Sixtine leva les yeux au ciel. La prochaine personne à lui dire où Carter ne se trouvait pas, subirait un crache-limace bien placé. Ignorant volontairement la rectification de Bilel concernant son nom de famille, la sixième année, se tenait fièrement devant lui, la tête haute et les épaules droites. Son visage affichant un air de supériorité, gratifiant son interlocuteur d'un sourire condescendant.


Je sais que Carter est déjà au château. C'est toi que je suis venue rencontrer, Bilel Soufran.


Elle faisait exprès d'accentuer le r qui ne devait pas se trouver là. Décidant qu'il ne disparaîtrait que lorsqu'elle aurait décidé que le Serdaigle le mériterait.


Non. Je ne suis pas une meuf. Je suis sa meilleure amie. Et toi, tu passes beaucoup de temps avec lui ces derniers temps. Je dois m'assurer que tu es digne de mériter son attention. Et la mienne par conséquent.


Les mains sur les hanches, Sixtine regardait Bilel de toute sa hauteur. On aurait pu croire qu’elle craignait de perdre sa place dans le cœur de Carter, mais il n’en était rien. Si elle était certaine d’une chose, c’était que leur amitié était gravée dans le marbre. Bien plus que son ami, Carter était son frère et dans l’esprit de la Serpentard, on devait protéger sa famille.


Carter est fascinant et merveilleux, je ne t’apprends rien, n’est-ce pas ? Il ne peut pas perdre son temps, qui est précieux, avec n'importe qui. Alors, est-ce que tu tiens suffisamment à lui pour me parler de toi ? Et je veux tout savoir.

Un éclair d'espièglerie traversa le regard de Sixtine tandis que le quatrième année dévoilait une part importante de sa personnalité. Ce dernier n'avait nullement l'air impressionné par sa prestation, là ou d'autres, souvent intimidés par le mordant de la sixième année, préféraient baisser les bras et de rendre avant même le début du duel. Bilel marquait un point important. Le descendant de Velane avait du tempérament et savait user de son exceptionnelle beauté pour parvenir à ses fins. Être capable de lui tenir tête et de ne pas céder à ce charme qu'il dégageait, était primordial. Passant un bras sous celui de Bilel qui l'attendait, un subtil sourire étirant le coin de ses lèvres, la Serpentard acquiesça.


Allons-y dans ce cas. Certes, Carter est assez grand pour savoir comment occuper son temps, mais, une partie de ce temps m'est consacré. Et puisque, toi, Bilel Soufran, - ajouter cette lettre l'amusait puérilement, - tu prends une partie du temps qui est le mien, il faut, je découvre si tu es assez intéressant pour envisager de t'accepter dans notre cercle restreint. Est-ce que tu comprends ?


Pendant que les deux élèves cheminaient en direction du château, la nuit commençait doucement à envelopper les alentours.



Je veux tout savoir. D'où tu viens. Qui tu es. Ce que tu aimes, ce que tu détestes. Pourquoi Carter t'intéresse. Tout.


Parvenue à la porte Est, Sixtine fit halte, se retournant vers le Serdaigle.


Mais il est tard et une de mes amies m'a dit qu'il y aurait de la tarte à la citrouille au repas de ce soir. Peut-être pouvons-nous, nous retrouver après le couvre-feu ?


Son regard, étincelant de malice, plongea dans celui de Bilel. Allait-il être capable, ne serait-ce seulement que d'envisager, d'enfreindre le règlement ?


Rendez-vous ce soir après le couvre-feu au quatrième étage devant le portrait de Bertie Crochue.


Et sans lui laisser le temps de répondre, Sixtine tourna les talons, s'engouffrant dans le château.