charge par des alliés, des militants. Tout se serait bien passé. Mais plus elle plongeait dans ses souvenirs, dont elle était entièrement composée, moins elle semblait trouver de preuves de la véracité des propos d’Allingham. Avait-elle vérifié ? L'homme assis en face d’elle n'avait l'air de se douter de rien ; alors, quitte à être là, autant continuer la conversation, mine de rien. Récupérer toutes les informations pour connaître la gravité des faits. NATACHA · Pardonnez-moi, j'espère que ce n'est pas trop indiscret mais… Comment s'appelaient vos parents ? Vous avez l'air bien jeune – peut-être que je les connaissais, peut-être que je pourrais vous aider. Et, tout en parlant, elle fit signe à un serveur de venir. Elle pouvait jouer sur son âge, sur ses manières – mais faire boire Noah était le meilleur moyen de le maintenir attablé, et, surtout, d'en apprendre plus sur la vérité. |
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Titre : Re : Les spectres du passé
Créé : 02/08/2024 à 17:01:30
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Titre : Re : Les spectres du passé
Créé : 05/08/2024 à 23:35:49 NOAH · Marc et Emilie Katteridge, vous les connaissiez ? Oh oui, Natacha les avait connus. Du moins, elle avait connu leurs noms, leurs visages pâles, et la date de leur mort. Cela suffisait-elle pour connaître des gens ? Probablement pas. Mais, dans ce contexte, c'était déjà trop. Allingham avait menti. Pour se sauver la mise, probablement – il savait que personne dans l'Internationale n'aurait pardonné son meurtre, si les victimes avaient des enfants. Il n'avait déjà pas vraiment été pardonné ; sa situation était plus celle d'une probation, qui avait duré éternellement, jusqu'à sa mort. Il ne faisait plus rien pour le mouvement, était surveillé dans le moindre de ses actes, rendait des rapports réguliers. Il avait l'interdiction ferme d'engager quoi que ce soit, et, de toute façon, même s'il en avait été autorité, il ne l'aurait pas fait. Il s'en voulait suffisamment. Natacha l'avait vu, ces quatorze dernières années, le médecin était devenu comme le fantôme de lui-même, perdant du poids, des couleurs, et de la vivacité. L'affaire avait beau être étouffée, le nombre de personnes au courant réduit au strict minimum, il s'en voulait. Et la culpabilité était, au fond, la pire des vengeresses. Allingham s'était enfermé dans son travail, redoublait de ferveur. Il ne vivait plus, ne pensait plus ; le soin était devenu pour lui une obsession. Lorsque les patients manquaient, il nettoyait, fébrilement, la moindre tache de sang. Ses collègues pensaient que c'était la vieillesse, ou le départ d'une femme qu'il leur aurait toujours cachée. Cet élan de zèle était apprécié, lui avait apporté une promotion. Mais il continuait d'être hanté par le dernier regard du couple Katteridge. On ne lui avait pas effacé la mémoire ; que cela lui serve de leçon. Natacha, elle aussi, avait appris de cette erreur. Elle ne pouvait pas faire confiance à ses militants. Au fur et à mesure des années, elle s'était mise à tout contrôler. L'Internationale, originellement non hiérarchique, prenait tout de même un visage, et c'était le sien. Mais personne ne s'en plaignait ; Natacha était comme une mère pour la plupart de ces enfants sans amour qui avaient été recueillis, et elle s'assurait de laisser une part d'initiative à chacun, à condition qu'elle soit mise au courant. La vie de fantôme semblait l'avoir vieillie ; peut-être était-ce la perte de corps, mais elle avait gagné en sagesse et en stratégie plus vite que n'importe qui, et personne, au sein du mouvement, ne contestait cette prise de pouvoir progressive. Tant qu'ils étaient libres, en sécurité, et que le combat se menait, pourquoi iraient-ils se plaindre ? Mais voilà, il y avait cet évènement, il y a quatorze ans, qui ressurgissait. Cette erreur de ses débuts, qui avait fait souffrir, sans qu'elle ne le sache, un enfant. Et si aujourd'hui, cet enfant était bien grand, le fantôme avait suffisamment appris de sa propre jeunesse pour savoir les souffrances que cela avaient pu causer. Et, si elle dissimulait son trouble derrière un visage pensif, elle ne s'en voulait pas moins. Pourquoi n'avait-elle jamais vérifié ? Quelle erreur, quelle stupidité... Mais que pouvait-elle dire, à cet homme au regard inquiet, au visage teinté de l'enfance qu'il tentait désespérément de retrouver ? Non, pas la vérité. Cela ne ferait que le tuer. Si elle pouvait revenir en arrière, Natacha ne savait même pas si elle redemanderait à savoir les raisons de sa véritable mort. L'enfant Katteridge se trompait sur ce qu'il voulait ; c'était probablement cela qu'il fallait lui dire. NATACHA · Pourquoi donc enquêtez-vous sur la mort de vos parents, monsieur Katteridge ? Comme ignorant les prénoms qui venaient d'être dits par deux fois, Natacha reprenait la conversation, insaisissable. NATACHA · Je sais que vous voulez probablement la vérité, c'est ce que nous voulons tous, mais... La mort, peu importe comment elle surgit, est toujours laide, toujours tragique. Qu'il s'agisse de sombres affaires, ou de simples accidents, il n'y a jamais une vérité qui permet de tout apaiser. Elle jeta, le temps d'un instant, un regard au loin, se rappelant le vrai visage de sa propre meurtrière, qui ne l'avait plus quittée depuis qu'il lui avait été révélé. Comment faire cela à un enfant, même s'il était grand ? Ne valait-il pas mieux croire un doux mensonge ? NATACHA · Ce que vous apprenez, vous ne pourrez jamais l'oublier. Et parfois, il vaut mieux que notre lignée demeure prisonnière d'un doux mystère, ne pensez-vous pas ? Elle cligna des yeux, avant de plonger son regard transparant dans celui qui lui faisait face. NATACHA · À part la vérité, qu'avez-vous à gagner ? Oui, voilà, là étaient les mots justes. Car le fantôme avait beau être morte, elle avait un cœur ; il lui fallait trouver un moyen de réparer les dégâts que l'incompétence de ses militants avait causés et, si possible, sans se dénoncer. Peut-être qu'en posant ces questions, qu'en caressant le visage du Katteridge de son regard d'un air sage et bienveillant, elle pourrait lui faire oublier qu'elle n'avait pas répondu à la sienne, et clore cette affaire une bonne fois pour toutes, avant que d'autres personnes désirent la réveiller. |
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Titre : Re : Les spectres du passé
Créé : 09/08/2024 à 00:20:03
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Titre : Re : Les spectres du passé
Créé : 12/08/2024 à 22:42:39 25 DÉCEMBRE.
