C'était une soirée de début d'automne, fraîche et agréable. Parfaite pour célébrer des fiançailles. Les convives faisaient tinter leurs verres en cristal, échangeaient des sourires ou conversaient, bruyamment pour certains, plus discrètement pour d'autres. Au milieu de toutes les robes de soirées et de costumes trois pièces, Hellia St.James un verre de champagne à la main, n'écoutait que d'une oreille les deux sorcières plus âgées qui se trouvaient à ses côtés. Elle avait envie d'être à des lieux de cette soirée mondaine, là où il était vraiment important qu'elle soit. À veiller sur Eliphas par exemple. Mais non, son rang dans la société exigeait sa présence à des fiançailles dont elle n'avait que faire. S'éloignant des deux amies de sa grand-mère en s'excusant sous un faux prétexte, la fourchelang sorti sur la terrasse, éclairée pour l'occasion grâce à des bougies flottantes. L'air frais qui passa sur son visage lui fit pousser un soupir de satisfaction. Ici, au moins, elle était seule et elle espérait que rien ni personne ne viendrait la déranger. Cet espoir fut de courte durée, malheureusement. Hellia, ma chère ! Que faites-vous donc toute seule ici. Venez, venez donc, je dois absolument vous présenter quelqu'un. RPG entre Toma Dresden & Hellia St.James Intervention de PNJ non désirée

* Passant sa main droite dans ses mèches de cheveux pour la cinquième fois en trois minutes à peine, Toma avançait doucement, très doucement vers la demeure depuis laquelle il pouvait entendre de nombreuses voix.

Sa présence ici était questionnable, et son intérêt pour les sorciers et sorcières présents était pour le moins ... nul. Le haut monde, la haute société représentait tout un monde qui lui était étranger. Mais famille oblige, même s'il avait toujours plus ou moins réussi à s'en extraire, la position de sa mère au sein du Ministère l'obligeait parfois à se rendre dans ce genre de soirée pour que la famille soit "bien vue". Il suffisait d'un seul représentant de la famille pour que tous les invités cochent inconsciemment la case "présent à la soirée". Des fois ses parents, des fois son frère ou sa soeur, et des fois lui-même. C'était une sorte de parade. Le faire-semblant dans son paroxysme le plus total. Et cette fois-ci, c'était tombé sur lui. Et pour peu que son nom de famille dise réellement quelque chose à quelqu'un à cette soirée, il serait peut-être obligé d'avancer quelques banalités, lui qui préférait largement se mettre à l'écart dans ce genre de circonstances.

A peine entré dans la demeure, il vérifia une dernière fois sa tenue. Un costume deux pièces dans les bleu nuit ensorcelé qu'il avait fait faire faire par un artisan à Londres. Les personnes les moins attentives n'y verraient qu'un costume classique, mais pour d'autres, quelques points lumineux se baladaient ça et là sur le costume, pareil à des étoiles qui ne brilleraient que sous un certain angle. Il n'était pas une personne à aimer les artifices, mais il appréciait le travail minutieux de certains artistes. Et vu les invités de la soirée, c’était peut-être ce qui le démarquerait des autres. A tort ou raison.

C'est en faisant quelques pas de plus qu'il se fit rapidement intercepter par une dame qui semblait avoir l'âge de sa mère. Son visage lui disait quelque chose, peut-être qu'elle était déjà passée au logis familial. *

- Toma, c'est cela ? Vous êtes bien le fils de Victoria ? Bienvenue à la soirée.

* C'était bien une collègue et amie proche de sa mère au Ministère. Après quelques échanges de banalités, il apprit qu'on pouvait lui présenter quelqu'un. Attendant sur place, à quelques mètres de l'entrée, avec la coupe de champagne qu'on venait de lui servir, il attendit avec curiosité ladite personne. *

* La fête ne s'annonçait peut-être pas si ennuyante que prévu. Il n'avait aucune idée de la personne qui allait lui être présentée, étant donné qu'il ne connaissait même que très peu celle qui s'apprêtait à faire lesdites présentations. Mais c'était toujours une manière comme une autre d'échapper à cette assemblée et de penser à autre chose.

Lorsque l'hôte de la fête revint, elle était suivie par une élégante jeune femme qui semblait avoir plus ou moins son âge, ou peut-être un peu plus âgée. Une fois les salutations de rigueur passées, le Dresden ne put s'empêcher de remarquer que la nouvelle venue, une certaine Hellia, semblait ailleurs et peu intéressée par la situation. Soit. L'amie de sa mère, quant à elle, était partie dans un jeu de théâtre dramatique après avoir clarifié leur lien qui semblait assez ridicule. La scène eut au moins le mérite de faire sourire Toma.

