Anna s'apprêtait à sortir de la grande salle lorsqu'une voix l'interpella derrière elle. Alors qu'elle se retournait vivement dans la direction opposée afin de voir qui s'adressait à elle, elle tomba nez à nez avec Ellie Tonks. Fronçant les sourcils, l'air étonné, Anna se demanda ce que la blairelle pouvait bien avoir à lui dire. Cela faisait quelques temps que les deux filles ne s'étaient pas parlé, même si il leur était arrivé de se croiser à plusieurs reprises, la conversation n'avait pas été engagée depuis leur mésaventure dans la cabane hurlante.

La mauvaise humeur et la fatigue d'Anna n'étaient apparemment pas passée inaperçue aux yeux de la Tonks, mais ce n'était sans doute pas ça qu'elle était venue lui dire. Anna l'écouta attentivement alors qu'Ellie chuchotait, comme pour ne pas être entendue. Allait-elle lui faire une confidence ? Là, maintenant, dans la grande salle ? Cela ne faisait pas sens.

Et pourtant, les mots que prononça la Tonks la laissèrent quelques instants stupéfaite. Une tâche rouge sur son pantalon ? De la sauce tomate peut-être ? pensa Anna, amusée par cette idée. Comment avait-elle pu fait pour se tâcher à un tel endroit ?

« Oh mais c'est pas vrai, quelle maladroite je fais ! Je savais bien que j'allais me tâcher, avec cette sauce tomate ! Tu as raison, il faut que j'aille au toi- »

Anna s'interrompit. Alors qu'elle parlait, une autre hypothèse s'était formée dans sa tête.

« Attends... attends... Tu penses que ça... ça pourrait être...? »

Elle n'osa pas finir. Les yeux immenses, écarquillés par la peur et l'incompréhension, alors que son cœur tambourinait dans sa poitrine, Anna tentait de réaliser ce qui lui arrivait.

« J'ai mes règles », se dit-elle une première fois pour elle-même, bougeant les lèvres sans parvenir à produire le moindre son. Les règles, Anna savait de quoi il s'agissait pour avoir pu en parler avec sa mère et pour avoir entendu les témoignages de certaines de ses amies, mais jamais elle n'avait pensé que cela aurait pu se produire aujourd'hui. Elle n'était pas prête à tout cela. Pas prête à devenir "une femme" si vite. Pas prête à tous ces changements si soudains et si inattendus. Elle tourna vers Ellie son visage, alors que ses yeux reflétaient la panique.

« J'ai compris. On va aux toilettes. »

Sans se faire prier, Anna se dirigea en direction des toilettes, Ellie sur ses talons. Il n'y avait plus une minute à perdre.

Les deux amies arrivées aux toilettes, Anna se saisit de la serviette que lui tendait Ellie.

« Oui..., répondit-elle. Merci... Et non, pas mal. »

Du moins, pas encore, songea Anna. La jeune fille savait très bien qu'un grand nombre de femme souffraient des douleurs de leurs règles. Elle ne préféra pas y penser et franchit la porte de la première cabine, la refermant immédiatement sur elle.

Anna contempla le fond de sa culotte d'un air à la fois pensif et très étonné, bien qu'il n'y eu pas vraiment eu de surprise. Du sang, du sang et encore du sang à perte de vue. Trop de sang pour Anna qui était au bord des larmes. Tout cela était trop pour elle, elle ne maîtrisait plus rien. Tentant de se ressaisir, elle s'accorda quelques secondes pour respirer afin de ne pas paniquer, même si c'était déjà le cas.

La présence de Ellie derrière la porte la rassurait quelques peu : elle n'était pas seule. Chaque femme avant elle avait vécu la même chose, et il y avait là quelque chose de rassurant. Elle se sentait comme protégée par la force et le courage dont chaque femme avaient fait preuve. Si elles avaient surmonté tout cela, Anna aussi pouvait le faire.