Deux silhouettes. L'une, fébrile, marchait, ou plutôt trébuchait continuellement, comme ivre de culpabilité. L'autre flottait, droite, et murmurait, rapidement, comme animée par un instinct de survie paradoxal à sa condition. L'échange était bref, et bas, et aucun passant dans cette rue vide n'aurait pu entendre quoi que ce soit, si ce n'est le son lointain des chants de Noël que des enfants joyeux fredonnaient à leurs parents. NATACHA · T'es médecin, non ? C'est Noël, tu devrais pas avoir trop de mal à accéder à Sainte Mangouste, n'est-ce pas ? DENNIS · Oui, oui, je suppose mais... NATACHA · Parfait. T'as bien choisi ta date, au moins. À partir de maintenant, les Katteridges sont tes patients. C'est quoi, les maladies qui font le plus de morts en ce moment ? DENNIS · Euh... NATACHA · Réponds-moi vite, on a pas le temps de tergiverser. Dans ton service, les derniers morts, ils sont morts de quoi ? DENNIS · La... La dragoncelle je crois... Mais ils étaient âgés, et... NATACHA · Oui, la dragoncelle, c'est parfait ça. Un classique. Personne ne se posera de questions. Bon, alors revenons à Marc et Emilie. Elle l'a attrapé y'a quelques mois déjà. Cinq, six, ce qui te semble réaliste. Ça arrive, quand on fréquente des créatures magiques. Lui, il ne l'a eu que récemment, mais il est sensible, ça s'est vite aggravé. Ils ont essayé de se soigner eux-mêmes, se sont empoisonnés avec leurs propres remèdes. Elle a fait un malaise pendant la nuit, ils ont tous les deux transplané jusqu'à Sainte Mangouste et tu les as pris en charge, mais c'était déjà trop tard pour Emilie. Quant à Marc, voir sa femme dans un tel état lui a suffi à perdre toutes ses forces. Après quelques heures, il s'est lui aussi éteint. DENNIS · Mais ce n'est pas... NATACHA · Tu veux que je te sauve la mise ou pas ? DENNIS · Je... Oui, je crois... NATACHA · Alors, tu m'apprends cette histoire par cœur. Tu dois être capable de la ressortir parfaitement, même sous la torture. C'est soit ça, soit j'efface tous tes souvenirs, ok ? DENNIS · Ok... NATACHA · J'ai un autre contact à Sainte Mangouste, plus fiable que toi. Elle va leur créer des dossiers médicaux réalistes. Toi, tu te calmes, et tu te charges d'écrire une lettre annonçant leur mort à leur famille... S'ils n'ont pas de parents, envoie à leurs oncles, ou je ne sais qui. DENNIS · Mais... Pourquoi ? NATACHA · T'es un médecin consciencieux. Et un meurtrier ne serait jamais assez stupide pour annoncer son crime à l'écrit. Alors, t'as intérêt à ce que cette lettre soit bien écrite si tu veux qu'on te protège. PRÉSENT
En plus d'un fils, Marc et Emilie Katteridge avaient une fille. Une fille. Et encore pire ; un bébé. En cet instant, Dennis Allingham avait de la chance que le temps l'ait emporté – car le bouquet enchanté sur sa tombe, lui, ne tarderait pas à miraculeusement faner. Les yeux de Natacha demeuraient figés sur les lèvres de Noah qui, semblait-il, délivraient de nouveaux secrets à chaque réplique. Le dossier Katteridge, à force d'être étouffé, n'avait jamais été vérifié, et voilà qu'elle avait laissé deux enfants orphelins et séparés dans la nature. Elle s'en voulait, mais que pouvait-elle faire ? Le pauvre homme, qui n'en était probablement pas à son premier essai, ne tombait pas dans les pièges de ses questions, et avait l'air pressé d'en venir à la fin de cet entretien. Les vivants avaient cette tendance-là, à compter constamment le temps qui passait, à se presser pour toujours faire le plus de choses en une seule journée. Combien d'autres rendez-vous avait-il prévu aujourd'hui ? Là n'était pas la question. Si le fantôme avait l'éternité, ce n'était pas le cas de son interlocuteur, et elle devait trouver un moyen, vite, pour ramener cette affaire dans la tombe où elle aurait dû demeurer. NATACHA · Vous n'avez pas répondu à ma question. Le débit de parole de la russe ralentissait, elle délivrait ses mots avec beaucoup de prudence. Qui était cet inconnu, qui avait souffert des secrets de son propre mouvement ? Elle n'arrivait pas à lire entre les lignes, à trouver comment acheter son silence. La sœur, indéniablement, était l'une de ses failles ; il devait, après tout, servir de figure paternelle à celle-ci. Mais oserait-elle jouer ce pion-là ? NATACHA · Pour répondre aux vôtres, je ne suis pas médecin. Ce que je sais, c'est que la mort fonctionne mystérieusement, et parfois, elle arrive soudainement, sans qu'on puisse l'expliquer. Si votre sœur n'a pas été maudite par celle de vos parents, c'est déjà une bonne nouvelle. Ses doigts fantomatiques caressaient la table, créant un mouvement hypnotique, comme pour déconcentrer Noah de son visage pensif, sur lequel bon nombre de mouvements d'âmes indéchiffrables apparaissaient, témoins de son débat intérieur. NATACHA · Mais, je vous le concède, c'est une mort mystérieuse. Silence. À ce stade, il était inutile de tout nier en masse ; il fallait qu'elle se fasse l'amie de Noah. Car en ces temps, un moindre faux pas pouvait non seulement se retourner contre elle, mais aussi envoyer deux sorciers droits dans les bras de l'ennemi – l'Organisation, elle, n'hésitait jamais à utiliser les enfants comme moyen de manipulation, de chantage. Il était encore temps d'apparaître comme la bonne personne, et de protéger ces jeunes gens des vicissitudes qui avaient autrefois corrompu leurs parents. NATACHA · Vous savez, depuis ma mort, j'ai beaucoup de temps, et je m'intéresse à la politique, complexe, de ce monde. Ne plus avoir de corps permet de comprendre beaucoup de choses à ce sujet. Plus qu'elle ne parlait, elle racontait une histoire. Elle empruntait des chemins sinueux, moins directs que ceux demandés par Noah. Mais elle ne pouvait pas non plus lui donner la dure vérité qu'il pensait pouvoir surmonter ; elle se devait de lui donner quelque chose avec quoi il pourrait vivre, la conscience apaisée. NATACHA · Vos parents faisaient, eux aussi, de la politique. Ils étaient discrets, mais plutôt engagés pour leurs idées... Mais ça, peut-être que vous le saviez ? Regard interrogateur. Comment donner vie au mensonge innocent et protecteur qui était en train de naître dans son esprit ? Les fils d'une vérité alternative se tissaient progressivement dans son âme, tandis qu'elle continuait à parler, lentement, mais clairement, comme pour gagner du temps dans cette fine broderie. NATACHA · Ainsi, oui, je connaissais le nom de vos parents. Cessant de bouger l'image de ses doigts, le spectre de Natacha redevint fixe, ne laissant d'autre choix à Noah que d'éviter de la regarder, ou de plonger son regard dans le sien. NATACHA · Maintenant, à vous de me répondre. À part la vérité, que cherchez-vous ? De quoi vous protéger, vous et votre sœur, peut-être ? |
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Titre : Re : Les spectres du passé
Créé : 16/08/2024 à 10:32:10
![]() Les spectres du passé - Natacha Tchaïviev
Je t'avais manqué ? - Deliah Thompson Magic comes with a price - Camille Dubois La lumière vacsille - Catherine Spinnet L'école de la vie en noire - Amaryllis Clyfford La caverne aux Mille Visages - Six/Hellia St.James Un bien étrange jardin - Otto Crowford Nos Ombres Dévoilées - Hellia St.James |
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Titre : Re : Les spectres du passé
Créé : 17/08/2024 à 00:30:00 Natacha comprenait la colère de Noah ; à vrai dire, elle la ressentait elle-même. Contre Allingham, qui lui avait menti pendant quatorze ans, mettant ainsi en danger la totalité de son mouvement, de son combat, mais aussi contre elle-même, qui n'avait pas été assez prudente. Prise dans le tumulte des débuts d'une Internationale où il fallait tout créer, elle avait cru en ce mensonge, elle avait fait confiance à celui qu'elle savait être un meurtrier. Elle avait, sans le savoir, contribué à ruiner la vie de deux sorciers, deux enfants, et, plongée dans l'ignorance, elle n'avait rien pu faire pour réparer son erreur. Était-il trop tard ? Si son contrat avec Camille Dubois empêchait l'Organisation de l'attaquer directement, les deux mouvements pouvaient continuer à se battre, plus vicieusement. Chaque sorcier recruté était un pion précieux dans cette lutte invisible, et deux enfants aux parents tués par l'un des siens, sans aucune raison, étaient des cibles parfaites pour ses opposants, si l'identité du coupable était révélée. Noah Katteridge ne s'en rendait pas compte, mais les enjeux étaient au moins tout aussi importants de l'autre côté de la table, malgré les émotions cachées et les propos posés. NOAH · Natacha, je ne sais pas comment vous le dire autrement. Mais c’est difficile de détester ses parents. Depuis que j’ai découvert ma sœur, je les hais. Je les hais de ne pas me l’avoir dit, je les hais de ne pas avoir fait ce qu’il fallait pour la placer dans une famille décente. Je les déteste de tout mon être. Ma sœur a énormément souffert à cause d’eux. Mais si aujourd’hui vous pouvez me dire que ce n’était pas leur choix, qu’il y avait une autre raison à tout cela, peut-être que je pourrais enfin trouver la paix avec moi-même, et avec eux. Non seulement il ne savait manifestement rien de l'engagement de ses parents, mais en plus, il les détestait. Voilà qui était intéressant. Natacha, et l'Internationale en règle générale, savait bien mieux s'occuper des enfants qui haïssaient leurs familles que de ceux qui les aimaient. C'était comme ça que le fantôme s'en occupait. Elle leur offrait tout ce dont ils avaient toujours manqué – l'amour, la sécurité, le soutien inconditionnel –, leur montrait ce qui pouvait exister, construisait un idéal parfait et, lorsqu'ils étaient convaincus, elle leur ouvrait la porte vers un monde bien plus grand que ceux à quoi ils prétendaient auparavant. Suite à cette révélation, tout s'éclairait devant la défunte, et elle savait désormais exactement comment s'en sortir, tout en réparant les torts qu'elle avait accidentellement causés. NATACHA · Je comprends Noah, croyez-moi, je comprends. Je sais que cela peut paraître étonnant, mais j'ai été, moi aussi, dans une situation comme la vôtre. Votre haine et votre colère sont légitimes. C'était désormais un visage aimant, plein de compassion, que la russe