Seulement, l'atmosphère changea du tout au tout lorsque la St.James lui porta d'un coup plus d'attention. Sa manière de l'interpeler fut assez brutale, mais intéressante. Toma n'avait pas vraiment mis ses sens en alerte et s'était contenté d'agir normalement. Enfin aussi normalement qu'il puisse se le permettre dans ce genre de réception. Mais lorsqu'il était au cœur de situations comme celles-ci, il ne pouvait s'empêcher d'étendre ses perceptions classiques afin de faire appel à ses capacités de magie ancienne. Il avait mis longtemps avant de commencer à les maîtriser et s'était promis de ne s'en servir qu'en cas de besoin. Le reste du temps, il parvenait plus ou moins à les réduire sous silence. Mais cette fois-ci, curiosité oblige, il s'y autorisait une fois de plus.

Son instinct avait apparemment vu juste. L'invitée en face de lui, Hellia St.James, semblait avoir une aura très particulière. Il n'en était pas encore certain étant donné qu'il n'avait parlé de ses capacités à personne, mais une discussion plus approfondie serait surement nécessaire pour en savoir davantage sur la sorcière qui le fixait maintenant avec une grande intensité.

Il n'en fallut cependant pas plus avant que cette dernière ne prenne les devants et l'invite grandement à la suivre, à la surprise de l'hôte des lieux dont il n'avait toujours pas le prénom en tête. S'excusant de quitter sa compagnie si rapidement, il suivit la dénommée Hellia qui semblait également être une legillimens un tant soit peu accomplie. Rares étaient les sorciers ou sorcières à utiliser ce genre de capacités lors d'évènements comme celui-ci. Toma était donc curieux de voir ce que lui voulait la jeune femme.

Lorsqu'ils furent tous les deux à l'écart des convives sur la terrasse, le Dresden attendit quelques instants avant d'avancer ses premiers mots. *

- C'était une sortie plutôt rapide pour une première rencontre.

* Faisant exprès d'ignorer la question qu'elle lui avait posé dans un premier temps, il finit par entrer dans le vif du sujet en jouant franc jeu. *

- Je suppose que vous l'avez senti également, n'est-ce pas ?

* La question était suffisamment large pour viser de nombreux sujets, mais vu la réaction de la jeune femme il était quasi sûr d'avoir visé juste. *

* Si Toma était curieux à l'idée de savoir ce que pouvait lui réserver la suite de la discussion avec la St.James, cette dernière semblait beaucoup moins ouverte à l'idée de se dévoiler directement. Ils s'étaient pourtant isolés de la foule et étaient tous les deux seuls dans l'instant présent. Des oreilles indiscrètes pouvaient certes se débrouiller pour écouter leur conversation, mais qui s'intéresserait à deux adultes s'étant volontairement mis à l'écart ?

L'ancien Poufsouffle nota également qu'elle avait très rapidement ignoré sa question. Lui qui pensait qu'elle serait plus bavarde vu qu'elle avait initié leur isolement, cela le rendait encore plus curieux. Encore une fois, à tort ou à raison.

Il ne put s'empêcher de sourire lorsqu'elle l'interrogea sur son activité à Poudlard. L'espace de quelques instants, il eut un léger moment d'hésitation. Comment avait-elle connaissance de ses activités alors qu'ils venaient tout juste de se rencontrer ? A moins que ... St.James ... C'était en fait assez évident. *

- L’enseignement de l’Astronomie fait effectivement partie de mes activités à Poudlard. Je suis d'ailleurs agréablement surpris que votre ... fille ait mentionné mon nom.

* Il avait tout de même hésité avant de se prononcer sur le lien de parenté, mais c'était le plus probable. Et puis, il ne risquait pas grand chose à s'avancer de la sorte.

Hellia mit par contre rapidement fin à l'échange lorsqu'elle revint sur leur sujet initial. Visiblement, elle ne comptait vraiment pas en dire plus à cette fête et attendait de se retrouver dans un endroit plus privé, à l'écart de tout regard, de tout jugement et de tout soupçon. Soit.

L'astronome prit la carte d'invitation qu'elle lui tendit et lui glissa un mot juste avant qu'elle ne disparaisse. *

- A demain dans ce cas, je suppose.






* La demeure des St.James était plutôt imposante. Son trajet jusqu'à l'emplacement indiqué n'avait pas été sans encombres, mais il avait fini par arriver avec une petite minute de retard. Il espérait que l'hôte des lieux ne lui en tienne pas rigueur.

Il toqua quelques coups à la porte pour signaler sa présence et attendit qu'on vienne lui ouvrir. En l’occurrence, un elfe se présenta et l'invita à entrer dans la demeure. Il n'aurait visiblement pas à annoncer son identité étant donné que tous les elfes présents semblaient avoir connaissance de sa venue.