Lorsqu'elle se sentit enfin prête, Anna entreprit de mettre sa première serviette, celle que Ellie, sa sauveuse, lui avait donné. Elle parvint facilement à l'installer, mais constata vite que cela n'avait rien de vraiment confortable, même pire : c'était décidément bien désagréable ! La serviette, à son grand regret, n'avait pas non plus le pouvoir de masquer l'affreuse tache qui avait recouvert son pantalon. C'est pourquoi Anna enleva son pull avant de l'attacher autour de sa taille, camouflant ainsi le rouge du sang.

Elle ressortit de la cabine, l'air dépité, et adressa un minuscule sourire qui laissait paraître la gêne à Ellie.

« Merci. Je ne sais pas ce que j'aurais fait sans toi... »

Ellie lui avait sans doute évité une humiliation dont elle se serrait rappelée. Anna était ravie de constater, que, pour une fois que les deux filles s'entendaient bien.

« Il faudra que je me change, la tache ne partira pas toute seule. Ah, et il faut que je trouve d'autres serviettes, celle-là ne va pas tenir longtemps. Tu crois qu'on peut en demander à l'infirmerie ? Comment tu fais toi ? Et j'ai cours d'ici quelques minutes ! Zut, à tous les coups je vais être en retard ! C'était vraiment le pire moment pour avoir ses règles. Quoique, y a-t-il vraiment un bon moment ? Tu les as eues comment, toi ? Et quand ? Ça s'est bien passé ? Tu crois que beaucoup de gens on vu cette tache ? Je suis sûre que ça va me poursuivre toute ma scolarité, et même jusqu'à la fin de ma vie ! Nan, mais franchement, c'est trop nul d'avoir ses règles ! »

Était-ce le stress qui la faisait parler autant ? Anna avait dit ces mots si vite qu'elle n'était même pas sûre que son amie ait comprit quelque chose. Son cerveau partait dans toutes les directions, réfléchissant à des milliers de choses à la fois. « Ça va aller », se répétait-elle alors qu'elle pensait le contraire.

Anna était agréablement surprise de la bienveillance et du calme dont Ellie faisait part à son égard. Cette dernière répondait à toutes ses questions d'un ton posé, rassurant ainsi la jeune aiglonne au bord des larmes. Anna l'écoutait attentivement, chaque mots l'apaisant un peu plus, elle commençait à reprendre peu à peu le contrôle d'elle-même.

Et tout ce que disait Ellie s'avérait terriblement vrai. Avoir ses règles était naturel, il n'y avait aucune honte à les avoir ! Anna se fit la promesse à elle-même que si quiconque osait se moquer d'elle par rapport à cela, il ou elle allait sans doute le regretter.

« M-merci Ellie, balbutia la jeune fille. »

Peut-être aurait-elle dû ajouter autre chose ? Cependant, Anna avait beau parvenir à trouver les mots justes pour s'exprimer, il avait toujours été plus facile de les dire à l'écrit ou même par la pensée qu'à l'oral. Il lui arrivait parfois de se demander si certaines personnes se demandaient ce qu'il pouvait donc bien se passer dans sa tête... Mais après tout, le cerveau de chacun regorgeait de secrets et de mystères tous si complexes à comprendre que rester dans sa tête était préférable à aller s'intéresser à celle des autres.

Mince, songea Anna alors qu'elle réalisait qu'elle s'était à nouveau perdue dans ses propres pensées. L'aiglonne hocha alors la tête et esquissa un minuscule sourire un peu gêné avant de se diriger vers la porte des toilettes.

●○●

Après avoir traversé des couloirs, monté des escaliers, pris quelques raccourcis dans le but de rendre la montée jusqu'à la salle commune de Serdaigle plus rapide, les deux amies arrivèrent enfin devant celle-ci. Après avoir rapidement répondu à l'énigme du heurtoir en forme d'aigle, Anna passa la porte avant que cette dernière ne se referme, séparant ainsi Ellie du royaume des Bleus et Bronzes.

Anna monta rapidement les quelques marches qui lui permirent d'accéder à son dortoir. Aucune Serdaigle ne s'y trouvait, et la jeune fille en profita pour se changer, enlevant son pantalon bleu taché pour en enfiler un noir. Elle fit ensuite quelques pas jusqu'à la salle de bain, et, face au miroir, contempla sa quelques instants sa silhouette.