affichait. Le regard qu'une mère aurait envoyé à son enfant – le même que celui qu'elle avait, il y a un peu moins de vingt ans, offert à Dennis Allingham lorsqu'elle l'avait rencontré pour la première fois. Mais ça, l'orphelin ne pouvait pas le savoir. NATACHA · Je vois que vous êtes pressés de connaître la vérité, et que vous ne savez pas tant de choses sur vos parents, alors je vais vous dire ce que je sais, sans passer par mille détours. Mais comprenez bien que j'essayais, jusque-là, de vous préserver, car j'ai bien peur de vous décevoir, et de vous troubler bien plus profondément que je ne vous aurais apaisé. Elle marqua une pause, signant comme un contrat silencieux avec le Katteridge ; à partir du moment où elle parlerait, il ne pourrait plus revenir en arrière, et agir comme si cette conversation n'avait pas accepté. Il en acceptait tous les tenants et aboutissants, et elle n'en serait en aucun cas responsable – après tout, nous parlions bien de faits qui avaient eu lieu il y a quatorze ans, une époque lointaine depuis laquelle elle avait bien changé, n'est-ce pas ? NATACHA · Pour tout vous dire, je vais devoir, encore une fois, vous parler un peu de moi ; écoutez-moi bien, et ne vous agacez pas. Tout cela aura un sens, promis. Désormais, le discours de Natacha était beaucoup plus fluide ; on pouvait aisément sentir sa décontraction, elle était désormais dans un terrain connu et, semblait, enfin, faire confiance à son interlocuteur. NATACHA · Comme je vous l'ai dit, depuis ma mort, je m'intéresse beaucoup à la politique. Je ne sais pas ce que vous en savez, mais il faut comprendre que, chez les sorciers, celle-ci est particulièrement dangereuse. Bien loin des débats et des discours du Ministre de la Magie, il y a tout un tas de groupuscules qui s'agressent et s'entretuent, pour un oui ou pour un non, afin de faire entendre leurs idées. Cela est tragique ; ces combats d'idées détruisent des vies, et laissent de nombreux enfants soit orphelins, soit abandonnés de leurs parents, qui mettent leurs idéaux avant leur famille. Les mots filaient, le fantôme ne voulait pas perdre de temps ; il fallait en venir, le plus vite possible, au point qui l'intéressait, et son débit de parole était celui d'une militante bien rodée, qui connaissait déjà le jeu de la vie politique sur le bout des doigts. NATACHA · J'ai moi-même, à ma façon, été victime de ce système, et, étant mère, je ne pouvais supporter l'idée que des jeunes se retrouvent privés de leur enfance à cause de ces guerres-là. J'ai donc créé une... Une association, disons, qui vise essentiellement à protéger ces enfants, afin que l'héritage de leurs parents ne leur pèse pas dessus. Voyez-vous, certaines organisations, certaines factions, ont tendance à imaginer que les parents transmettent certains secrets à leurs enfants, et à s'attaquer à ces derniers, de manière... préventive. Les mots étaient lourdement choisis, Natacha parlait plus bas, afin que seul Noah l'entende dans ce pub qui commençait à se remplir un peu plus qu'auparavant. NATACHA · Tout ce que nous voulons, c'est la paix, et la sécurité pour les sorciers. Nous voulons mettre fin à ces techniques assassines qui ne font rien pour notre monde. Avec le temps – vous vous doutez bien que tout cela ne date pas d'hier –, nous avons réussi à obtenir le financement de riches familles, et l'aide de puissants sorciers, afin de garantir une protection sans failles à ceux placés sous notre surveillance. Cela n'était pas tout à fait faux ; l'Internationale profitait effectivement de ce genre de financements, et dépensait une bonne partie de son énergie à la protection d'un certain nombre de militants, et autres – le fils de Natacha lui-même, Oryæ, bénéficiait sans le savoir d'une telle protection. NATACHA · Pour garantir cette protection, nous sommes forcés de mettre en place une sorte... D'espionnage. Nous n'attaquons personnes, mais nous avons, au fur et à mesure, recruté des sorciers capables de nous fournir un certain nombre d'informations. Cela nous permet de mener à bien notre mission, en connaissant les projets des différentes organisations politiques en avance. Une à une, les briques se posaient, construisant un récit ayant du sens, un récit vraisemblable, qui pourrait prendre la forme des ruines de la vérité après lesquelles Noah avait tant couru, toutes ces années. NATACHA · Venons-en à votre histoire ; je suis désolée, mais je ne sais pas grand-chose sur la mort de vos parents. Cependant, je sais qu'ils faisaient partie de nos listes de militants politiques, que nous surveillions de loin, et Dennis Allingham également, mais ce dernier défendait des opinions opposées à celles de Marc et Emilie. Il avait commencé à attirer l'attention de nos services, il y a environ une dizaine, quinzaine d'années — je n'ai plus les dates exactes en tête, mais il me semble que ce n'était pas si longtemps après le décès de vos parents. Un silence plana ; une mouche vola. Les conséquences de ces deux affirmations, une fois unies, n'avaient pas besoin d'être explicités. Laissant un court instant à Noah pour