Suivant les pas de celui qui l'avait introduit dans ces lieux, il se dirigea vers l'endroit où était supposé se trouver Hellia, qui l'attendait également. *

* Suivant l'elfe le maison qui semblait le diriger vers le salon du manoir, Toma ne peut s'empêcher d'inspecter les lieux avec un certain émerveillement. Le manoir était vraiment magnifique et très bien travaillé. La pièce dans laquelle il venait d'arriver, quant à elle, était également très bien agencée et décorée avec du mobilier qui ne laissait en rien douter des goûts de son hôte. Il ne put s'empêcher de fixer quelques secondes le globe terrestre situé à quelques mètres de lui.

Reportant assez rapidement son attention sur Hellia qui venait de remarquer sa présence, il lui rendit ses quelques formules de politesse. *

- Mais c'est un plaisir d'être invité dans une pareil manoir. Ce salon est magnifiquement décoré.

* Un compliment était toujours bon à placer, surtout que la St.James paraissait cette fois-ci beaucoup plus disposée à échanger. En même temps, le contexte lui était particulièrement propice. Ils se trouvaient sur son terrain. Sachant d'ailleurs à qui il aurait à faire, pour le peu qu'il connaisse d'elle tout du moins, il avait laissé ses perceptions magiques lui faire ressentir son aura. La St.James ne semblait pas présenter de signes de menace, son aura n'était en rien perturbée. Sauf si elle savait très bien cacher son jeu.

Quoiqu'il en soit, partant sur une base relativement positive, l'astronome se laissa volontiers guider par son son hôte. Lorsqu'il se trouvait dans ses bureaux à Poudlard, il ne buvait en général presque que du thé. Mais à l'occasion d'invitation comme celles-ci, une boisson plus forte était toujours agréable. *

- Je vais opter pour le Whisky dans ce cas ! Je vous remercie.

* Ne sachant pas exactement quand viendrait le sujet principal de leur discussion, qui était d'ailleurs la principale raison de sa présence dans ce manoir, il chercha d'abord à en savoir davantage sur la St.James. Après tout, elle ne semblait pas hostile à un échange cordial. S'installant tranquillement sur le sofa, le Dresden croisa les jambes, l'air serein. *

- Ainsi donc vous êtes la seule occupante de ce grand manoir ? J'imagine que vos aïeuls ont dû occuper des places importantes pour réussir et s'offrir cet endroit remarquable.

* Il n'y avait rien de condescendant dans sa remarque, juste des faits énoncés et qui seraient somme toute assez logique. Sa propre famille n'avait jamais fait partie des grands riches de ce monde, même si sa mère occupait une belle place au Ministère. Ou alors ses parents n'avaient pas jugé nécessaires d'investir dans des biens de la sorte, puisqu'il devait avouer que l'argent ne leur avait clairement jamais manqué. Néanmoins, comme il s'était toujours mis à l'écart de cette mentalité familiale dans laquelle la pureté du sang était quasiment une question d'honneur, il n'avait pas vraiment songé à la position de ses parents sur des sujets liés à la richesse matérielle. *

* Buvant le verre de whisky qui lui était servi par Hellia, Toma l'écouta donner quelques détails sur les occupants des lieux et l'histoire de sa famille. Il était toujours appréciable d'en connaître davantage sur les lieux et les personnes que l'on côtoyait. Toma sentait même qu'elle se livrait sur certains points, notamment en mentionnant son père. Même si elle semblait afficher un masque d'impassibilité à toute épreuve en mentionnant ce sujet, la prosodie, elle, mentait rarement. L'astronome n'était pas un legilimens, mais il avait toujours eu une certaine sensibilité pour détecter le dessous de certaines émotions sur des détails subtils. Sans avoir l'intention d'utiliser l'information à mauvais escient, il garda tout de même cette sensation dans un coin de sa tête. Ayant lui-même certains souvenirs d'une relation mouvementée avec son père, même si elle s'était peu à peu améliorée au fil du temps, il s'identifiait rapidement aux personnes ayant connu des situations similaires. Mais là n’était pas le sujet principal des discussions. Revenant à lui, notamment pour appuyer une sorte de similarité avec le parcours de la St.James, il ajouta une remarque, tout sourire. *

- Oh vous savez, je crois que les enfants ou petits-enfants finissent tous tôt ou tard par faire des choix de vie qui ne conviennent pas à leur entourage. Mes parents m'auraient vu intégrer les hautes sphères de Ministère, mais j'ai préféré me pencher sur des activités dans une Tour, étudier les étoiles et voyager. Comme quoi, chacun sa vie ! Oh et, soit dit en passant, vous pouvez m'appeler par mon prénom, ce sera quand même plus pratique vu que nous avons au moins cette soirée à partager.