Les yeux cernés, le teint pâle, des mèches de cheveux en désordre, Anna reconnut qu'elle n'était pas sous son plus beau jour. Cependant, elle ressentait comme une fierté en elle, une étrange impression de maturité qui la fit sourire à son reflet. En à peine une demi-heure, elle avait l'impression d'avoir grandit. Amusée, elle remit en place quelques mèches de ses cheveux derrière ses oreilles, et alors qu'elle s'apprêtait à partir, une petite boite entrouverte attira son attention.

« Mais oui ! »

N'étant pas jusqu'à maintenant concernée par le sujet des règles, elle en avait oublié qu'une petite boite contenant des serviettes avait été installée dans le cas où une fille en avait besoin en urgence. Anna s'en approcha alors et récupéra deux serviettes qu'elle déposa dans une pochette de son sac. Cela ferait l'affaire pour la fin de la journée. Ravie et satisfaite, la jeune fille repassa la porte de la salle de bain, du dortoir, puis enfin de la salle commune.

A sa sortie de la salle commune de Serdaigle, Anna vit qu'Ellie l'avait - fort heureusement - attendue sur le pas de la porte. Les deux filles partirent alors en route vers le cours de sortilège qui attendait Anna. Alors qu'elles empruntaient les escaliers, ces derniers se mirent à bouger, comme souvent lorsqu'il arrivait à des personnes de les emprunter.

A côté d'elle, Ellie commençait à rouspéter. Il y avait de quoi, ces escaliers se manifestaient toujours au mauvais moment ! Anna se retint de pousser un juron de mécontentement, mais soupira quand même, de ce même soupir d'exaspération qu'elle avait dès qu'elle croisait Peeves.

Lorsque les escaliers eurent fini leur petit cirque (qui dura quelques interminables minutes), Anna et Ellie en profitèrent pour s'en extirper, atterrissant ainsi dans le premier couloir qu'elles virent. Mais curieusement, celui-ci ne rappela rien à l'aiglonne, bien qu'elle eut cru pendant un instant l'avoir déjà parcouru. Au bout de quelques mètres, elle en fut sûre : ces couloirs ne lui disaient rien.

« Heuuu... Il suffit de faire demi-tour je pense... »

Pivotant sur elle-même, Anna avança doucement dans les couloirs déserts. Mais, plus elle marchait, plus ces derniers semblaient nombreux. Elle se tourna vers Ellie.

« Attends, c'est pas normal... On a du rater un passage ou une sortie, je sais pas... »

Mais alors qu'elle commençait à paniquer, elle remarqua qu'elle ressentait depuis quelques temps comme un picotement dans le bas du ventre, une petite douleur à laquelle elle n'avait pas porté d'attention mais qui semblait s'amplifier, jusqu'à devenir de plus en plus désagréable. Elle eut un mince rictus de douleur, mais, songeant qu'elles n'avaient pas le temps de s'occuper de cela, reconcentra son attention sur la Tonks.

« Si, si, ça va... »

Murmura Anna à la question posée par Ellie. « Menteuse », songea-t-elle. Non, ça n'allait pas. Rien n'allait depuis le début de cette journée et ce n'était pas près de s'arranger. De plus, plus les secondes défilaient et plus les maux de ventre s'intensifiaient, et Anna ne doutait pas que la Tonks avait remarqué qu'elle se mordait les lèvres pour tenter de masquer les grimaces qu'elle ne pouvait s'empêcher de faire.

La jeune fille posa une main sur son ventre, comme si cela pouvait atténuer la douleur, mais cela n'en fit évidemment rien. Sa tête lui tournait, et elle se laissa alors tomber par terre, dos à un mur, et respira lentement, comme pour reprendre ses esprits. Elle avait terriblement chaud...

De sa place, la jeune fille observait sans vraiment y porter attention ce que faisait Ellie. Cette dernière semblait avoir trouvé une porte, qu'elle décrivait comme froide. Quoi ? Anna porta à nouveau une main à son crâne avant de s'approcher.

« Que... Oui, c'est glacé ! »

De désagréables courant d'air semblaient venir de cette pièce. Anna frissonna.