digérer l'information, le fantôme repris de plus belle : NATACHA · Je n'accuse personne de quoi que ce soit. Je n'ai aucune information de plus que ce que je viens de vous délivrer ; et j'admets qu'à l'époque, le dossier de vos parents et celui d'Allingham n'étaient pas nos priorités. Cependant, connaissant les mécanismes de ce monde... Je ne peux pas vous garantir que tout cela n'est qu'une coïncidence. Et il est vrai qu'après son décès, Allingham, avec qui nous n'avions jamais parlé dans le cadre de mon association, nous a légué une belle somme d'argent, en nous demandant de l'utiliser pour protéger les enfants victimes de la magie. Cela était plutôt intriguant, et nous nous sommes rendus à son enterrement afin d'essayer de récolter plus d'informations à ce sujet, d'où le bouquet que vous avez trouvé. Si ce que je crains de découvrir, en même temps que vous, est vrai, cela pourrait être une forme de regret de sa part. Encore une fois, un silence de mort s'éleva. Respectueuse des révélations qu'elle venait de faire à Noah, et oubliant presque la part d'invention que contenaient celles-ci, Natacha lui laissa encore une fois un temps pour tout intégrer. NATACHA · Pour être honnête avec vous, je m'en veux d'apprendre votre existence que maintenant. Il m'avait toujours semblé que vos parents n'avaient pas d'enfants, et nos équipes ont commis une erreur en ne retrouvant ni votre trace, ni celle de votre sœur. Je ne peux malheureusement pas revenir en arrière, pour empêcher leur mort, mais je me dois de faire quelque chose. Je vous propose, à vous et votre soeur, notre protection ; cela ne vous engage à rien, vous n'aurez même pas à en être conscients. Mais, si vous l'acceptez, nos services seront toujours là pour garantir votre sécurité, inconditionnelement, et ma porte vous sera toujours ouverte pour répondre à tous vos besoins. Il est vrai que vous n'êtes plus tout jeune, mais si certaines organisations politiques vous prennent pour cible, il vous sera toujours utile d'avoir des alliés, et nous vous aiderons tout autant que votre soeur. La soeur ; il fallait insister là-dessus. Elle avait l'air jeune, et importante pour le Katteridge ; elle avait l'air d'avoir beaucoup souffert, et elle ne pourrait que bénéficier des services de l'Internationale, qui lui permettraient de terminer son adolescence dans les meilleures conditions possibles – ce qu'un frère orphelin et seul ne pourrait probablement pas accomplir seul. Et, dans quelques années, elle deviendrait peut-être, comme tant d'autres avant elle, reconnaissante envers ceux qui l'avaient aidé à grandir paisiblement. NATACHA · Je ne vous demande rien maintenant. Je sais que ce que je viens de vous dire doit être suffisamment lourd pour vous, et votre journée est probablement bien suffisamment chargée en émotions. Vous n'êtes pas en état de prendre une décision sur ce genre de sujets. De toute façon, soyez-en assurés ; il ne s'agit pas de signer des contrats éternels, de s'engager dans des dettes à rembourser, ou de quoi que ce soit du genre. Avec moi, vous serez complètement libres de vos choix. C'est pour cela que je préfère attendre un moment plus opportun, pour qu'on en discute la tête claire – disons une ou deux semaines. Qu'en pensez vous ? |
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Titre : Re : Les spectres du passé
Créé : 18/08/2024 à 11:55:51
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Titre : Re : Les spectres du passé
Créé : 19/08/2024 à 00:34:14 Noah avait écouté l'histoire de Natacha sans l'interrompre ; il était comme captivé, et pourtant, pas assez au goût du fantôme, qui sentait tout de même une certaine résistance dans l'esprit de son interlocuteur, qui ne s'abandonnait pas tout à fait dans ses propos. Mince. Cela serait plus difficile que prévu, et elle devrait sans doute passer ses prochaines semaines à enquêter sur l'homme, afin de trouver des arguments plus personnalisés. Ce n'était pas tant lui qui l'intéressait ; il était déjà grand, et, malgré ses troubles familiaux, avait l'air d'avoir trouvé une vie globalement équilibrée. Non, elle, c'était la petite sœur qui l'intriguait. Cette jeune fille avait manifestement souffert avant de retrouver son frère, et devait avoir beaucoup de rancœur en elle contre sa famille, plus encore que Noah. Elle était encore suffisamment jeune pour avoir besoin d'amour et d'un foyer, et suffisamment vieille pour être reconnaissante de ce que l'Internationale lui proposerait. Mais impossible de séparer le duo, et, pour accéder à la jeune fille, il lui fallait avant tout convaincre celui qui lui servait de tuteur. Trouver comment l'acheter. NOAH · Merci, Natascha, pour ce que vous m’avez appris. Une ou deux semaines me semblent tout à fait convenables avant qu’on se revoie pour discuter de tout cela. “D’ailleurs, j’avais une petite question avant de clore cet échange. Savez-vous de quel groupe politique faisaient partie mes parents et Allingham ? La défunte reconnaissait le ton du Katteridge ; elle avait négocié bon nombre de fois dans son existence, et elle pouvait sentir