* Toma n'était pas très à l'aise à l'idée de de mettre constamment de la distance dans n'importe quelle discussion. Il préférait établir une connexion lorsqu'il sentait que l'échange se voulait cordial voire amical.

Buvant une autre gorgée de ce fameux Whisky qui, il fallait l'admettre, était particulièrement bon, le professeur entendit ensuite Hellia mentionner le sujet qui devait être abordé. Cette dernière semblait toutefois légèrement ailleurs, comme si son attention n'était pas seulement centrée sur leur discussion. Faisant fi de cette observation dans l'instant, l'astronome ne put s'empêcher de répondre à la question de la Serpentard avec un large sourire. *

- Ah, enfin nous y voilà. Je suppose que nous avons ressenti et que nous ressentons d'ailleurs toujours, à l'instant même où je vous parle, les mêmes sensations. Pour ce qui de ma connaissance sur le sujet ... Quelle version voulez-vous ? Celle des livres ? Ou celle d'une expérience accumulée sur un peu plus de quatre ou cinq années ? La première réponse sera disons, plus factuelle. Et la deuxième sera plus subjective, mais sûrement plus sincère.

* Le but de ce pseudo choix, sachant qu'il finirait sans doute par aborder les deux éléments, était davantage de montrer à Hellia qu'il avait déjà travaillé sur le sujet, fait des recherches, mais également expérimenté la chose. Ses recherches à la bibliothèque de l'école l'avait mené à mettre un nom concret sur ses nouvelles capacités magiques. Mais l'adaptation dans la vie courante et l'utilisation correcte dans un environnement où la plupart des sorciers n'en avait pas connaissance était, elle, beaucoup plus subtile et potentiellement plus problématique. Il attendait donc de voir où Hellia voudrait l'amener et ce qu'elle cherchait exactement à savoir.

Examinant également l'endroit où la St.James était installé, Toma finit par comprendre, non sans un petit frisson, pourquoi cette dernière avait semblé ailleurs l'espace de quelques instants. Il entendit distinctement le sifflement d'un serpent et se raidit soudainement, manquant presque de renverser un peu de son whisky sur le splendide sol de ce salon. Il se remit rapidement dans sa position initiale, adopta une nouvelle fois une position assez décontractée et nota mentalement cet élément en plus dans le portrait de la jeune femme qui semblait décidément plus mystérieuse et intéressante qu'il l'aurait cru. *

* L'échange entre les deux sorciers prenait un tournant particulier. Non pas que la discussion avant cet instant soit futile ou inintéressante, bien au contraire d'ailleurs, mais Toma aurait certainement les réponses aux questions qu'il se posait depuis la veille dans les minutes qui suivraient. Hellia avait certainement plus d'une question à lui poser, que cela concerne leur apparent don commun ou ses intentions, encore faut-il qu'il ait des intentions précises par ailleurs. Mais il sentait que tout cela allait se préciser dans les moments à venir.

Chose intéressante, bien que très légèrement déplaisante, il remarqua rapidement la silhouette du serpent se dégager lentement du sofa. Il n'y avait pas à dire, le jeu de lumière que produisaient ses écailles était tout bonnement magnifique. Mais cela compensait tout juste l'aversion de l'astronome à ce genre de créature. Une aversion était tout de même un bien grand mot, mais il ne pouvait s'empêcher d'avoir un très léger mouvement de recul, même en étant assis, tout en contenant en grande partie son ressenti. Il se savait capable de revenir au sujet qui concernait les deux sorciers en ayant une maîtrise relative de ses émotions et il revint donc dans un état plus ou moins posé. *

- Je vous remercie de penser à ce genre de détail, mais je saurai m’accommoder de sa présence, ne vous en faites pas.

* Ramenant lentement son verre de Whisky à ses lèvres, il en but une lente gorgée, le temps d'apprécier la boisson d'une part, mais également de se redonner de l'énergie pour poursuivre l'échange dans des conditions optimales. Sentant la chaleur du Whisky parcourir son corps de secondes en secondes, il ne put s'empêcher d'afficher un sourire amusé lorsque la St.James rebondit sur les options qu'il venait de lui proposer. Hellia avait le mérite d'être franche et directe sur ce genre de sujet, on ne pouvait pas le lui reprocher. Et il devait avouer qu'il aimait bien ça. *

- Les livres sur le sujet sont très certainement peu nombreux, je vous l'accorde. Mais je doute que vous soyez allée les chercher dans la Réserve de la bibliothèque où votre fille étudie. Et si ma curiosité m'amène dans un premier temps à me demander quelles sont vos sources, je vais me concentrer sur la réponse que vous attendez, si vous le permettez. Allons donc pour ... l'expérience. Et la sincérité.