« Oui tu as raison, il n'est pas prudent de rester... Après, on peut juste regarder puis repartir aussitôt, ça ne risque pas d'être dangereux si on fait ça mais... »

C'en était de trop et Anna ne pu s'empêcher de pousser un gémissement. Ses crampes de ventre ne lui avaient jamais fait aussi mal. A nouveau, elle se laissa tomber au sol, ses jambes incapables de tenir plus longtemps.

La douleur était insupportable. Anna s'était laissée tomber au sol, mais comment faire autrement ? C'était donc ça, la vie de femme ? Devoir souffrir cinq jours par mois durant de longues et nombreuses années ? Si c'était ainsi, alors Anna ne pourrait pas. Elle ne pourrait pas lutter contre ces douleurs et elle ne pourrait pas non plus affronter cela pendant si longtemps. Si quelque chose pouvait lui permettre d'échapper à tout cela, la jeune fille se promit de le trouver.

Les larmes dégringolaient en cascade sur les joues de la Serdaigle. Décidément, ce n'était pas la première fois qu'elle se permettait de craquer ainsi devant Ellie, mais cette fois, elle n'avait pas pu faire autrement. Et puis, elle supposait que cette dernière la comprendrait. Après tout, elle aussi était une fille.

Mais Anna n'avait pas la force de penser à Ellie, ni même à qui que ce soit d'autre. Elle ne l'entendit même pas lui parler, alors que cette dernière allait chercher quelque chose qui - elle espérait - marcherai pour calmer la douleur quelques instants. Anna entrouvrit alors les paupières après quelques minutes qui lui avaient parues passer comme une éternité.

Par la porte entrouverte, Anna distingua la blairelle. Immobile, celle-ci se trouvait debout, et l'air dépité qu'affichait son visage laissait comprendre qu'elle s'était laissée emporter par de mauvaises pensées. Ce qui s'échappa de sa bouche confirma cette dernière hypothèse. Se relevant avec difficulté, luttant toujours contre ses crampes de ventre, la Burton passa à son tour la porte.

C'était comme si elle pénétrait dans un univers gelé. Anna fut parcourue d'un frisson, alors qu'elle sentait son cœur se serrer dans sa poitrine. La tristesse l'inonda alors. Les larmes coulèrent de plus en plus nombreuses sur ses joues, alors qu'un tourbillon de pensée négatives l'embarquait à son tour, mêlant ses règles, sa solitude, ainsi que les souvenirs douloureux de ses frayeurs à Pré-Au-Lard. Plus rien que la douleur. S'ajoutait à cela des maux de ventre qui redoublaient d'intensité.

« A l'aide. Que tout cela finisse, je n'en peux plus. » Articulait mentalement la jeune fille, submergée par la tristesse et le désespoir.

Que se passait-il ? Anna semblait comprendre que quelque chose clochait depuis qu'elle avait passé cette porte, mais son cerveau était comme paralysé et refusait de vouloir chercher à mettre au clair tout cela. Broyer du noir était comme devenue la seule solution envisageable pour aller mieux, bien que l'aiglonne sut très bien qu'il n'en était pas le cas. Avec une grande difficulté mêlée à la douleur, Anna tenta d'extraire de son esprit ces mauvais souvenirs, mais ces derniers semblaient ne pas vouloir s'en aller. C'était comme si la guerre éclatait dans sa tête. Les deux mains cramponnée à celle-ci, Anna tentait de rassembler ses idées tout en essayant de faire partir d'autres pensées noires. Dans une position pareille, la jeune fille songea que la situation aurait pu paraître comique à quiconque ne se trouvait pas à l'intérieur de la pièce.