qu'il n'était pas convaincu, même s'il essayait de le cacher. Mais elle ne voulait pas faire face à un refus. Cette histoire revenant de chez les morts risquait de la hanter, et elle voulait se dédouaner de toutes responsabilités pour ce meurtre qu'elle n'avait ni commis, ni ordonné. Certes, elle avait aidé à le camoufler, et cet évènement l'avait officieusement hissé à la tête de l'Internationale ; mais, quelle que soit l'époque, si elle avait su ce que Dennis Allingham prévoyait, elle l'aurait empêché. Elle aurait pu l'empêcher, elle aurait dû le faire ; mais elle avait fait preuve, une deuxième fois dans son existence, d'un peu trop de confiance. Maintenant était sa chance pour tout effacer. Mais pour cela, elle n'avait qu'une option, un coup de poker à double tranchant. Voyant les étincelles de curiosité encore allumées dans le jeune regard de Noah, elle décida qu'il fallait le tenter. Le tout pour le tout. NATACHA · Oh, oui, bien sûr. Allingham faisait partie d'un groupuscule de sorciers, des rebelles sans trop d'idéologie, mais qui, globalement, voulaient une révolution. Rien de très grand, ça n'a pas duré longtemps, un an tout au plus – je crois qu'ils n'avaient même pas de nom. Elle marqua une pause, fit une moue de dédain envers ces militants qui n'auraient fait que tuer, et ruiner des vies, sans véritable objectif, contrairement à elle, menant un projet politique pour le bien des enfants, et faisant de ce fait quelque chose de grand. NATACHA · Quant à vos parents... C'est une autre affaire. Je ne vous l'aurais pas dit en règle générale, mais votre situation me touche. J'espère cependant ne pas vous choquer en vous disant que pour eux, c'était tout à fait différent. Ils faisaient partie, peut-être contre leur gré, d'une structure puissante, bien connue dans le monde sorcier, mais qui, sous couvert de bienveillance et de défense du progrès, a fait de nombreuses victimes... Adulte comme enfants, et à la fois en dehors, et à l'intérieur de ses rangs. Plus elle parlait, plus un soupçon de crainte et de dégoût teintait ses propos. Elle ne pouvait manifestement pas cacher son rejet pour ces gens-là – ou du moins, elle ne le voulait pas. Après tout, on parlait tout de même de ceux qui, pour couvrir le meurtre d'un enfant, avaient fini par ôter sa propre vie ; comment aurait-elle pu les défendre face à cet orphelin, qui était, indirectement, aussi leur victime ? NATACHA · J'évite en général leur nom, par peur qu'ils s'attaquent à mon association. Mais, en l'occurrence, vous en avez besoin et il est, je pense, important pour vous de savoir qui pourrait essayer de vous cacher un sombre passé sous prétexte d'avoir autrefois compté vos parents dans ses rangs... Un léger silence fut posé – silence bien relatif, puisque les tintements de verres, de plus en plus nombreux, venaient l'habiter. La tension était cependant au rendez-vous et la silhouette spectrale avait besoin de laisser le temps d'un souffle pour la libérer, avant de plonger son regard froid droit dans celui de Noah, l'air grave. NATACHA · Enfin, je vous en dis peut-être déjà trop. Elle balaya l'air de sa main, rapidement, puis lâcha ses cartes sur la table, sur un ton presque trop léger : NATACHA · Alors, je fais faire simple, Noah. Après tout, vous avez peut-être déjà entendu parler de l'Organisation ? Et voilà, les dés étaient lancés. Ce fut comme si Natacha pouvait entendre, dans le coin de sa mémoire, un gong sonner. Mais, un triste sourire dessinée sur son visage de fumée, elle ne laissait rien apparaître de cette angoisse. Seule la compassion, qui n'était pas entièrement fausse, régnait désormais sur son apparence, qui était, en cet instant, son arme la plus importante pour faire croire en son récit. À défaut de recruter des amis, elle pouvait au moins tenter de saboter une ennemie, se disait-elle. Et à la guerre comme à la guerre, ce genre de gestes ne lui étaient pas interdits. |
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Titre : Re : Les spectres du passé
Créé : 20/08/2024 à 12:13:59
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Titre : Re : Les spectres du passé
Créé : 21/08/2024 à 01:09:15 Au nom de l'Organisation, quelque chose s'était décomposé dans le regard de Noah Katteridge ; ce fut bref et, le temps d'un instant, cette chose se recomposait progressivement en lui, non sans difficultés, mais son expression devenait moins lisible aux yeux de Natacha qui, déjà, voyait le pire arriver. Il avait beau le nier, elle le sentait ; l'Organisation lui était familière et, pire encore, il y avait de grandes chances pour qu'elle l'ait déjà contacté. Était-ce trop tard ? Si elle avait pu le faire, la défunte aurait serré des dents, et à défaut de cela, son regard retrouvait la fermeté du début de la discussion. Elle était prête à amadouer Noah, à déplacer terre et ciel pour payer sa dette, elle n'irait pas jusqu'à négocier la compassion d'un membre de l'Organisation. Scrutant le trouble évident de son interlocuteur, le fantôme faisait défiler dans son âme les diverses questions qu'il pouvait se poser en cet instant. Que