* L'astronome avait fait exprès d'appuyer sur la dernière partie de sa phrase, pour faire échos à une valeur qui semblait être bien chère à son hôte. Il n'avait prévu de mentir à aucun moment, après tout, il n'était pas en situation de danger et voyait plus cela comme un échange pouvant mener à quelque chose, même si ce quelque chose lui était pour l'instant inconnu. Toujours est-il que parler dans le langage de son auditrice lui paraissait être une bonne chose, d'autant plus qu'il avait tout à y gagner et qu'il préférait de loin parler honnêtement et en toute transparence à la seule personne qu'il connaissait qui pouvait le comprendre sur ce point précis.

Voyant Hellia se lever du sofa pour se diriger vers la cheminée, Toma resta tranquillement à sa place, contemplant de plus belle le salon. Il ne savait pas de quelle manière Hellia allait aborder le sujet. Il y avait à la fois beaucoup de questions, beaucoup de mystère mais aussi des éléments communs autour desquels les sorciers de leur type pouvaient se ressembler. Et lorsqu'il entendit la question de la fourchelangue, il sut rien qu'avec les mots employés qu'ils allaient très certainement parler le même langage.

Une telle découverte se ressentait, se vivait, se déclenchait. Dans son cas, et il s'en rappellerait très certainement toute sa vie, l'instant avait été particulièrement éprouvant et intense. *

- Ne vous en faites pas, au contraire, la curiosité est une bonne chose. Et les mots que vous employez prouvent que vous chercher à comprendre l'origine de la chose, même si nos deux expériences diffèrent sûrement.

* Il y eut un léger moment de flottement, comme pour marquer une pause, un court instant de réflexion. Toma en avait besoin pour se rappeler de ce moment, des sensations et émotions ressenties, des battements de cœur à un rythme effréné qui le faisaient revenir presque cinq années en arrière et des voix qu'il avait entendu pour la première fois de cette manière si particulière. Prenant une grande et longue respiration, il répondit de manière claire, non pas sans un soupçon d'émotion, avec une voix légèrement tremblotante. *

- Avez-vous déjà vécu ou ressenti une sensation de mort imminente ? Un moment dans votre vie durant lequel vous êtes intimement persuadée que la mort va vous trouver dans les secondes qui viennent et que vous ne pouvez rien y faire, que vous êtes condamnée ? Pour moi, c'était il y a quelques années, durant mon périple dans un désert d'Amérique latine, alors que j'étais sur la fin de ma formation de recherche.

* Il n'avait pas l'habitude de relater ce genre de souvenir, c'était d'ailleurs une des première fois qu'il en parlait à quelqu'un, puisqu'il n'avait jamais eu l'occasion de le mentionner à qui que ce soit. C'était à la fois douloureux, mais étrangement libérateur. C'était comme s'il relatait un souvenir enfoui depuis des années qu'il avait besoin d'extérioriser devant un auditoire. *

- J'ai eu la malchance de tomber nez à nez avec un Dent-de-Vipère qui survolait la zone désertique que je traversais, dans le but d'atteindre un observatoire quelques jours plus tard. Inutile de vous préciser qu'après quelques secondes, j'ai vite compris que la négociation n’était pas envisageable, surtout que j'étais en très faible forme physique. J'ai donc rapidement compris, au début en tout cas, que j'allais signer mon arrêt de mort. Et lorsque le dragon s'est mit à charger en ma direction, des voix se sont manifestées dans ma tête sans que je ne puisse rien comprendre. Et si dans les secondes qui précédaient l'évènement j'avais accepté mon sort et ma fin en fermant les yeux, mon retour à la réalité m'a montré un dragon chancelant dans la direction opposée, comme s'il s'était prit une force bien au-delà des moyens que j'aurai pu espérer déployer et qui l'avait mis dans cet état, et qui m’avait de fait sauvé la vie.

* Terminant son récit, Toma but une nouvelle gorgée de son verre pour se remettre de ses émotions. Il se tourna alors vers Hellia, avec un sourire avenant et bienveillant, même s'il avait les yeux brillants, signe que son récit lui avait définitivement fait revenir des éléments bien personnels et stressants de son passé. *

- C'est donc de cette manière que ça s'est déclenché pour moi. Et vous ? Comment cela s'est-il produit Hellia ?

* Toma se sentait traversé par un sentiment assez étrange. Son récit retraçant la découverte de sa particularité lui avait coûté, mais il se sentait également libéré et peut-être même compris. Il se doutait bien que les rares personnes qui étaient amenées à maitriser ce don le découvraient de manière bien diverse. Mais quelque que soit la manière, quelque soit l'évènement déclencheur, il était marquant et laissait une trace indélébile qui restait à jamais gravée dans l'histoire du sorcier ou de la sorcière. Sachant alors à qui il parlait, le Dresden sentait que ce genre de sensation était partagée par son hôte.