Quand soudain, des silhouettes encapuchonnées firent irruption du fond de la pièce sombre. Environ une dizaine et vêtues de noire, elles avançaient lentement, frôlant à peine le sol, produisant un long râle au fur et à mesure de leur avancée. Anna sentit son sang se glacer à son tour. Tout s'éclaira soudain dans la tête de la jeune fille. Ce n'était pas des humains, mais bien des détraqueurs ! La Serdaigle se souvenait de certains ouvrages qu'elles avait lu qui parlaient de ces horribles gardiens de la prison d'Azkaban. Si elle avait un jour imaginé qu'elle pourrait s'y retrouver confrontée... Alors qu'elle peinait à rassembler ses quelques connaissances sur ces créatures terrifiantes, ces dernières se rapprochèrent davantage des deux adolescentes, et, bien que tous ses sens lui criaient de s'enfuir avec Ellie, Anna n'y parvenait pas, venant à nouveau d'être submergée par une vague de négativité. Elle eut à peine le temps de voir que l'un deux se jetait sur son amie.

Le cris de la jeune Serdaigle résonna dans la pièce. Ellie ! Anna ferma les yeux, refusant de voir ce que les détraqueurs allaient bien pouvoir faire à son amie. Quelle lâcheté de ne pas agir, aurait elle pensé si elle n'était pas bloquée par la peur et la douleur, incapable de faire le moindre mouvement.

Si Anna, elle, ne parvenait pas à bouger, elle avait eu de la chance que la blairelle y arrive. Au contact de la main d'Ellie sur son bras, la jeune fille redouta l'attaque des détraqueurs, mais elle se rassura en apercevant la chevelure blonde de la Tonks. Sans hésiter plus longtemps, Anna partit à son tour en courant en direction de la sortie, puis passa la porte avant de la claquer fermement derrière elle.

Le silence qui régnait dans le couloir était perturbé par le bruit de leurs respirations. Encore essoufflées, les deux filles reprenaient leurs esprits. Le poids de la tristesse qui s'était installé en elles semblait s'en aller peu à peu. Les crampes d'Anna lui accordaient un instant de répit, elle espérait que cela durerait encore quelques temps. Elle n'avait pas la moindre envie de subir à nouveau ces douleurs.

Assise dos à la porte, Anna semblait seulement réaliser ce qui leur était arrivé. Elles étaient entrées dans une salle sombre dans laquelle logeaient des détraqueurs. Que faisaient-ils ici, au sein même de Poudlard ? Et qui avait donc eu la stupide idée de passer cette fichue porte ?!

« Tu te rends compte de ce que t'as fait ?! cria Anna à son amie. On a failli crever à cause de toi ! Qui sait ce qu'auraient pu faire ces... détra-... ces détraqueurs. Elle marqua un temps, déglutit. Pourquoi t'as voulu regarder ce qu'il y avait à l'intérieur hein, pourquoi ?! Et après c'est moi qu'on accuse d'être trop curieuse, non mais je rêve ! »

C'était tellement injuste de s'en prendre à Ellie de la sorte, elle qui avait simplement voulu aider Anna à soigner son ventre, mais ça, Anna semblait l'avoir oublié. Elle n'était plus que colère. Colère qu'elle avait choisi de déverser contre la seule personne présente dans ce couloir. Son corps tremblait, des larmes perlaient aux coins de ses yeux et son visage affichait toujours cet air terrorisé qui ne l'avait pas quitté depuis sa sortie de la pièce. Anna n'arrivait plus à comprendre quoi que ce soit, mais elle savait une chose : elle n'allait pas bien.

A quoi pensait Anna en se fâchant ainsi contre Ellie ? Imaginait-elle que cette dernière allait accepter de se faire ainsi crier dessus sans raison ? Mais l'effet de la colère était trop fort pour qu'Anna puisse se calmer et prendre du recul sur la situation. Bien qu'elle ai su au fond d'elle qu'elle avait tort, elle était comme incapable de reconnaître.

« C'est la faute d'Ellie, tout était à cause d'elle. » disait une voix dans sa tête, bataillant avec l'autre voix qui disait : « Excuse-toi, Anna. » Incapable de comprendre laquelle avait raison, Anna était tout simplement tiraillée et perdue, et ne put rien ajouter. Elle regarda la Tonks s'en aller à travers le couloir, avec une seule envie : fondre en larme dans les bras de quelqu'un. Seulement, il n'y avait personne. Anna avait réussi à faire fuir la seule personne qui aurait pu la prendre dans ses bras et la réconforter.