se passait-il donc dans sa tête ? Impossible de le savoir précisément. Dès qu'elle sortirait de là, elle enverrait ses meilleurs alliés enquêter sur le sujet de ces Katteridge retrouvés. Mais en attendant... NOAH · Et c’est quoi exactement, leurs idéaux ? Un piège. Cette question ne s'alignait pas avec l'animation brève que le visage de Noah – Natacha, si elle était de nouveau sur ses gardes, laissait son visage de marbre. Celui-ci était certes un peu moins animé que lors de ses paroles précédentes, mais il n'y avait là rien d'inquiétant. Après tout, peut-être était-ce simplement le souvenir des sombres actes que l'Organisation qui provoquait ce retrait – qui sait ce dont elle avait elle-même été victime ? NATACHA · Officiellement, ils défendent la magie et son développement et, quand on creuse un peu, la supériorité des sorciers... Ses lèvres prirent la forme d'une brève grimace ; elle n'avait jamais eu beaucoup de respect pour ceux qui défendaient la suprématie des sorciers, y compris ses propres parents, et le monde d'où venait son sang. Ayant longtemps dû vivre cachée parmi les moldus, elle avait pu observer les technologies de ce monde-là se développer à une vitesse bien plus grande que ce que la magie pouvait faire ; et ça, c'était avant sa mort. Depuis, les innovations allaient encore plus vite et la russe ne voyait pas comment un être doté d'un minimum d'intelligence pouvait encore penser que la hiérarchie entre moldus et sorciers avait un sens, et que celle-ci allait dans le sens des derniers. Mais ce n'était pas le moment pour de telles réflexions ; à vrai dire, elle commençait même à se demander si elle n'avait pas affaire à un espion, si toute cette histoire n'était pas montée de toutes pièces. Le nom de cet homme était-il seulement Katteridge ? Rien ne l'en assurait. Elle devait peser ces mots, s'assurer de ne rien trop dévoiler de ses propres projets, sans pour autant abandonner l'idée de récupérer la jeune fille sous son joug. NATACHA · Mais dans les faits, c'est bien moins réjouissant. Il s'agit avant tout de sorciers et de sorcières avides de pouvoir, et prêts à tout pour l'obtenir – quitte à sacrifier quelques personnes au passage, chez leurs opposants ou dans leur propre camp. La silhouette de fumée de Natacha soupira légèrement, laissant un froid glacial s'échapper de ses lèvres immatérielles. Indéniablement, lutter contre une telle puissance la fatiguait, on aurait presque dit qu'elle était lassée de ces crimes auxquels elle ne cessait d'assister, du moins de loin. D'un air résigné, elle reprit la parole : NATACHA · Après, beaucoup de sorciers très talentueux se retrouvent embarqués là-dedans, sans trop savoir ce pour quoi ils signent... Je ne peux pas vous assurer que vos parents défendaient ces mêmes valeurs. Si vous le souhaitez, je pourrai demander à mes équipes d'enquêter pour en savoir un peu plus sur eux. Elle afficha un sourire triste et las ; fermant ses paumières un instant, comme pour montrer qu'au fond, elle n'était pas si différente du mortel auquel elle faisait face, elle ajouta : NATACHA · Toujours sans conditions, évidemment. Mais je vous conseille de vous méfier, l'Organisation ne saurait tarder de tenter de vous séduire, vous aussi, et, avec eux, tout a un prix. Un rire, mi-ironique, mi-sincère, lui échappa, tandis que son regard caressait la silhouette du Katteridge lentement, comme pour l'examiner. Ses vêtements cachaient trop son bras pour qu'elle puisse y dénicher la silhouette d'une rune. Si elle avait su, elle aurait envoyé une de ses jolies associées, vivante qui plus est – cela aurait sûrement rendu cette vérification plus facile. NATACHA · Enfin, je vous dis ça, mais si vous leur demandiez, ils vous raconteraient probablement que je suis une vilaine fouineuse qui tente désespérément de les saboter. Vous comprenez que, vu mon projet, eux et moi ne sommes pas tant amis que ça. Je vous déconseille de leur passer le bonjour de ma part, si vous voyez ce que je veux dire. Ses yeux se relevèrent, droit sur le visage de Noah, et, le temps d'un instant, elle retrouvait le sourire charmeur qu'elle avait autrefois tant donné. Son corps, à défaut de la matière, n'avait rien perdu de sa jeunesse, et elle ne se privait pas, parfois, de donner quelques battements de cils à ceux et celles qui devaient la voir comme une innocente jeune femme. À défaut d'avoir une jolie membre à disposition, ou même des membres de chairs pour accomplir la tâche elle-même, elle pouvait toujours tenter d'utiliser le peu de beauté qui lui restait pour servir son argument. Comment pourrait-on voir, dans les traits de cette femme, trop jeune et trop belle pour être morte, ceux d'une menteuse ? Mais ses doigts, comme entrelacées, ne mentaient cependant pas ; elle parlait ici de ses affaires, dans lesquelles Noah prenait, sans le savoir, une place de plus en plus encombrante. |
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Titre : Re : Les spectres du passé
Créé : 23/08/2024 à 14:11:31
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Titre : Re : Les spectres du passé