Lorsqu'il retourna la question à Hellia, il apprécia qu'elle laisse un court instant de silence. C'était comme si elle devait prendre sur elle pour digérer et le récit de l'astronome, et celui qu'elle s'apprêtait à délivrer. Lorsqu'elle reprit la parole, ce fut tout d'abord pour lui demander son ressenti face à la situation. Il est vrai que se dévoiler de la sorte devant une apparente inconnue pouvait sembler insensé, surtout pour des détails aussi personnels et profonds. Mais sur ce point précis, il considérait en un sens que cela pouvait faire partie d'une sorte de processus de guérison pour l'aider à accepter au mieux cet évènement, même des années après. Et d'un autre côté, il sentait justement cette fameuse proximité qui le rapprochait de la jeune femme et qu'elle seule, à cet instant, serait en mesure de comprendre. C'est donc tout sourire, soulagé par cet état des lieux mental, qu'il lui répondit de manière franche et on ne peut plus transparente. *

- Pour tout vous dire, je dois avouer que cela me fait tout drôle, et c'est même couteux sur le plan psychologique d'en parler, mais cela me fait du bien. Et puis, même si nous ne nous sommes rencontrés qu'hier, j'ai comme la sensation que cet élément précis nous rapproche et que vous êtes la seule personne qui puisse comprendre ce que j'avance. C'est donc étrangement libérateur, voire salvateur.

* Constatant qu'elle leur resservait tous les deux un Whisky, il prit son verre lorsqu'elle le lui posa sur la table et en but une nouvelle gorgée. Dégustant une fois de plus, sans un bruit, le délicieux spiritueux, son esprit vagabonda quelques secondes ça et là, écoutant vaguement les quelques bruits de fonds produits par les elfes de maison. Décidément, il avait bien besoin de cette boisson pour tenir le reste de la soirée ! L'émotion était palpable et c'est d'ailleurs en ayant des pensées sur sa propre expérience qu'il entendit la St.James répondre enfin à sa question et dévoilant ainsi son histoire.

Si son récit lui avait demandé de l'énergie, son empathie en prit un sacré coup en découvrant les sévices qu'avait dû endurer la Serpentard, la menant au moment fatal où la chose s’était déclenchée pour elle. Le cadre était bien différent, mais il était également question de mort, et surtout de volonté de survie. Ils étaient tous les deux des survivants, là où d'autres sorciers seraient probablement tombés, et ils devaient désormais composer avec ce qui apparaissait comme un cadeau. Mais ce cadeau était également accompagné d'une myriade d'éléments inconnus qu'ils devaient domestiquer autant que possible.

Il n'arrivait pas vraiment à trouver les bons mots tellement l'expérience de la St.James l'avait bouleversé. Il se contenta donc de quelques mots, peut-être vides de sens , mais il n'avait pas mieux sur l'instant. *

- Je ... Wow. Je n'arrive pas à imaginer le calvaire que vous avez dû subir, Hellia, mais force est de constater que vous avez réussi à poursuivre votre voie malgré tout. Et je pense que c'est la seule chose qui compte dans ce genre de circonstances.

* Lorsqu'elle lui demanda s'il avait déjà rencontré d'autres personnes comme eux deux, il ne put s'empêcher de répondre en glissant un léger trait d'humour, comme pour détendre l'atmosphère de la conversation. *

- Oui, vous êtes la première personne sur la liste ! Toutes mes félicitations. Le cercle des pratiquants de magie ancienne doit être bien privé je suppose, mais nous sommes les heureux élus.

* A l'écoute d'un son de clochette, et sur l'invitation d'Hellia, ils se dirigèrent tous deux vers la salle à manger où une grande table avec une quantité impressionnante de victuailles les attendait. Le repas préparé semblait être à l'image du manoir, luxueux, subtil et grandiose.

L'astronone s'installa donc à l'endroit qu'on lui indiquait et commença à se servir, attendant simplement que son hôte soit dans la même position, simple question de politesse. Il ne sortit aucun mot pendant une ou deux minutes, profitant des mets. Il finit tout de même par poser la question qu'il avait à l'esprit depuis sa venue, et qui constituait finalement la suite logique de leur échange. Après avoir évoqué le commencement, il était curieux d'en savoir davantage sur la suite des évènements. *

- Je comprends donc que nous sommes tous les deux à un stade de pratique que je qualifierai d'intermédiaire ou d'avancé. Et au point où nous en sommes, je serai donc curieux de savoir ce que vous attendez de moi, Hellia.