Anna n'était pas retournée en cours, comme cela été prévu. L'infirmière avait eu la gentillesse, après lui avoir fourni un stock suffisant de serviettes, de lui faire un mot d'absence afin d'aller se reposer. Elle avait bien vu à la mine qu'affichait Anna qu'elle n'était nullement en état de se rendre en cours.

Ainsi, la jeune fille était rentrée dans sa salle commune et était allée se réfugier dans son lit où elle s'était plongée dans un roman. Échapper à la réalité grâce aux livres était sans doute la meilleure des solutions. Les personnages fictifs de son roman, eux, semblaient se porter pour le mieux. Il n'était, de plus, mentionné nul part dans le livre que l'héroïne avait ses règles. Tant mieux pour elle, songea Anna, qui, elle, était déjà à bout après une demi-journée.


Le lendemain, Anna rassembla le peu de force et d'énergie qu'elle avait pour aller en cours, bien qu'elle n'en eu aucune envie. Tout lui demandait un effort considérable. Elle manquait cruellement de sommeil : la nuit n'avait pas été facile. En effet, avait été réveillée par ses crampes et n'avait été capable de se rendormir que quelques heures après.

Lorsqu'elle descendit prendre son petit déjeuner, elle aperçut Ellie à la table de Poufsouffle. Sans hésiter, elle se dirigea vers elle, bien décidée à lui présenter ses excuses pour ce qui s'était passé la veille.

« Ellie ? Coucou. Je voulais te dire que j'étais désolée pour hier. Sous le coup de la colère, j'ai rien maitrisé et... voilà. On peut tourner la page s'il te plait ? Ah et... merci pour ton aide. J'ai pas réalisé sur le moment mais... voilà. »

Les joues rouges de honte, Anna baissa le regard, craignant la réaction de la blairelle. Elle ajouta après quelques secondes :

« Tu sais, j'ai encore eu mal au ventre cette nuit. Je pense qu'il faut faire quelque chose. Je suppose qu'on est pas mal à souffrir de ces crampes, à Poudlard, et on peut pas laisser les élèves mal en point comme ça. Il doit bien exister une potion, ou même un sortilège pour calmer ce genre de douleur, tu ne crois pas ? »

Anna se mordit les lèvres, gênée, tandis qu'Ellie lui criait dessus toutes les choses que la jeune fille redoutait d'entendre en venant s'adresser à la Tonks. Malgré le fait qu'elle avait toutes ses raisons de lui en vouloir, ses excuses restaient pourtant sincères. Baissant les yeux, la Burton ne sut quoi ajouter. Elle venait de se faire humilier en public, et ce de bon matin. Comme elle aurait voulu, en cet instant, pouvoir retourner se coucher dans son dortoir et ne pas avoir à affronter la suite de la journée.

Ses yeux étaient toujours fixés sur ses chaussures lorsque la voix d'Ellie résonna à nouveau dans ses oreilles. Ravie de comprendre que la blairelle avait changé d'avis, Anna n'hésita pas longtemps avant de s'asseoir à côté d'elle à la table de Poufsouffle.

« Merci beaucoup, Ellie ! Je te promets de faire un effort, mais tu es la seule qui peut m'aider avec ça. »

A peine assise, Anna se servit un vers de jus de citrouille avant de prendre un toast, ignorant les regards intrigués des blaireaux qui ne comprenaient pas qu'une Serdaigle puisse être si à l'aise à une table qui n'était pas la sienne.

« Potion, ça me va. Je suis pas super douée non plus, mais je pense qu'on peut trouver certaines infos à la bibliothèque. J'irai voir ça à midi. On peut se retrouver ensuite vers dix-sept heures dans la salle de classe abandonnée du troisième étage, tu vois celle dont je parle ? On pourra continuer à réfléchir à la potion puis... on verra. »

Son plan ne faisait pas vraiment sens, ou du moins, pour le moment. Anna n'avait aucune idée de ce qu'elles allaient pouvoir faire, mais elle savait une chose : elle ne voulait plus jamais avoir à ressentir ces crampes de ventre qui étaient pour la première fois survenues la veille.