Créé : 28/08/2024 à 00:17:51 NOAH · De toute évidence. Noah semblait ignorer royalement les informations qu'elle venait de lui donner. Un homme aussi peu sensible aux meurtres d'enfants, alors qu'il avait tremblé dès la mention du nom de l'Organisation, avait toutes les caractéristiques d'un espion. D'un mauvais espion – après tout, n'avait-il pas été démasqué en quelques minutes seulement ? Cela ne ressemblait pas au style de Camille – l'avait-elle trouvé dans une pochette surprise, ou s'était-elle sentie obligée, elle aussi, de protéger le descendant des alliés de sa mère ? Quoi qu'il en soit, l'intérêt de Natacha pour cet homme baissait à vue d'œil. S'il n'avait pas de sœur, elle l'aurait bien vite oublié – de toute façon, celui-ci ne paraissait pas désirer quoi que ce soit pour compenser la perte de ses parents. Comme le fantôme l'avait deviné très tôt dans la conversation, il ne désirait rien. Seulement la vérité, et cela ne faisait que le rendre plus suspect. Elle haussa les épaules, et s'éleva à nouveau au-dessus du sol. NATACHA · Très bien, alors je pense que je n'ai plus rien à vous dire – de toute façon, vous savez où me contacter. Au revoir, monsieur Katteridge. Et, délaissant le vivant tout comme elle avait délaissé l'usage de son prénom, elle sortit du bar, s'envolant dès que possible aussi haut dans les airs que possible, afin de ne pas être suivie. Il ne manquerait plus qu'un tel homme le suive dans ses affaires. Car s'il ne l'intéressait plus tant, elle tenait bien à trouver un moyen de parler avec elle. À défaut de lui avoir laissé des parents, elle se devait de protéger cette enfant. Elle envoya donc, au plus tôt, des membres de l'Internationale de confiance – depuis l'accident Allingham, elle s'était assurée de mieux tester la fiabilité de ses alliés – enquêter sur les Katteridge. Des dossiers furent déterrés, les traces de Noah suivies, et toutes les informations possibles récupérées. Allant de l'examen discret des livrets de famille par des infiltrés au Ministère aux conversations à l'apparence aimable avec une ancienne voisine un peu trop bavarde et ravie de s'être débarrassée de moutons, l'Internationale avait passé au peigne fin tout ce qu'elle pouvait se permettre de regarder sans que l'investigation devienne trop suspecte. Si l'hypothèse du mauvais espion demeurait possible, Noah était malgré tout bien le fils de Marc et Emilie, et sa sœur était réelle – elle s'appelait Kenia, et était en troisième année à Poudlard. Cette dernière avait longtemps été placée dans une famille de sangs purs – « des gens bien respectables », disaient leurs voisins, qui n'avaient tout de même manifestement pas trop hésité à relâcher la jeune fille une fois son frère retrouvé. Natacha, qui commençait à s'y connaître en histoires de familles, sentait qu'il y avait là des choses à cacher, mais elle n'osait pas encore s'approcher de ces gens-là. Si l'Organisation était impliquée, il fallait être subtile. En outre, la famille St.James semblait passer de plus en plus de temps avec celle des Katteridge, tout semblant indiquer une romance entre les deux aînés, et la défunte était bien placée pour savoir à quel point l'amour pouvait être une belle faiblesse pour convaincre quelqu'un. Ainsi, trois semaines plus tard, un hibou grand-duc déposa un parchemin élégamment écrit, et ayant tout à fait l'air d'un courrier officiel, sur le bureau personnel de Noah Katteridge.
L'enveloppe était scellée d'un sceau rouge, portant le symbole et le nom de cette fameuse A.I.D.E.S., une fausse association qui existait effectivement depuis le début du vingt-et-unième siècle, et qui était apparue de temps à autre dans des journaux locaux sans importance – une couverture parfaite qui avait de nombreuses fois servi à l'Internationale pour attirer de nouveaux membres. |
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Titre : Re : Les spectres du passé
Créé : 31/08/2024 à 21:10:14
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Titre : Re : Les spectres du passé
Créé : 31/08/2024 à 22:56:34 Face à la lettre de Noah, que son hibou avait docilement dépliée sur son bureau, Natacha n'avait pas pu s'empêcher de lever les yeux au ciel. Contradictoire, de la part de celle qui mettait un point d'honneur à sa liberté. Mais elle commençait à se lasser de devoir mettre tant d'énergie dans une affaire du passé. La petite avait intérêt à être intéressante, pour lui demander autant d'énergie. Et en même temps, elle savait, au fond d'elle, que le Katteridge n'avait pas tort, et que cette marque de prudence était celle d'un sorcier aguerri ; un espion, peut-être pas, puisqu'il ne semblait pas s'opposer à la prise en charge d'un rendez-vous psy pour Kenia. Mais une future recrue, pourquoi pas. Il suffisait de gagner sa confiance, ou plutôt celle de sa sœur, et le tour serait joué. Après une brève visite chez Jamila, qui lui servait de scribe pour l'occasion, une nouvelle lettre pu ainsi apparaître devant Noah, tapée à la machine à écrire sur le même papier officiel que la précédente.
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