* Il était dans une position d'attente qui se voulait constructive et presque amicale. Ils avaient tous les deux à y gagner, peut-être à collaborer ensemble, qui sait ? Mais Toma n'avait aucune idée de la suite et de ce qu'elle avait potentiellement envisagé, tout comme des personnes avec qui elle pouvait être en contact sur ce sujet. *

* Voulant honorer les plats qui leur avait été préparés par les elfes du manoir, Toma dégustait avec appétit les mets placés ça et là autour de lui. Il n'y avait pas à dire, la cuisine chez les St.James était divine !

Son entrain fut cependant d'assez courte durée. La question qu'il avait posé à Hellia quelques secondes plus tôt était supposée ouvrir la conversation vers des éléments qu'ils pourraient partager tous les deux. Peut-être avait-elle imaginé des éléments de discussion à approfondir avec lui sur leur don commun, dans le cas où leur entrée en matière s'avérait fructueuse, ce qui lui avait semblé être le cas. Peut-être avait-elle d'autres sources à lui partager que celles dont il avait déjà connaissance. Il n'en savait rien, d’où sa question. Mais la St.James n'avait visiblement pas compris son interrogation dans ce sens et lui répondit de manière assez froide, comparé au comportement relativement ouvert dont elle avait fait preuve jusqu'à présent. Il s'arrêta alors net et s'immobilisa quelques secondes, ayant peur d'avoir commis un impair. D'un autre côté, il ne devait s'agir que d'une erreur de compréhension et Toma se repris donc, d'un ton qui se voulait relativement diplomate et amical. *

- Oh, pardon. Excusez-moi, j'ai dû mal m'exprimer. Je me demande ce que vous envisagez par la suite, pour nous deux. Après tout, vous m'avez invité ici dans le but d'en savoir plus sur moi, et si j'en juge à la qualité de notre échange, je dirai que nous sommes en bonne position pour poursuivre et aller de l'avant. Puisque j'imagine que nous n'allons pas nous arrêter en si bon chemin, maintenant que nous avons connaissance de nos capacités mutuelles.

* Toma observa alors la maîtresse des lieux quitter momentanément la table pour se diriger vers l'entrée du manoir et s'occuper de préparatifs qui annonçaient certainement une suite somme toute intéressante. Décidément, la St.James n'avait pas fini de le surprendre. Lorsqu'elle lui demanda s'il était pris ou s'il était disposé à la suivre après leur repas, l'astronome répondit sans une once d'hésitation. *

- Je crois que nous avons déjà dépassé ce stade de question, Hellia. Je suis évidemment partant.

* Il avait répondu, encore une fois, avec un certain dynamisme. Mais il sentait quelque chose d'étrange. Comme si la façade qu'elle affichait cachait quelque chose de plus subtil, peut-être de plus sombre. Il ne s'agissait pas de mauvaises intentions, loin de là, c'était autre chose. Peut-être que l'aventure qu'elle évoquait s'avérerait bien différente de ce qu'il pouvait envisager. Dans tous les cas, il ne tarderait pas à le savoir.

Lorsque la fin du repas arriva et que Aerin leur apporta leurs capes, le professeur se souvint soudainement que celle qui lui était prêtée appartenait à un homme du manoir. Mais Hellia n'avait mentionné que des membres de sa propre lignée en parlant des occupants successifs de cette bâtisse. D'un autre côté, la manière avec laquelle elle avait désigné le réel propriétaire de la cape laissait présager toute autre chose. Même si ce n'était absolument pas ses affaires, et comme la cape lui allait très bien, il fallait le faire, il ne put s'empêcher de glisser une légère remarque. *

- Et bien je crois que cette cape était faite pour m'aller, vous avez l’œil ! Elle est à votre ... père ?

* La Serpentard n'avait à aucun moment mentionné un potentiel mari, et Toma ne voulait engendrer aucun moment de gêne, si le sujet posait problème. L'astronone décida alors de virer rapidement sur autre chose, puisqu'après tout, il était temps pour eux d'aller vers cet inconnu que la jeune femme leur réservait. Il conclut donc par un léger sourire, en ouvrant lui-même la porte du manoir qui menait vers l’extérieur du domaine. *

- Peu importe, ce ne sont pas mes affaires. En tout cas je vous en prie, après vous.

* Une chose était sûre, Hellia ne lui avait pas menti sur l'aventure qui allait suivre. A peine avaient-ils quitté le manoir des St.James qu'ils se retrouvaient maintenant en pleine nature, en haut d'une colline, avec un paysage relativement sombre qui les entourait. Toma n'arrivait pas bien à se localiser. Etaient-ils toujours en Ecosse ou avait-ils changé de pays ? Voire de continent ? Il n'avait pour l'instant pas de réponses à ses questions et se contenta de suivre la serpentard qui avait visiblement une très bonne idée de leur point d'arrivée.

Quelques centaines de mètres plus bas, au pied de la colline, se trouvaient des maisons, distinguables par les lumières qui émanaient de leur intérieur. Le professeur regardait Hellia attendre patiemment quelque chose, observant justement ce groupement de maison. De longues minutes passèrent avant qu'elle ne lui fasse signe d’accélérer le mouvement en lui montrant deux personnes s'approcher d'une des maisons. Leur progression se voulait toujours plus silencieuse, comme si la St.James tenait à dissimuler leur présence aux yeux des locaux, mais également des deux personnes qui s'approchaient de la petite demeure.

Quand ils furent tous deux suffisamment proches de leur destination pour entendre une conversation entre les deux hommes qui venaient d'entrer dans la bâtisse et l'apparent hôte des lieux, Toma resta figé à écouter leurs paroles et tenta de comprendre la raison de leur présence ici. Il était apparemment question d'un enfant et d'un groupe de personnes dont les deux hommes étaient des représentants. Ces derniers semblaient vouloir prendre le fils du local possédant un don particulier dont Toma avait déjà entendu parler.

Soudain, de l'agitation commença à s'entendre et quelques bruits de mobilier tombant sur le sol, témoins de la violence de la scène, suivirent de près. La vision possible depuis leur poste d'observation montrait désormais une scène d’agression, le père de famille étant tenu en otage par un des deux sorciers. Lorsqu'une voix d'enfant vint s'ajouter à ce portrait qui virait au cauchemar, les bruits s'intensifièrent et l'ancien poufsouffle finit par être témoin de la détresse directe de l'enfant. Sentant la tension et le stress monter graduellement en lui, Toma était de plus en plus inquiet même s'il tentait de garder son sang froid. Il sentait son cou et sa gorge se serrer, ses bras se tendre et il se sentait assez démuni, ne pensant pas pour pouvoir agir dans l'instant.

C'est à ce moment précis que la fourchelangue se tourna vers Toma pour lui glisser une courte indication, très succincte, mais efficace. Il devait faire diversion avant qu'elle n'agisse. Facile à dire dans un contexte où tout s'enchaînait trop rapidement pour lui sans qu'il ne puisse rien comprendre de la situation, si ce n'est qu'un enfant et son père étaient en danger dans l'instant immédiat. Et qui étaient ces deux hommes ? Et surtout, plus important encore, comment Hellia avait-elle connaissance de leur venue dans cet endroit, à cet instant ? Les connaissait-elle ?

Il y avait clairement trop de questions, pas assez réponses et le professeur se devait d'agir rapidement et de manière rationnelle. L'expression sur son visage était un mix parfait entre l'incompréhension, le stress et sa concentration qu'il arrivait tout de même à garder grâce à l'adrénaline qu'il ressentait. Il hocha rapidement la tête en direction de hellia pour lui indiquer qu'il comprenait ses consignes et il mit quelques secondes avant d'avoir une idée.

L'espace était plongé dans le noir. Ou à défaut d'être dans l'obscurité la plus totale, l'environnement extérieur n'était clairement pas lumineux. Tous les occupants de la pièce dans la maison seraient donc forcément attirés par un objet lumineux qui détournerait leur attention. Qui plus est, sous l'effet de la surprise, multiplier les éléments parasites auxquels ils ne s'attendaient pas les déstabiliseraient forcément un minimum et cela permettrait à Hellia d'avoir le lapse de temps voulu.

L'astronome s'écarta rapidement et aussi silencieusement que possible de leur point d'observation et tendit sa baguette à l'écart de la fenêtre, en dehors du champs de vision des occupants de la maison. *

- Expecto Patronum.

* Il avait formulé le sort de manière distincte, mais suffisamment bas pour ne pas se faire repérer. Une silhouette bleutée et fantomatique de chat apparue alors sur le sol. L'astronome dirigea ensuite sa baguette en direction de la fenêtre et son patronus suivit le mouvement avant de sauter dans l'encadrement de la fenêtre et d'atterrir à l'intérieur de la maison. A ce moment, l'ensemble des personnes dans la maison devait comprendre qu'ils n'étaient pas les seuls.

La première étape de diversion visuelle étant pour le moment en cours, Toma se dirigea rapidement vers la porte principale qui venait d'être empruntée par les deux hommes avant lui et se posta devant. Maintenant son sortilège de patronus de sa main droite avec une certaine concentration, il toqua trois coups distincts à la porte de sa main gauche, comme pour annoncer sa présence. La deuxième étape de diversion, auditive cette fois-ci, était en marche. L'avantage d'une telle technique était qu'il ne s'était affiché physiquement à aucun moment et qu'il venait perturber de deux manières le déroulé des évènements dans la maison. C'était quelques secondes gagnées avant la suite. Il donnait désormais la main à Hellia pour agir. *